Béziers : Nadine Morano, du lamento au solo

La présidente du Rassemblement pour le peuple de France a tenu un meeting à Béziers, étrillant au passage Sarkozy et excluant tout rapprochement avec Ménard.

De notre envoyé spécial à Béziers,

Nadine Morano fait désormais campagne pour son propre compte. 
Nadine Morano fait désormais campagne pour son propre compte.  © MaxPPP

Temps de lecture : 4 min

Elle arrive, toute de noir vêtue, sobre comme une Romaine qui porterait le deuil. Deuil bien médiatique d'une complicité passée avec Nicolas Sarkozy dont une nuée de caméras et de micros sont venus se faire l'écho, ici à Béziers où quelques centaines de militants l'attendent au cœur de l'automne dans une modeste salle de réunion. Béziers, ville de l'affront d'où Nicolas Sarkozy l'avait traitée en paria il y a à peine quelques semaines, sans même prononcer son nom. « Tant que je serai président (des Républicains, NDLR), personne ne portera le drapeau de notre famille en prétendant que la France est une race. »

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« Je suis venue pour lui répondre, car les propos qu'il me prête ne sont pas les miens », explique-t-elle d'abord sagement aux journalistes. Petit tour de chauffe avant de faire face à l'habituel déferlement des questions, parfois un peu piégeuses, pour lui en faire dire plus sur la France pays de race blanche. « J'espère que le Petit Journal n'est pas là », s'inquiète-t-elle. Une sorte de mini-conférence de presse s'improvise alors devant la salle de réunion. Et Nadine redevient vite Morano, voix qui tonne et registre gouailleur : « On ne peut pas défiler le 11 janvier pour la liberté d'expression et ne pas la garantir dans son propre camp » ou encore « C'est quoi, ce parti où on va bientôt nous distribuer un lexique des mots interdits ?». Le ton est donné. L'eurodéputée LR n'entend pas jouer les veuves anéanties par une amitié disparue. « Sarko, Juppé et Fillon, c'est le grand renoncement. Ils voulaient se débarrasser de moi ? Rien ne m'arrêtera ! »

« Écouter enfin un vrai discours de droite »

Le temps de reprendre son souffle et voilà Nadine Morano propulsée dans la salle surchauffée où l'attendent environ 300 personnes. Une immense majorité de séniors, surtout des hommes, venus pour « la voir » et « écouter enfin un vrai discours de droite », comme l'expliquent quelques militants sétois qui ont fait le déplacement. Beaucoup ne veulent rien dire sur Sarkozy, mais regrettent l'éviction de Morano de la liste LR des régionales, d'autres trouvent Juppé et Fillon trop « tièdes ». Presque tous aimeraient une ligne plus claire, « rassemblés derrière un seul chef », et quasiment tous sont contre la primaire. Avant d'entendre l'ancienne ministre parler de politique intérieure, ils devront cependant encore patienter. Le temps d'un film ramené de Jordanie et du Liban où Nadine Morano se met en scène, expliquant qu'il vaudrait mieux aider ces pays à accueillir les réfugiés syriens plutôt que de les faire venir en Europe. Ambiance moyennement attentive et applaudissements clairsemés à la fin de la projection. La salle est encore loin d'être conquise. Elle le sera un peu plus lorsque Nadine Morano abordera  enfin le thème de l'immigration en France. « Nous sommes face à un choc de civilisation » ou encore «  Nous faisons venir dans notre pays des groupuscules qui travaillent à la soumission de la France ». Ou « dans nos rues, on voit désormais des femmes, enfin des femmes, on ne sait pas ce qu'il y a en dessous des voiles. C'est Belphegor ». Applaudissements nourris. Davantage que lors des critiques vis-à-vis de « Marine Le Pen et ses élucubrations économiques » qui semblent partager le public.

À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Tout comme les attaques à l'encontre de Nicolas Sarkozy. « Il a dit que j'avais franchi une ligne infranchissable… Allez comprendre. Il avait promis le kärcher, mais il était en panne, car à la place on a eu la pelle et la balayette. » Sourires polis… « On a un peu de mal à comprendre pourquoi Sarkozy a laissé tomber Nadine alors qu'elle a toujours été avec lui, mais bon, si on se divise encore, c'est un coup a faire repasser les socialos », confie, un peu dépité, un militant biterrois. Sa voisine est plus remontée : « Nadine Morano a tout donné et elle se fait virer sous la pression de l'UDI. Ça ne serait jamais arrivé du temps du RPR. »

Morano à Ménard : "Qu'il me rejoigne"

Ses voisins, qui concèdent avoir voté Ménard aux municipales, bien que gaullistes, aimeraient désormais un rapprochement entre l'actuel maire de Béziers et le rassemblement que vient de créer Nadine Morano. Ils ne croient plus guère au retour de Sarkozy. Mais elle exclut bien vite une alliance avec Robert Ménard. « Je l'ai remercié de m'avoir soutenue, mais il est bleu marine. Qu'il me rejoigne moi, Nadine la Lorraine, plutôt que Marine ! » Et, même si elle dort à Béziers, elle n'a pas prévu de rencontrer le maire de la ville. Nadine Morano préfère s'attarder ce jeudi 29 octobre auprès des militants présents, multipliant les photos, les selfies et les apartés avec l'un ou l'autre. Elle dit savourer ce petit bain de foule après avoir été « secouée par la vindicte médiatique injuste à son encontre » et par le manque de soutien au sein de sa propre famille politique. Son tour de France ne fait d'ailleurs que commencer. Cette fois, pour son propre compte. Elle espère y rallier de plus en plus de sympathisants gaullistes de cœur, comme elle, à chaque étape. Et faire mentir l'adage selon lequel si un seul être vous manque, fût-il président, tout est dépeuplé.

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Commentaires (22)

  • Brenden

    L'on ne pourra plus dire grand chose, si par exemple je dis que Mme Morano est blonde, alors tout le mode va me tomber d...essus en m'accusant de racisme ? Pauvre France, ou sont passé tes valeurs, ou tout est caricaturé, avec un code de bonne conduite, mais pourquoi critiquer la Corée du nord ? Les gens politiques qui changent d'avis toute les 5 minutes en France, du genre Sarkozy, ne se rendent pas compte du mal qu'ils font à notre pays.

  • Anderssen

    Rien de plus agressif qu'une amoureuse éconduite... Et pourtant, sur le fond, elle n'avait pas tort mais elle n’y avait ...pas mis les formes.

  • Opéra-18-32

    Je ne vois pas très bien quel mal il y a à dire ce qui saute aux yeux, à savoir qu'il y a des êtres humains d'apparences... différentes selon leur origine. Quant à savoir le sens, ou le non sens, scientifique de l'affaire c'est autre chose, qui n'a pas forcément un intérêt immense en toute circonstances.
    Par contre, tenir des propos aussi imprudents et inutilement provocateurs pour qui veut jouer un rôle politique important ne peut qu'être condamné au nom de l'évidente nécessité qu'il y a à rassembler autant que faire se peut le pays. Et non pas le "cliver", cela n'étant que piètrement politicien.