Chine : la fin de l’enfant unique, et après ?
Une décision pragmatique
Le quotidien hongkongais South China Morning Post rappelle ainsi qu’en 2012, pour la première fois depuis des décennies, la population active du pays a décliné. Un indicateur qui a pointé la nécessité de revenir sur la politique de l’enfant unique, accusée de contracter le réservoir chinois de main-d’œuvre. D’autant plus qu’avec l’accroissement de l’espérance de vie, la part des plus de 65 ans ne cesse d’augmenter dans la population (de 110 millions en 2010, elle devrait passer à 210 millions en 2030 et représenter 25% de la population en 2050, selon les projections des Nations unies) – ce qui alourdit la charge sur les actifs.
Après un premier assouplissement en 2013 (autorisation d’avoir un deuxième enfant pour les couples dont l’un des partenaires est lui-même enfant unique), l’abolition est donc loin d’être une surprise. Mais justement, Pékin a peut-être trop attendu pour que les effets soient à la hauteur de ses espérances.
Des conséquences incertaines
Ainsi sur Weibo, la plateforme chinoise de micro-blogging, les réactions sont mitigées. « Je ne pourrais pas me permettre d’élever un deuxième enfant », déclare un utilisateur relayé par le quotidien hongkongais. Le timing laisse également sur le carreau tous les parents nés avant 1979 et qui n’ont donc pas été concernés par la réforme de 2013, mais ne sont désormais plus aptes à faire enfants.
L’histoire en demi-teinte
Le quotidien britannique The Guardian cite ainsi un activiste hongkongais des droits de l’Homme : « L’État n’a pas à décider combien d’enfants un couple doit avoir. […] Le gouvernement devrait immédiatement arrêter ces contrôles invasifs et punitifs sur les choix de ses citoyens à fonder une famille et avoir des enfants. »
Ce mouvement historique ne l’est finalement qu’à moitié. Certes, le PC chinois revient sur l’une des lois chinoises les plus emblématiques et les plus contraignantes, vieille de 35 ans. Mais il ne met pas fin au contrôle des naissances stricto sensu : il n’est pas permis d’avoir plus de deux enfants.
Ainsi, rien n’indique non plus la fin d’une des dérives les plus perverses de la politique de l’enfant unique : les avortements forcés. Comme le rappelle le quotidien thaïlandais Bangkok Post, les responsables locaux du planning familial forcent toujours les couples à l’avortement, en particulier les femmes non mariées ou celles de moins de 20 ans (l’âge minimum légal en Chine pour qu’une femme puisse se marier).
L’impact de cette décision historique risque bien d’être plus symbolique qu’efficace. D’ailleurs, l’annonce de Pékin n’a été accompagnée d’aucun calendrier, ni d’aucune précision sur les modalités d’application.
Le 29 octobre 2015 marque donc la fin de l’enfant unique dans la loi chinoise. Pas dans la vie réelle. Et pas plus dans les esprits.
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