Comment des habitants de Tarnac ont empêché une perquisition chez une militante antinucléaire

La dizaine de policiers français et allemands intervenue mercredi matin, à Tarnac (Corrèze), cherchait à perquisitionner une ferme collective afin d’y recueillir l’ADN d’une militante antinucléaire.


Publié le 30 octobre 2015 à 22h08

Sandra, 46 ans, se revendique antimilitantiste et antinucléaire depuis plus de 25 ans. © La Montagne Ussel

Sandra n’est même pas choquée. Plutôt exaspérée. Cette Allemande de 46 ans, installée à Tarnac depuis quelques années, a eu la surprise d’être visitée par une dizaine de policiers, mercredi aux alentours de 10 heures. Lorsque des fédéraux allemands accompagnés de policiers français demandent à perquisitionner sa caravane, installée dans une ferme collective au cœur du lieu-dit Lacombe, à 5 km de Tarnac, elle obtempère : « Je me suis dit que s’ils avaient fait tout ce chemin exprès, c’est qu’il devait y avoir quelque chose d’important. »

La perquisition lancée dans le cadre d’une commission rogatoire internationale tourne court après qu'une quarantaine de personnes a investi la ferme, bien décidée à empêcher les fédéraux allemands d’obtenir ce qu’ils sont venus prendre : l’ADN de Sandra. « Ils mènent une investigation sur plusieurs sabotages contre des réseaux ferrés qui ont eu lieu entre 2002 et 2011 en France et en Allemagne, soupire cette proche de Julien Coupat. Je leur ai donné mon ADN plusieurs fois. » En 2008, des enquêteurs français l’avaient déjà interrogée à Berlin au début de l’affaire Tarnac dans l’espoir d’établir un rapprochement.

Depuis cette époque, les Tarnacois sont rodés aux interventions policières. « On réunit le maximum de monde pour empêcher les enquêteurs de perquisitionner, détaille Benjamin Rosoux, membre du groupe de Tarnac. Ç’a assez duré. »

Un procédé efficace puisqu’il a poussé les enquêteurs à rebrousser chemin les mains vides, mercredi matin après des recherches dans la caravane de Sandra. Et, d’après la militante antimilitariste et antinucléaire, ils n’ont pas insisté face à la quarantaine de personnes.

Cette vidéo peut vous intéresser

Feed digiteka

Si cette procédure reste encore floue pour la principale intéressée, elle assure qu’une autre perquisition a eu lieu simultanément à Berlin. « Cela concernait un militant antinucléaire qui était lié à mes affaires dans les années 1990 », lâche-t-elle, sans donner plus de détails.

Encore troublée, Sandra attend d’en savoir plus sur cette procédure et confie qu’elle et ses amis doivent « réfléchir et voir comment réagir ».

Malik Kebour

L'affaire Tarnac en quelques dates :

11 novembre 2008. Cinq personnes sont arrêtées à Tarnac, dans le cadre d’une enquête sur des sabotages de lignes TGV.

15 novembre 2008. Les « neuf de Tarnac » sont mis en examen. Quatre sont libérés et placés sous contrôle judiciaire, cinq sont écroués.

28 mai 2009. Julien Coupat, chef présumé, est le dernier des cinq écroués à être remis en liberté.

De 2013 à 2015. Les amis en cause ont mené une rude bataille mais ont été déboutés de leurs nombreux recours.

7 mai 2015. Le parquet requiert le renvoi en correctionnelle de huit des dix mis en examen, dont trois pour la circonstance aggravante de « relation avec une entreprise terroriste ».

8 août 2015. La juge Jeanne Duyé décide de renvoyer huit militants en correctionnelle, mais ne retient pas la qualification de « terrorisme ».

10 août 2015. Le parquet de Paris fait appel.

Partager :

A la une