VIDEOS. Consommation : Arash Derambarsh, l'indigné du gaspillage

Arash Derambarsh publie demain un livre bourré d'astuces antigaspi, que nous vous dévoilons. Un manifeste qui égratigne aussi les pouvoirs publics ou les grandes associations.

VIDEOS. Consommation : Arash Derambarsh, l'indigné du gaspillage

    Le frigo vide, le repas de midi pris à 17 heures pour économiser celui du soir... « A 20 ans, j'ai connu la faim. J'ai même reçu un avis d'expulsion de mon studio. J'avais honte de le dire. » Arash Derambarsh était alors un jeune étudiant en droit. Seize ans plus tard, l'élu les Républicains de Courbevoie (Hauts-de-Seine), a transformé son « sentiment de rage » en énergie positive au service d'une cause : la lutte contre le gâchis, qu'il soit alimentaire, électrique, énergétique.

    Avec « Manifeste contre le gaspillage », son livre à paraître demain, ce conseiller municipal de culture persane -- ses parents, nés en Iran, ont fui la révolution islamique juste avant sa naissance en 1979 -- donne un tour politique au combat militant qu'il mène depuis longtemps. Car entre les lignes des 100 pages de conseils pratiques, il lance des uppercuts. Dans le viseur de l'élu aux lunettes carrées, les pouvoirs en place, Ségolène Royal en tête, accusés de plier face aux lobbys de la grande distribution, mais aussi certaines grandes associations soupçonnées d'empêcher les pratiques d'évoluer pour préserver leur pré carré. Alors, à quelques semaines de l'examen par l'Assemblée nationale de la proposition de loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire, Arash Derambarsh le martèle encore et encore : « Il faut interdire aux supermarchés de jeter et de javelliser les invendus consommables et les obliger à les donner tous les soirs à l'association de leur choix. Cela réparerait une absurdité alors que 10 à 15 millions de Français sont dans la souffrance. »

    Une obligation de don, pour des supermarchés qui gâcheraient, assure-t-il, chaque jour plus de 40 kg de nourriture chacun... « Une idée toute simple qui sonne juste en ces temps difficiles », s'enthousiasme Mathieu Kassovitz. Le réalisateur de « la Haine », avec lequel Arash Derambarsh a lancé une pétition qui a recueilli 210 000 signatures, préface le livre et fustige la surconsommation.

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    Mais des dents grincent, jusqu'aux associations. « Il se forge une carrure politique sur le dos du gaspillage alimentaire, fustige Julie Vandard, de Disco soupe, l'association qui cuisine les aliments rebuts. Son don obligatoire fait du buzz, mais il ne correspond pas aux réalités de terrain des associations dont il refuse d'écouter les critiques. Plutôt que d'opposer les acteurs, qu'il essaie de les fédérer ! »

    Arash Derambarsh, qui va reverser les profits de son livre à la Croix-Rouge, se défend de toute récupération. En décembre et en janvier derniers, il a réussi à convaincre une enseigne de son département de le laisser redistribuer les invendus du groupe. Une pratique non légale (cela brise la chaîne du froid) qu'il a réussi à mettre en place en organisant la distribution avant la fermeture du magasin.

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    Trois fois par semaine pendant deux mois, il est allé à la rencontre des SDF mais aussi des classes moyennes. Comme d'Odette, 92 ans, qui n'avait pas rempli un chariot depuis dix ans. Ou de ce jeune flic qui, avec 1 200 EUR par mois, ne s'en sortait plus. « Parler de gaspillage, c'est bobo, c'est parisiano-parisien, lance-t-il. Cela n'a de sens que si on s'en sert pour lutter contre la faim et la soif. C'est cela mon credo et je ne suis pas prêt de renoncer. »

    « Manifeste contre le gaspillage », d'Arash Derambarsh, Ed. Fayard, 112 pages, 10 â?¬.