Bénévole dans un centre d'accueil: "Les réfugiés ne sont pas des kamikazes!"
Le mouscronnois Jacques Demunck est bénévole au centre d'accueil de Tournai. Il nous parle de la rencontre avec les réfugiés et de cette expérience humaine.

- Publié le 02-11-2015 à 07h39

C'est à l'extérieur du centre d'accueil de demandeurs d'asile à Tournai que nous rencontrons Jacques Demunck. Plusieurs fois par semaine, ce Mouscronnois vient prêter main-forte, en tant que bénévole de la Croix-Rouge, pour trier les nombreux dons récoltés et les distribuer aux demandeurs d'asile. "En août dernier, lors de l'aménagement des locaux de la caserne, je suis venu pour aider à monter des lits, des matelas, des armoires, rappelle Jacques Demunck. Par la suite, j'ai souhaité poursuivre cette expérience humaine et enrichissante. Il me semble normal et naturel de venir en aide, d'une façon ou d'une autre, à ces personnes qui ont fui la guerre."
Des êtres humains comme nous tous
En quelques semaines, Jacques Demunck a su créer quelques liens avec certains résidents. Les "bonjour", "comment ça va", "au revoir" se font entendre par-ci par-là, avec toujours un petit sourire adressé au bénévole. "Ce sont des êtres humains comme nous tous, insiste Jacques Demunck. Ils sont extrêmement reconnaissants pour l'aide que nous leur apportons. Ils n'hésitent pas à nous remercier en nous offrant 'quelque chose', comme un morceau de biscuit par exemple. C'est un petit geste, mais qui veut tout dire… Certains d'entre eux m'ont raconté un peu leur histoire et la vie qu'ils vivaient avant la guerre. Tous avaient leur maison, leur voiture, leur travail, leur famille auprès d'eux… et aujourd'hui, ils n'ont presque plus rien! Un monsieur m'a montré les photos de son magasin de robes de mariée qu'il a dû abandonné à cause de la guerre… maintenant, il doit faire la file pour obtenir l'un ou l'autre vêtement."
L'envie de s'investir pour le centre d'accueil mouscronnois
Le Mouscronnois espère pouvoir venir en aide de la sorte aux futurs demandeurs d'asile de Mouscron et en retirer autant de satisfactions. "Quand j'ai appris l'arrivée de demandeurs d'asile au Refuge, j'ai tout de suite pris contact avec la Maison Croix-Rouge de Mouscron pour proposer mon aide. Malheureusement, au vu du peu d'informations disponibles, elle ne sait pas encore ce qu'elle va pouvoir mettre en place concrètement… Quoi qu'il en soit, je vais essayer de venir en aide aux réfugiés et les accueillir de la meilleure des manières. J'espère que de nombreux autres Mouscronnois seront également prêts à s'investir dans leur accueil et dans leur intégration; je suis content de voir qu'un élan de solidarité est en train de se mettre doucement en place!"
Jacques Demunck regrette, néanmoins, d'entendre encore certains discours hostiles à l'arrivée des demandeurs d'asile. Le quartier du Refuge, il le connaît bien; c'est là qu'il a vécu sa jeunesse. "Je peux comprendre l'appréhension de voir arriver autant de personnes dans le quartier, reconnaît-il. Mais, il ne faut pas avoir peur d'eux; ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui ont vécu l'enfer et qui veulent essayer de se reconstruire. Il y a aura peut-être l'un ou l'autre récalcitrant, comme c'est le cas dans notre société, mais il ne faut pas tous les mettre dans le même panier… Ce ne sont pas des kamikazes! Je suis certain qu'ils peuvent apporter un souffle positif dans le quartier. Pour que cela se passe bien, il faut juste apprendre à les connaître et à les respecter. Personnellement, au centre d'accueil de Tournai, je n'ai jamais eu de souci avec eux! Et, il ne faut pas oublier que si nous étions en train de vivre cette situation, nous serions sans doute contents de pouvoir être accueillis dignement et humainement…"
Rencontre citoyenne le 9novembre
Sous l'impulsion du Centre d'Information et d'Éducation Populaire (CIEP), plusieurs associations mouscronnoises se sont réunies, jeudi dernier, afin d'envisager les actions nécessaires pour insuffler une dynamique positive en faveur d'un accueil digne et de qualité des demandeurs d'asile à?Mouscron. Le bourgmestre Alfred Gadenne ainsi que d'autres représentants politiques étaient présents lors de cette rencontre. "Nous avons conscience de l'importance d'informer davantage la population et de la sensibiliser en lançant une campagne de communication, explique Elise Depauw du CIEP.
Par la suite, nous comptons prendre contact avec l'opérateur privé pour voir ce qui est envisageable de mettre en place et ce dont il a besoin. Cet état des lieux permettra de coordonner les différentes propositions des associations ou des citoyens." Une réunion publique d'information sera organisée le lundi 9 novembre, à 20 h, à la salle La Grange. "Cette réunion est ouverte à toutes les bonnes volontés, à toutes les personnes désireuses de s'impliquer de façon positive pour l'accueil des réfugiés à Mouscron", insiste Elise Depauw.