Allocation adulte handicapé : le gouvernement retire sa mesure controversée

 

Allocation adulte handicapé : le gouvernement retire sa mesure controversée

    Le gouvernement a donc revu sa copie. Quelques jours après la polémique sur la hausse d'impôts locaux pour les retraités, le nouveau mode de calcul de l'allocation adulte handicapé (AAH) prévu dans le projet de budget 2016 a déclenché la colère des députés socialistes, écologistes et de l'UDI.

    Entendant ces «inquiétudes», le gouvernement a «décidé de ne pas appliquer cette mesure en l'état, au regard de son impact sur les ressources des personnes concernées», a déclaré Ségolène Neuville dans l'hémicycle à l'occasion de l'examen du volet solidarité et insertion du projet de budget 2016.

    Vivement critiquée par l'Association des paralysés de France (APF) à l'origine d'une pétition dénonçant une volonté du gouvernement de faire «main basse» sur les ressources des personnes handicapées, la réforme prévoyait de prendre en compte à partir de 2016 dans le calcul de l'AAH les intérêts non imposables des comptes d'épargne, tels que le livret A, dans le cadre d'un processus d'harmonisation entre minima sociaux.

    Ceci réduirait le montant de l'AAH (807 â?¬ par mois maximum actuellement) pour les bénéficiaires ayant de l'argent de côté. D'après l'APF, cette réforme leur ferait surtout perdre des droits connexes qui ne sont ouverts qu'à ceux qui touchent l'AAH à taux plein comme le complément de ressources de 179 â?¬ par mois ou la majoration pour la vie autonome de 105 â?¬ mensuels.

    Jusqu'à 2 000 â?¬ en moins par an selon l'APF

    L'association a calculé que, «pour quelques dizaines d'euros» tirés des intérêts de leurs livrets d'épargne (205 â?¬ par an maximum sur un livret A), ces personnes perdraient «1 257 à 2 151 â?¬ par an» de ressources.

    De nombreux responsables politiques s'étaient élevés contre cette mesure. «Ce matin, en réunion de groupe, nous avons eu la discussion» sur ce sujet, et «pour nous tous clairement, il apparaît que cette recette est une recette de poche qui est illusoire, qui est vexatoire, blessante pour les familles, a expliqué le député Olivier Faure, vice-président du groupe PS. Donc, nous demandons au gouvernement de pouvoir retravailler sur la question.»

    Florian Philippot, le vice-président du FN, a dénoncé «un véritable coup de massue antisocial». «Ces nouvelles dispositions austéritaires sont non seulement injustes, elles sont aussi gravement immorales, accuse-t-il dans un communiqué. Alors que tant de dépenses injustifiées se développent, liées notamment à la crise des migrants ou à l'Union européenne, le gouvernement fait le choix de taper sur les personnes handicapées.»

    Barbara Pompili, la coprésidente des députés écologistes, a elle aussi exprimé son désaccord. «Faire comme si c'était un minimum social comme les autres est une grave erreur, car c'est une allocation pour compenser un handicap, fait-elle valoir. Les services de Bercy doivent arrêter de prendre des décisions sans penser une seconde aux conséquences sur la vie des gens.»