Gennevilliers : la ville au secours d'un syndicaliste d'Air France

 

Gennevilliers : la ville au secours d'un syndicaliste d'Air France

    Pascal Maquet fait partie des six salariés d'Air France arrêtés et gardés à vue le 12 octobre, après les incidents en marge du désormais fameux comité d'entreprise du 5 octobre. Et il habite Gennevilliers. La municipalité a donc décidé de l'aider. « C'est l'un de mes concitoyens et je suis fier de le défendre, affirme, avec aplomb », le maire PCF Patrice Leclerc, qui n'en est pas à son coup d'essai pour les mobilisations.

    Le 2 décembre, cet employé d'Air France depuis près de trente ans et syndiqué CGT, est convoqué devant le tribunal de Bobigny (93) pour « violences aggravées ». Depuis son arrestation, cet ancien salarié de Chausson, entreprise phare de Gennevilliers, ne touche plus son salaire. La semaine dernière, il a été convoqué par Air France pour un entretien préalable de licenciement.

    Alors, pour l'aider, des urnes seront installées à la mairie, à l'espace Grésillons et au centre Aimé-Césaire. Les volontaires pourront déposer leur chèque à l'ordre de « syndicat CGT Air France ». « J'ai moi-même donné 50 â?¬ et la majorité se réunit la semaine prochaine pour décider d'une participation éventuelle de la mairie », précise l'élu. Deux cars, au départ de Gennevilliers, seront aussi affrétés jusqu'au tribunal le jour de l'audience. Le salarié d'Air France, qui réfute toute implication dans l'agression des deux dirigeants dont les images avec les chemises arrachées ont fait le tour du monde, n'a pas souhaité réagir. Mais selon son avocat Me Sofiane Hakiki, cet « élan de solidarité l'a touché ».

    C'est la semaine dernière que le maire et le salarié se sont rencontrés, en présence de l'avocat. « Son interpellation violente il y a quelques semaines l'a affecté psychologiquement, explique Me Hakiki. Pendant cette rencontre, je l'ai senti gêné que cette collecte ne soit destinée qu'à lui. Mais aussi ému, et pour la première fois, de manière positive. » Par cette collecte, le maire entend aussi dénoncer « la criminalisation de l'action syndicale ».

    « Il a été traité comme un voyou, comme s'il allait s'enfuir quelque part. Il a été arrêté chez lui, à 6 heures du matin, devant sa femme et ses enfants », fulmine Patrice Leclerc. Pascal Maquet risque trois ans de prison et 45 000 â?¬ d'amendes.

    Les collecte divise les habitants

    Une collecte de solidarité pour un syndiqué d'Air France ? L'initiative divise. Pour Colette, «il faut être solidaire». «C'est une bonne idée, ce salarié en a besoin. Je participerai peut-être », affirme cette Gennevilloise depuis plus de cinquante ans. D'autres critiquent la prise de position du maire. «Je soutiens cet ouvrier mais ce n'est pas au maire de lancer pareille collecte», argue Hervé, 43 ans. «Il y a d'autres priorités », souffle Kheira, une habitante depuis quinze ans. «C'est même injuste. Pourquoi lui ? Si j'ai besoin d'un avocat, on ne viendra pas m'aider moi !», lâche une autre. Certains sont plus pragmatiques. «J'ai déjà du mal à boucler mes fins de mois, alors, c'est certain, je participerai pas », confie Marie-Claude.