Les Kurdes à l'assaut de Mossoul, la deuxième ville d'Irak

Les peshmergas, les combattants kurdes, ne cachent pas leur ambition : à eux de libérer Mossoul, une ville de deux millions d'âmes, à majorité sunnite.

Par , à Erbil (Kurdistan irakien)

Le général-major Aziz Weysi a déjà repris, les armes à la main, le barrage de Mossoul aux combattants de Daesh, en août 2014.
Le général-major Aziz Weysi a déjà repris, les armes à la main, le barrage de Mossoul aux combattants de Daesh, en août 2014. © DR

Temps de lecture : 4 min

Depuis l'entrée en guerre de Daesh, en 2014, les Kurdes ne se sont battus que pour « libérer » des régions peuplées majoritairement de Kurdes, comme la grande ville de Kirkouk. Et agrandir ainsi la région autonome du Kurdistan de 40 %. Leur territoire, de 85 000 km2 (la taille environ du Portugal), compte aujourd'hui un peu plus de sept millions d'habitants, en comptabilisant un gros million de déplacés et de réfugiés. Mais à présent, vu la déliquescence de l'armée irakienne, les peshmergas annoncent que ce sont eux, avec le soutien de la coalition, de l'aviation américaine et française, qui libéreront Mossoul, l'une des deux capitales de l'organisation État islamique.

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L'objectif final : l'indépendance

Si les pays européens, et notamment la France, acceptaient de livrer directement des armes à Erbil, ce serait pratiquement une reconnaissance de fait de l'indépendance du Kurdistan. Celui-ci d'ailleurs ne se gêne même plus pour passer des contrats avec des compagnies pétrolières, et pour vendre directement l'or noir à l'étranger, sans rendre de comptes au gouvernement central irakien. « Nous n'avons pas d'agenda caché. Notre but final est bien l'indépendance. Pas seulement du Kurdistan irakien, nous soutenons également les revendications de nos frères kurdes dans les pays voisins, sans partager forcément pour autant leurs méthodes », reconnaît Dara Barawy, membre du bureau politique du Parti démocratique du Kurdistan, rencontré à Salahuddin.

En ligne de mire dorénavant : la ville de Mossoul, deux millions d'habitants, la deuxième agglomération d'Irak, après Bagdad. « Bien évidemment, nous n'allons pas partir seuls au combat. Il nous faut le soutien aérien de la coalition, explique le général Aziz Weysi, chargé de la protection du gouvernement et de tous les organes du pouvoir kurde. La ministre allemande de la Défense allemande était récemment en visite à Erbil, et de notre côté, une délégation de peshmergas est partie à Bruxelles pour demander aux pays européens des armes lourdes. » Le général-major Aziz Weysi a déjà repris, les armes à la main, le barrage de Mossoul aux combattants de Daesh, en août 2014. L'immense retenue d'eau a été rebaptisée barrage de Dohuk, du nom d'une grande ville au nord du Kurdistan irakien. Depuis, ses commandos sont partis à la reconquête des villages aux alentours du barrage. Le Kurdistan, région autonome, n'a pas pu, jusqu'à présent, s'approvisionner directement en chars d'assaut, en véhicules blindés, en hélicoptères. En revanche, l'armée irakienne a été très richement dotée, en particulier par les États-Unis. Mais leurs armes, notamment des chars d'assaut, des blindés, des canons – et même deux avions – sont tombés, sans combattre, entre les mains de l'organisation État islamique lors de la prise de Mossoul… Un arsenal estimé à trois milliards de dollars, selon le documentaire de Jérôme Fritel, Daesh, naissance d'un État terroriste.

Mossoul, Irak ©  DR
En ligne de mire dorénavant : la ville de Mossoul, deux millions d’habitants, la deuxième agglomération d’Irak, après Bagdad. © DR

Des centaines de combattants français

Plusieurs de nos interlocuteurs kurdes ne nous ont pas caché qu'ils considéraient que l'Irak n'existait déjà plus, et que Bagdad ne représentait qu'une entité composée essentiellement de musulmans chiites. Or, les habitants de Mossoul sont des musulmans sunnites (comme les Kurdes), très hostiles aux chiites et aux combattants iraniens. Quand l'armée irakienne a repris Tikrit à Daesh, elle aurait commis presque autant de massacres que l'organisation État islamique elle-même.

« Depuis le début du conflit, les peshmergas ont gagné le respect et le soutien de la communauté internationale, souligne le général Aziz Weysi. Nous avons acquis une légitimité institutionnelle. Chacun sait que sur le terrain, nous sommes les seuls à lutter contre la barbarie de Daesh. Si Mossoul est à l'origine une ville kurde, nous n'oublions pas qu'elle est majoritairement peuplée d'Arabes. » Au passage, le général nous révèle que, selon ses sources, des centaines de Français combattraient actuellement en Irak dans la région de Mossoul. « Les peshmergas comptent également des unités féminines. Celles-ci sont les plus redoutées par des djihadistes. En effet, s'ils sont tués par une femme, non seulement ils ne sont pas considérés comme martyrs, mais en plus, ils seront privés des 70 vierges au paradis. Pour eux, c'est horrible », semble s'amuser le patron de la gendarmerie kurde. « C'est nous qui protégeons tous les consulats à Erbil, parmi eux, le consulat français d'Erbil », ajoute-t-il.

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Commentaires (9)

  • Gilles57

    Erdogan a t'il l'intention de refaire le coup de la Turquie avec l'Arménie il y a 100 ans ?
    une chose m'a impressionné, c'est de voir de nombreuses jeunes femmes dans leurs rangs équipées parfois de charges lourdes et qui partent au combat le sourire aux lèvres.

  • lord aramis

    Ils semblent être les seuls à se battre contre l état islamique, ils forcent le respect, espérons quils seront récompensés en obtenant un pays indépendant, il faut maintenant empêcher la Turquie de les bombarder

  • pipolinum

    Ils ont toujours d'un façon ou d'une autre préservé leurs rites et leurs croyances... Comme d'ailleurs les Yazidis et les Hébreux... Par ailleurs, les kurdes sont le seul peuple au moyen orient, qui ont un drapeau frappé de l'emblème du soleil... !