Miles Davis, un concert inédit sur France Musique

18 juillet 1988, Grande Parade du Jazz, Nice. Jérôme Badini assiste au concert de son idole Miles Davis. Près de 30 ans plus tard, il en a retrouvé un enregistrement et le propose à la diffusion ce mercredi 4 novembre dans son émission “Les Mercredis du jazz”. A écouter en live seulement.

Par Laurence Le Saux

Publié le 04 novembre 2015 à 15h52

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 05h57

Le 14 juillet 1988, Jérôme Badini – devenu depuis saxophoniste, compositeur et producteur sur France Musique – a 18 ans. Ce fan transi de Miles Davis parvient à s'introduire en backstage à la Grande Parade du Jazz de Nice. En arrivant sur scène, le trompettiste bouscule le gamin installé dans le passage, livre deux de ses compositions, puis joue les thèmes de l'album Tutu – écrits par Marcus Miller. C'est ce concert inédit, déniché dans les archives de l'Ina, que le producteur diffuse mercredi 4 novembre dans Les Mercredis du jazz, à 20h. Il raconte l'histoire de cette pépite à ne pas rater – puisqu'elle ne sera pas proposée à la réécoute, pour des questions de droits.

« En 1988, je suis un adolescent fondu de Miles Davis, l'homme qui m'a le plus influencé en tant qu'artiste. Pour me payer des concerts, je travaille dans une boutique de photocopies. Ce qui me permet de m'offrir un concert de Miles à la Grande Parade du Jazz, à Nice. Je me faufile en backstage, et j'attends fébrilement le musicien. Manque de chance, je suis mal positionné, en plein dans l'axe de passage des artistes. Je fais obstacle, et Miles me bouscule en passant – ça m'a marqué au fer rouge, j'ai ensuite réellement hésité à me laver pendant quelques jours ! Ce soir-là, j'ai été fasciné par l'énergie que dégageait cet orchestre, le plus efficace de sa période électrique : Kenny Garrett au saxophone, Robert Irving et Adam Holzman aux claviers, Foley à la guitare, Benny Rietveld à la basse, Ricky Wellman à la batterie et Marilyn Mazur aux percussions… quel casting !

“La véritable musique est le silence, les notes ne font qu'encadrer ce silence”, Miles Davis

Ça démarre par des compositions de Miles, Intruder et New blues, puis vient le répertoire de Tutu, dernier disque en date à ce moment, avec une reprise de Movie Star, de Prince (alors au faîte de sa gloire) ou Time after Time, de Cyndi Lauper et quelques nouveaux morceaux. Pour moi, c'était le meilleur son qu'on puisse imaginer – même si certains considèrent que son œuvre n'a plus d'intérêt après 1968, sous prétexte qu'il est allé lorgner vers d'autres musiques… Miles n'a jamais été un virtuose de la trompette, mais il a créé un son propre. J'aime le citer, quand il dit que “la véritable musique est le silence, les notes ne font qu'encadrer ce silence”. Il cherchait la sobriété, souhaitait jouer le moins de notes possible. Dans ce concert de 2h20, on trouve le longues plages de silence musical, qui permettent aux artistes de s'écouter et se laisser la parole.

Cet enregistrement inédit, je l'ai retrouvé par hasard, en fouillant les archives de l'Ina. Il n'a jamais été intégralement diffusé pour des raisons techniques : la balance a été faite en direct sur les deux premiers morceaux, et non à l'avance comme habituellement. Nous avons dû faire un “remastering” pour masquer les problèmes de niveaux, et ajouter des fréquences basses. Nous donnons aux auditeurs un rendez-vous “à l'ancienne” : pour des questions de droits, le concert ne sera pas réécoutable en ligne. Pour en profiter, il faudra donc être derrière son poste, ou bien l'enregistrer sur K7 ! »

A écouter
Concert inédit INA-Radio France : Miles Davis, le 14 juillet 1988 (Jardin des Arènes de Cimiez, Festival de Jazz de Nice) in Les Mercredis du jazz, France Musique, mercredi 4 novembre, 20h00.

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