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COP 21 : les engagements sur l'emploi local non tenus

Environ 250 travailleurs détachés participent au chantier de la conférence de Paris sur le climat qui se déroule en Seine-Saint-Denis. Les organisateurs s'étaient pourtant engagés à privilégier les travailleurs locaux.
par Rachid Laïreche et Amandine Cailhol
publié le 6 novembre 2015 à 9h02

La conférence de Paris sur le climat (COP21), ses promesses d'un monde plus durable, ses négociations et… ses travailleurs détachés. Fini le «produire et consommer local», fanfaronné il y a quelques mois encore par les organisateurs de cet événement planétaire qui se tiendra, fin décembre, au Bourget (Seine-Saint-Denis). Jeudi, Pierre-Henri Guignard, le secrétariat général de la COP21, a dû l'admettre: «Sur les 3 400 salariés employés à la construction du site de la conférence, environ 250 sont des travailleurs détachés de nationalité européenne». Avant de préciser que «tous [avaient] fait l'objet d'une déclaration à l'administration». La veille, un reportage de France 2 avait dévoilé la présence de «travailleurs détachés» sur le chantier de la COP21.

Venus d’autres pays de l’Union européenne, ces salariés peuvent être embauchés de manière temporaire sous une réglementation sociale minimale. Une aubaine pour les entreprises françaises qui peuvent par ailleurs payer leurs cotisations sociales dans le pays d’origine. Citée par France 2, l'une d'elle, la société GL Events, est familiaire du fait. En août, elle était déjà au cœur d'une polémique similaire, en employant des travailleurs détachés roumains pour l'organisation de l'université d'été du PS.

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«Le gouvernement, qui a fait de la lutte contre la fraude au détachement l'une de ses priorités, fera respecter scrupuleusement la législation française», veut toutefois rassurer Pierre-Henri Guignard.

«Rien» ne semble se dessiner pour les PME du coin

Mais le recours à ces salariés venus de Pologne, République tchèque, Croatie ou encore Slovaquie pour le montage du futur site de la COP21 pose un autre problème : celui de l'emploi local, dans un département où le chômage avoisine les 15%. Stéphane Troussel, le président du conseil général de Seine-Saint-Denis y croyait pourtant un peu. Ravi du «coup de projecteur» que l'événement mettait sur le «93», il espérait qu'il profite à ses habitants et ses entreprises. «Ça a l'air de bien marcher, confiait-il, début octobre, à Libération. Nos entreprises du nettoyage ou de la restauration vont pouvoir se positionner comme prestataires.» Pourtant selon le Medef local, interrogé par France 2, «rien» ne semble se dessiner pour les PME du coin, et ce malgré les 25 groupes de travail organisés avec les responsables de la COP21.

Ce qui n'étonne pas vraiment Stéphane Troussel. «Depuis mercredi, tout le monde crie au loup, mais cela fait longtemps que l'on sait qu'il y a une concurrence déloyale dans l'Union européenne», s'agace-t-il. Le patron du département y croit encore. «Depuis le début les organisateurs de la COP21 ont toujours essayé de jouer le jeu avec notre département. On a demandé 200 places de stage pour nos étudiants en BTS et nous les avons obtenues. Et là, nous sortons d'une réunion, au cours de laquelle on nous a garanti que, sur les 1 000 emplois qui allaient être créés autour de l'organisation, de l'orientation du public et des transports nécessaires pour l'événement, une grande partie serait pour les habitants de Seine-Saint-Denis.» Avant de conclure : «Mais le véritable enjeu, c'est l'emploi vert, celui du futur, et avec son vieux passé industriel, la Seine-Saint-Denis est bien placée pour jouer un rôle dans la révolution industrielle verte.»

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