Accéder au contenu principal
BIRMANIE

"Pas de 'printemps arabe' en Birmanie", la vidéo de campagne qui fait polémique

La vidéo de propagande publiée sur la page Facebook de la présidence birmane fait référence aux printemps arabes pour mettre en garde les électeurs du risque d'une déstabilisation politique.
La vidéo de propagande publiée sur la page Facebook de la présidence birmane fait référence aux printemps arabes pour mettre en garde les électeurs du risque d'une déstabilisation politique.
Publicité

À la veille des élections législatives en Birmanie, la présidence a publié sur les réseaux sociaux une vidéo opposant des scènes de chaos liées aux révolutions arabes aux bienfaits de la transition birmane depuis l’ouverture du pays. Une mise en garde sur les risques de changement vertement critiquée sur Internet à quelques jours des législatives.

La vidéo de quatre minutes a été produite par la chaine étatique birmane MTV et publiée sur les réseaux sociaux par la présidence sur sa page Facebook. D’un côté, des images de Tunisie, des affiches du président Ben Ali déchirées, des tanks qui roulent sur des manifestants, et des corps ensanglantés… et de l’autres, des images des rues de Naypyidaw, la capitale birmane règne le calme.

''

Posté par Myanmar President Office sur vendredi 30 octobre 2015

La vidéo se termine sur cette phrase : “La démocratie ne peut s’installer que quand la paix est installée".

Le porte-parole du gouvernement, Zaw Htay, a expliqué mercredi : "Cela fait cinq ans que notre pays est calme et va dans la bonne direction... Nous devons être patients." Faisant référence aux " rivières de sang et aux manifestations violentes" ayant accompagné des "transformations démocratiques dans d'autres pays" sans en citer aucun.

Les réactions n’ont pas tardé : des internautes birmans ont critiqué le climat de peur véhiculé par la vidéo. D’autres ont blâmé la sélectivité des images, faisant référence aux manifestations contre la réforme de l’éducation réprimées en Birmanie et aux emprisonnements de leaders étudiants.

"Cette vidéo montre que les autorités actuelles ont peur de perdre les élections"

Zin Thaw Naing est en charge des éditions web au "Myanmar Post". Il a suivi la polémique depuis la publication de la vidéo.

Quand j’ai vu les images, j’ai ressenti du dégoût : c’était comme si le président Thein Sein menaçait ses propres citoyens. Les Birmans ont tenté de faire la révolution en 1988, une période de l’histoire birmane qu’on peut comparer à celles des révolutions arabes. Mais aujourd’hui, le pays a réussi à passer à l’étape suivante de la transition démocratique.

Personne ne veut de crise similaire aux révolutions arabes. Je crois que le gouvernement est conscient de ça. Il tente aussi de jouer sur l’aspect confessionnel en diffusant l’idée que l’opposition, qui défend des valeurs universelles, est proche des musulmans du pays, notamment des Rohingyas [la minorité musulmane est régulièrement victime de discriminations xénophobes entraînant leur exode de masse. Certaines ONG ont estimé avoir des preuves d’un "génocide" contre les Rohingyas. Aung San Suu Kyi, la leader du parti d’opposition birman, a appelé cette semaine, à “ne pas exagérer" leur situation. Une position jugée électoraliste par certains]. Cela donne une équation bancale : changement signifie opposition qui signifie musulmans et donc désordre. Évidemment, cela ne tient pas et montre surtout que les autorités actuelles ont peur de perdre les élections ".

Les élections législatives du 8 novembre sont perçues comme un test de la transition démocratique amorcée il y a quatre ans, avec l’autodissolution d’une junte qui tenait le pays d’une main de fer depuis 1962. La Ligue nationale pour la démocratie, parti d’Aung San Suu Kyi, est favorite. Si elle remporte la majorité des sièges, Aung San Suu Kyi s’est dite "prête à diriger le gouvernement".

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.