De tous les secteurs d’activité industrielle de notre époque, celui de la photographie est sans doute celui qui subit le plus de mutations. Si l’on observe le secteur automobile, celui des téléviseurs ou de l’électroménager, l’écosystème est fondamentalement le même qu’il y a vingt ans, avant Internet et les réseaux sociaux. Celui de la photo voit ses repères changer depuis une dizaine d’années.

 

La concurrence des smartphones, dans un premier temps, a entamé le marché des compacts et des bridges, avec parfois des appareils intégrés qui font des images pouvant aller jusqu’à 40 mégapixels (Mpx), la moyenne étant autour de 12 Mpx aujourd’hui. Or, les compacts des grands constructeurs photos ont cette même définition de 12 Mpx.

 

Face à ce phénomène, tous les acteurs traditionnels du marché ne réagissent pas de la même façon. Chez Sony, c’est le haut de gamme qui a été privilégié avec des appareils très puissants, comme ceux de la Série Alpha 7. Chez Canon qui a vu ses ventes de compacts baisser de 27 % au deuxième trimestre, on a encore l’air d’hésiter en relançant la guerre des pixels pour ses appareils professionnels. Chez Nikon, même si on a le sentiment que le pire est passé, les ventes de Coolpix, les gammes compact et bridge, ont été divisées par deux depuis le début de 2014, et du côté des reflex professionnels, si Nikon reste leader du marché, les ventes restent mitigées.

 

Mais la surprise depuis trois ans vient de l’apparition de toute une nouvelle gamme d’appareils hybrides développés par quelques acteurs inattendus du marché : Fujifilm, Panasonic, Olympus, Samsung. Les hybrides experts, qui jouent beaucoup sur la vague rétro en matière de style et qui offrent une qualité inédite pour ce type d’appareils, ont créé tout un segment de marché qui illustre une réalité enthousiasmante : la spécialisation du grand public.

 

On peut en effet penser que l’usage quotidien de la photo développée grâce aux smartphones a permis à toute une génération d’amateurs d’apparaître, avec un désir de montée en gamme en terme de matériel.

Nouveautés matérielles et culture photographique, le Salon offre un panorama varié sur le monde de la photo.

 

Le Salon de la photo est l’occasion, pour le public parisien, d’être le témoin de ces mutations, depuis 2007, date de sa première édition. Le Salon n’est en général pas le lieu des grandes annonces professionnelles. Photokina tous les deux ans à Cologne, le CP+ à Tokyo, ou l’IFA et le CES sont les grands moments de l’année pour les constructeurs. Mais il reste un lieu à la croisée des chemins, où se côtoient les professionnels avertis, les amateurs éclairés et un grand public en phase d’acquisition.

 

En près de dix ans, le Salon de la photo est devenu un des plus grand rendez-vous européens, avec 70 000 visiteurs annuellement, mais « avec des caractéristiques bien françaises, inspirées de la tradition humaniste de la photographie sociale française » précise Eric Lenoir, qui dirige l’événement. Toute une série de rencontres sont organisées lors des « Grandes Rencontres », qui sont autant d’occasions de croiser des signatures prestigieuses. Cette année, Bettina Rheims, Guillaume Herbaut, Jean-Paul Goude ou Elliott Erwitt se déplaceront pour évoquer leur pratique photographique. Plusieurs expositions disséminées dans les allées du Salon donnent aussi à voir le point de vue exceptionnels de grands noms de la photo. Une amitié argentique rassemble 120 tirages noir et blanc de Gianni Berengo Gardin et Elliott Erwitt réalisés entre 1950 et 2014.

La Maison européenne de la photographie propose une retrospective japonaise hors les murs, depuis les célèbres clichés de Shomei Tomatsu, avec sa série

« Nagasaki », jusqu’aux autoportraits contemporains de Kimiko Yoshida.

Un autre espace présente les photos de Théo Gosselin, le jeune photographe qui a signé l’affiche 2015 du Salon de la photo.

 

Le Salon de la photo, c’est surtout l’occasion de prendre en main tous les derniers boîtiers et objectifs distribués par les marques. Et si vous voulez passer à l’acte, c’est aussi la plus grande boutique de photo d’Europe condensée en un même lieu. Petit tour d’horizon en photos.

 

C’est un hybride 24 × 36 à objectifs interchangeables. Il permet aux fidèles de la marque d’enfin réutiliser leur objectifs Leica R, inexploitables sur du grand capteur jusqu’à présent.

Un viseur électronique ultra vitaminé (4 millions de pixels), un double écran LCD, 24 millions de pixels propulsés par le processeur Maestro 2. Et un style unique une fois qu’on l’a en main.

Lire aussi l’article : Leica fête ses 100 ans.

Avec son objectif  équivalement un 25mm - 600mm,  qui ouvre à f/2,8 constant, Avec son objectif 25-600mm, qui ouvre à f/2,8 constant, cet appareil a de nombreux atouts. Tropicalisé, viseur électronique, stabilisation 5 axes, photos 4k en rafale et vidéo 4k, 20 Mpx et sensibilité en hausse (6 400 iso), il a tout pour lui.

Cette année, Olympus a mis à jour ses deux boîtiers experts, l’OM-D E-M5 mark II et l’OM-D E-M10 mark II. Ce sont deux petits boîtiers, dans un design très classique, avec leurs repose-pouce bien pratique, et des mensurations exceptionnelles. Équipés de viseurs électroniques très subtils, ils ont une vitesse de mise au point très réactive.

Le concept Theta de Ricoh n’est pas nouveau, et la société japonaise peut se vanter d’avoir lancé la première un système d’acquisition vidéo en 360° performant et abordable. Mais la qualité n’était pas forcément au rendez-vous. Avec sa nouvelle version Theta S qui offre une acquisition en Full HD, c’est un pas de plus vers la démocratisation de la VR qui est fait.

Dans le triptyque bien connu des Alphas 7, 7R et 7S, le 7R est monté en gamme cette année avec une seconde version encore plus performante. Boîtier hybride full frame (24 × 36) plutôt cher, mais moins que le Leica SL, le nouveau Sony 7R II, avec les 42 Mpx de son capteur Exmor et le post processing de son moteur Bionz, délivre des photos d’une qualité exceptionnelle. Sony a aussi ouvert un

« bar à objectifs » très bien fourni, pour se faire une meilleure idée du potentiel de ses boîtiers.

Avec ses 20 millions de pixels et le nouveau processeur Expeed 5 de la marque, le J5 offre une qualité d’image surprenante. Difficile de se réhabituer à l’écran comme seul système de visée cependant.

Le Salon de la photo a ouvert « Little planet » cette année, un espace d’exposition pour les enfants, où les clichés exposés sont à hauteur de leurs regards. Marché de niche, la photographie enfantine devrait offrir un vrai potentiel avec une génération de digital natives de plus en plus sensibilisée à la pratique photographique. C’est dans cet esprit que Nikon propose le S33, un petit appareil étanche à l’eau et à la poussière, qui résiste aux chocs et au froid. 13 Mpx, vidéo en Full HD, pour 99 euros.

Un des rares fabricants de matériel photo qui peut se targuer d’avoir un bénéfice net d’exploitation en augmentation de 16 % sur le premier trimestre 2015.

Fujifilm présente le XT10, le petit dernier de sa série X qui a initié la mode des compacts experts et des hybrides haut de gamme il y a trois ans. Disponible depuis l’été, le XT10 vient compléter l’offre pléthorique des compact experts de la marque, mais avec des caractéristiques techniques très sérieuses, pour un prix relativement faible.

L’idée est séduisante, et elle a déjà été explorée par Sony avec ses « smartlenses » DSC QX10 et QX1. Si vous trouvez que votre smartphone reste ce qui est le plus pratique pour photographier et partager vos clichés, pourquoi ne pas y ajouter un système optique d’optimisation de la prise de vue ? C’est ce que propose DXO, spécialiste français du traitement de l’image, avec son complément optique, le DXO one, qui délivre une image de 20 Mpx, sur un capteur 1 pouce, avec un objectif assez lumineux qui ouvre à 1,8.

Bernard Monasterolo

Le GX8 est destiné à devenir pour la photo ce que le GH4 est devenu pour l’acquisition vidéo : un incontournable. Avec son processeur Venus Engine, son stabilisateur 4 + 2 axes et son nouveau capteur 20 Mpx, il permet une prise de vue exceptionnelle. Il embarque aussi le nouveau système « 4k photo » qui offre la possibilité de déclencher en rafale permanente.