Le nationalisme, le chauvinisme, le patriotisme sont les ennemis du genre humain


Ce doit être une question de gènes mais tout ce qui s’apparente au nationalisme, au chauvinisme, au patriotisme, à tous ces réflexes grégaires d’appartenance à une nation, un pays, un terroir, un club de gym, une amicale de pétanque, une confrérie de buveurs de thé, provoquent chez moi une répulsion si grande que la seule vue d’un drapeau me rend nauséeux comme un chat voyageant dans la soute d’un avion.

L’idée même de frontière m’est étrangère.

Je ne vois pas au nom de quoi on interdirait à un être humain de vivre sa vie où bon lui semble ou de l’obliger à quémander un visa afin d’avoir le privilège de poser ses valises que ce fut à New York, Tombouctou ou Pétaouchnock.

La terre n’appartient à personne si ce n’est à tout le monde.

S’encroûter durant des générations entières dans le même lopin de terre, respirer le même air que ses lointains ancêtres, réclamer sa place dans un caveau familial abritant le cadavre de feu son arrière-arrière-arrière-grand-père m’apparaissent comme autant de signes de dégénérescence mentale, d’esprit figé à jamais dans les vestiges du temps, de vies rances, défuntes, mesquines, étriquées, prudentes, si prudentes.

Ce n’est pas très raisonnable ce que je dis.

C’est même injuste.

C’est pourtant ce que je ressens.

De savoir qu’on mourra très exactement au même endroit où notre vie a commencé devrait donner au nouveau-né des envies de se suicider à priori en se pendant à son cordon ombilical. 

Cette idée d’ancrer son existence dans les mêmes pâturages que ceux de ses parents devrait être proscrite par les lois humaines, va vis et deviens, le monde est vaste, ne reste pas accroché à ton terroir d’origine comme une moule ahurie à son rocher d’adoption, voyage, prends le large, oublie d’où tu viens, ne deviens pas celui que tu es censé devenir, ne te fixe aucune limites, respire les vents marins, enivre-toi de tes découvertes et ne t’arrête jamais. (Mais oui c’est ça Papy)

Deviens le compatriote de ta propre folie.

Le monde est infini et en même temps il peut fort bien se résumer aux quatre murs de sa chambre, insupportable paradoxe que la raison humaine ne saurait admettre. (hein ?)

Je est un autre et la vraie vie est ailleurs. (Rimbaud)

Ah et puis cette maudite obligation de soutenir un sportif, un artiste, un architecte, un ventriloque ou un truand au seul motif qu’il porterait haut les couleurs de sa terre natale, qu’elle est donc bête, sotte, niaise cette idée-là, cette identification forcenée à un individu ou à une équipe qui, par ailleurs, n’évoque en vous rien d’autre qu’un morne ennui, une plate désolation, cette absolue nécessité de l’encourager au nom de son appartenance à la même tribu que la vôtre !

Il faut aimer les gens pour ce qu’ils sont et jamais pour ce qu’ils représentent. (Saga, hélas)

Je ne vais quand même pas aller supporter l’Olympique lyonnais lors d’une joute européenne au seul motif que Lyon se trouverait être la capitale des Gaules, je ne vais pas me farcir la pléiade de Marc Levy juste par amour du drapeau tricolore, je ne vais pas écouter l’intégrale de Mireille Mathieu parce qu’elle chante sur le Pont d’Avignon.

Il me reste un sou de raison.

Les émotions et les passions ne reconnaissent ni la couleur du sang, ni celle de la peau, elles sont apatrides, elles sont universelles, elles voyagent sans carte d’identité ni passeport, elles viennent d’ici et d’ailleurs, elles parlent au cœur des hommes par-delà les frontières et les barbelés. (C’est beau)

Aujourd’hui les gens ont peur de tout.

Un rien les effraie et ils réclament sans cesse d’être consolés et réconfortés par leur mère nourricière, ces vastes terres où ils ont grandi, ces terres bien à eux, à eux seuls, ces terres devenues à force des linceuls où ils s’enterrent de leur vivant par peur de s’ouvrir à l’autre, à tous les autres.


Le nationalisme est la négation de la vie.

Le chauvinisme, la religion des perdants, des aigris, des culs-terreux, des petits morveux de l’identité nationale.

Le patriotisme, l’amour de soi au-delà du raisonnable (parfois).


Dimanche Lyon reçoit Saint-Etienne.

Alors le temps d’un instant, j’oublierai tout ce que je viens d’écrire.

Je deviendrai moi aussi cet attardé du bulbe, reverdissant à la vue d’un simple maillot auquel je serai resté fidèle toute ma vie.

Saint-Étienne, ce serait comme mon terroir à moi.


Finalement les seules nations qui comptent, ce sont celles de notre enfance. (Applaudissements) 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

11 commentaires pour “Le nationalisme, le chauvinisme, le patriotisme sont les ennemis du genre humain”

  1. « Ce n’est pas très raisonnable ce que [vous] dites. C’est même injuste ». En effet, mais enfin, vous paraissez si soulagé de cette promenade d’homme libre et universel, d’avant-gardiste du bulbe, quoi, que ne saurait même pas vous en tenir rigueur quelqu’un qui aurait une « vie rance, défunte, mesquine, étriquée, prudente, si prudente ». En dépit même de son étroitesse d’esprit, sa clémence vous accorde un grand pardon. De temps à autre, il faut un coup de ce grand large qu’on ne côtoie qu’entre les quatre murs de son logis. Et puis, « as you like it » comme disait l’immense William.

    Mais – un « mais » toujours gâche la fête –, deux vétilles restent sans doute en travers de la gorge d’un bataillon d’ « accroché[s] à [leur] terroir d’origine comme de[s] moules ahurie[s] ». La première : qu’avez-vous donc contre les mollusques bivalves, ingurgités à Lille avec des frites, à Sète farcies, par les Ibériques avec du riz ? La seconde vétille : d’où sortez-vous cette « maudite obligation de soutenir » tels équipe, artiste, truand, arborant le fanion de leur terre d’origine ? Serait-ce une contrainte constitutionnelle, morale, familiale ? Passionné que vous êtes de la liberté, quel besoin avez-vous de vous infliger semblable devoir ? Vous ne manquez jamais, il est vrai, de confier la moindre de vos incohérences : pour un travers collé à tout humain comme arapède à son rocher, clémence !

    Mais [voir plus haut] pour la tirade « Pirouette, cacahuète » sur nationalisme, chauvinisme, patriotisme, de même que pour un titre proche du leurre, l’absolution est suspendue jusqu’à consultation attentive d’un dictionnaire. Allez on fait bon poids : itou pour l’article « amalgame ». [Évidemment, le refus est autorisé.]

  2. Quand les drapeaux sont déployés toute l’intelligence
    est dans la trompette .
    Sweig

  3. Il me semble, j’écris bien il me semble, sans vouloir juger, que le premier paragraphe dit tout en ce qui concerne vos états d’âme ! C’est criant, il n’y a pas besoin d’épiloguer et d’écrire un discours aussi long… Vous êtes tout simplement un anticonformiste et sans doute un râleur impénitent quant aux faits, us, coutumes, religions qui règlent la vie en société !!! Vous avez le droit d’être ainsi, mais arrêtez de vous regarder le nombril, un peu de modestie, d’ouverture d’esprit et de tolérance ! Quelqu’un m’a dit un jour que sur cette Terre, le soleil brille pour tout le monde… Ce que vous êtes, vos pensées, votre mode de vie vous sont propres, mais permettez que d’autres soient différents… Vous ne referez pas le monde à vous tout seul, d’autres s’y sont essayé !!! Vous n’empêcherez jamais un croyant de croire, un supporter de supporter son équipe, un citoyen d’aimer son pays, d’en être chauvin et patriote ! Les hommes, les femmes sont ainsi faits, mais je ne vous l’apprends pas, qu’ils ont besoin de repères pour assumer leur vie terrestre… Vous, c’est apparemment l’écriture qui vous défoule, vous permet de vider votre sac, votre rage et votre agacement face aux réalités de la vie, limite misanthrope…
    “Le nationalisme, le chauvinisme, le patriotisme ne sont pas les ennemis du genre humain”, ils en font entièrement partie, surtout dans l’esprit de bien des citoyens et c’est même atavique, dans toutes les couches de la société…Les états législateurs nous ont forgé des Lois, Droits et Devoirs pour nous permettre de vivre en société, nous ont donné un cadre dans lequel nous pouvons vivre, limité par des frontières et chacun se retrouve à une appartenance ethnique dans laquelle il assume sa vie, sa famille, sa personnalité, ses ambitions, ses espoirs en se rattachant, consciemment ou pas, à des valeurs qui lui permettent d’accepter et de vivre parmi les vicissitudes de la vie…Imaginez 7 milliards d’humains livrés à eux mêmes, faisant fi de tout ce qui règle nos sociétés !!!???
    Quant à supporter, arrivez vous à vous supporter vous même !?

    PS : “Avant tout, une mise au point. A priori, je ne vous aime pas et je me contrefous de savoir si vous m’aimez ou si vous allez apprécier ou pas ce que je vais pouvoir radoter…”
    “A bientôt donc mon idiot de semblable, mon crétin de frère, mon stupide cousin. Sois donc soulagé: désormais, dans le désert de ta connerie qui est infinie, tu ne seras plus jamais seul “.

    Sans haine, sans violence, sans antipathie…”Que périssent les Narcisses, ces branleurs du Moi en émoi”… ou miroir, oh mon miroir ne suis-je pas le meilleur en ce bas monde !!!???

  4. Au même titre que la ballade des gens qui son nés quelquepart, bien que moins poétiques, ces lignes acides me soulagent et font plaisir à lire. Ca défoule, et pour répondre aux commentaire mal assumés, oui c’est paradoxal d’établir une morale contre les morales. Contre les morales religieuses, régionales, traditionnelles, nationales, qui nous imposent leur façon de voir et leur paradigmes au combien fermés au différent. Oui on vous fait ici la morale, mais une morale qui prône l’ouverture d’esprit pour aller à la rencontre de ces autres systèmes de valeurs, jusqu’à ce que vous soyez capable d’établir le votre. Votre propre morale, qui transcende toutes les règles établies au service de société bien pensantes auquel il est si difficile de vous soustraire. Vivre en groupe nécessite des règles certes, mais au nom de qui choisit-on les normes héritées des générations précédentes, pour ne pas dire dépassées, pour se complaire dans le “c’était mieux avant”, ou se laisser diriger par des dogmes sectaires, oups! “religieuses” sans fondements actuels pertinents. Vous avez bien sûr la liberté de rester idiot et de vous complaire dans ce que vous connaissez et uniquement ce que vous connaissez, mais le problème, c’est qu’en devenant vieux, ou pas (le temps ne fais rien à l’affaire) vous risquez bien fort de défendre le seul et unique paradigme dans lequel vous avez vécu. Vous êtes libre vivre comme vous l’entendez mais vous n’êtes pas libres de nous cassez les pieds avec votre morale.
    “Gloire à qui n’ayant pas d’idéal sacro-saint
    Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins ! ”
    Brassens passe décidément très bien avec cet article!

  5. Sérieux le Jack!

  6. L’Universalisme de gauche dans toute sa splendeur.

  7. Ca n’a rien de “gauche” ou de “droite” (se renseigner sur l’histoire de la gauche): c’est juste une posture de supériorité méprisante. Ce genre d’articles me dégoûte.

    Quel sens y a-t-il à prôner l’universalité et l’amour de tout le monde tout en traitant d’idiots une bonne partie de l’humanité et, quand on y pense, de toute la terre etant donné que chaque lieu doit bien avoir des habitants pour l’aimer.

    Mais bon, si la haute opinion que l’auteur a de lui-même le fait se sentir bien, tant mieux pour lui.

  8. Bobo à parler. L’idée même que vous puissiez avoir un bien ou ne serait ce qu’une porte me dérange…

    J’ai vraiment envie d’être partout chez moi, mais vraiment partout ! De pouvoir faire ce que je veux et d’être un homme libre, pouvoir chier dans vos salons (qui sont aussi le miens) etc…

    Après les frontières, on enlève le nom des régions, puis celle des villes, on enlève les grillages, les barbelés, on supprime les portes, les fenêtres, les murs, puis à la fin on supprime enfin la dernière frontière… Le corps pour que seul l’âme persiste, libre, sans même une seule notion de genre humain.

    Bref, vous êtes un con.

  9. Là ou vous êtes clairvoyant quand à vos contradictions et où vous faites preuve d’une certaine humilité, vos commentateurs ne sont que des bœufs incultes, gavés à la “mauvaise foi” à base de “moi je” et pas avares en contradiction ce qui illustre la véracité de vos propos. Ceci étant dit je suis du 9-3 le premier qui me traite de bobo n’aura qu’à aller niquer sa mère.
    Pourtant Renan l’a dit, les Nations ont une fin et Cocteau nous expliquait que la jeunesse gavée au patriotisme en fut fort dépourvue quand la paix fut venue.
    Sur ce je vous souhaite une bonne semaine.

  10. Ça va vous faire rire, les défenseurs du terroir attaqués à coup de pelle par des défenseurs du terroir, le terroir un concept à relativiser http://m.leparisien.fr/aquitaine/landes-bougrain-dubourg-et-des-militants-de-la-lpo-agresses-a-coup-de-pelle-09-11-2015-5261605.php

  11. Nationalime et chauvinismes sont fort dangereux, mais PATRIOTISME a un sens différent, il signifie une volonté de SE DEVOUER pour la patrie… et le dévouement est une chose belle et rare!

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