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Le Québec dans un match de lutte à finir... contre les changements climatiques

LES JEUNES ONT LA PAROLE - En décembre, le Canada va parler au nom du Québec. À Paris, Justin Trudeau portera le bilan canadien de neuf années d'investissement dans la production d'énergie la plus polluante au monde.
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Quelle place pourrait et devrait jouer le Québec dans le monde au vingt-et-unième siècle? La réponse semble évidente, à moins d'un mois de l'ouverture de la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) à Paris. Le Québec pourrait et devrait agir comme leader mondial sur cet enjeu; il nous manque seulement un peu de volonté politique.

La lutte contre les changements climatiques est la lutte de notre siècle, la lutte de notre génération. En tant que jeunes militants du Parti Québécois, nous sommes conscients du défi que cela signifie pour tous les acteurs économiques, sociaux et citoyens, mais nous devons prendre nos responsabilités comme nation, sans quoi le défi sera encore plus grand en termes d'adaptation face aux changements climatiques et d'atténuation des impacts, et ce, à l'échelle mondiale. En ce sens, nous saluons l'annonce récente d'une cible de réduction des GES de 37,5% d'ici 2030 et l'actuel effort de réduction d'ici 2020. Il y a toutefois lieu de s'inquiéter sur ces cibles, qui, lancées en l'air, sans plan concret et sans suivi, risquent fort de tomber à plat et de rester dans le domaine des promesses vite oubliées.

Les moyens spécifiques et particuliers sont nombreux, afin de relever ce défi. L'ingéniosité et l'inventivité québécoises ne sont plus à prouver. Il doit toutefois y avoir un effort structurant et planifié pour atteindre nos objectifs. À l'approche de la COP21, il nous apparait essentiel que la première brique dans l'édifice de la lutte contre les changements climatiques soit la tarification mondiale du carbone. Le Québec, via le SPEDE, fait figure de leader dans ce domaine et participe à un des plus gros marchés obligatoires au monde. Cette bourse du carbone assure que l'empreinte carbone des produits et des services est quantifiée et tarifée dans une perspective d'analyse de cycle de vie. Le marché du carbone constitue ainsi une opportunité inouïe. À l'heure actuelle, il y a moyen de se servir de ce levier afin de propulser l'économie du Québec. Contrairement à certaines croyances populaires, le marché du carbone n'est pas une surtaxe. Il y a également place à la vente de crédits compensatoires; des crédits générés par des PME québécoises, qui ont tout pour être des fleurons de l'économie de l'avenir : l'économie verte.

Il y a néanmoins un risque à ce marché. S'il est mal utilisé, il a aussi le potentiel d'être un lourd fardeau pour les contribuables québécois; se transformant, tel qu'annoncé par certains, en surtaxe et en fuite de capitaux. Au Parti Québécois, nous sommes soucieux de protéger l'environnement, sans pour autant alourdir le fardeau fiscal des contribuables. Pour éviter cette pente glissante, nous devons agir maintenant. Or, nous sommes très inquiets de voir la gestion faite actuellement par le gouvernement de Philippe Couillard en matière d'environnement, de développement durable et de lutte contre les changements climatiques; une illustration de l'incompétence et du laxisme qui gangrène cette équipe ministérielle sans vision environnementale et sans vision économique. La mauvaise gestion libérale quant au marché du carbone a pour conséquences que les Québécois n'en ont actuellement pas pour leur argent et que le Québec stagne, alors que d'autres États avancent.

Malgré tous les faux pas du ministre Heurtel, le Québec demeure un pionnier dans la décarbonisation de son économie, tel un élève modèle face à plusieurs provinces de la fédération canadienne. Fédération qui est, de son côté, un État voyou en matière de lutte contre les changements climatiques, par son retrait de Kyoto et l'alignement de sa politique économique autour du pétrole bitumineux. La position favorable du nouveau gouvernement fédéral quant au passage de l'oléoduc d'Énergie Est sur le territoire québécois et l'absence d'un véritable « plan » pour mettre un frein à l'exploitation des sables bitumineux, place le Québec et le Canada en opposition claire. Les intérêts du Canada sont, encore une fois, diamétralement opposés aux intérêts du Québec, et ce, quelles que soient les belles paroles du premier ministre Trudeau. Par ailleurs, Justin Trudeau a annoncé, en campagne électorale, qu'il souhaite financer les projets d'énergies renouvelables au prorata des émissions de GES.

Malheureusement, cela favorisera, certaines provinces canadiennes au détriment du Québec. En effet, ce sont les gros pollueurs comme l'Alberta qui bénéficieront de cette politique. Étant plus avancé à ce niveau, étant plus vert, le Québec devra payer sa part afin de financer les cancres canadiens. C'est inacceptable, mais pour pouvoir nous prendre en main et cesser de participer à ce pétro-État qui nous nuit, il faut faire du Québec un pays.

En décembre, le Canada va parler au nom du Québec. À Paris, Justin Trudeau portera le bilan canadien de neuf années d'investissement dans la production d'énergie la plus polluante au monde. Pourtant, le Québec peut être fier du développement de ses secteurs d'énergies propres et renouvelables, de son hydro-électricité, des investissements dans l'exploitation de son potentiel énergétique éolien et de sa sortie du nucléaire, notamment. Nous avons des projets prometteurs, structurants, créateurs de richesse et générateurs d'emplois, liés à l'économie verte. Pensons aux innovations permettant une meilleure valorisation de nos matières résiduelles ou encore, à l'électrification de nos transports. L'une des meilleures façons de réduire nos émissions de GES c'est en investissant dans les transports peu polluants, collectifs et électriques. Nous avons à la fois le potentiel énergétique, ainsi que des PME québécoises reconnues dans ce domaine. La lutte contre les changements climatiques est un devoir collectif, éthique, pour l'environnement certes, mais également parce que les sociétés qui seront les premières à s'être sorties du pétrole seront celles qui iront chercher les plus grandes retombées économiques. Le Québec doit en être.

Le Québec peut et doit être un pays pour agir comme leader mondial dans la lutte aux changements climatiques. Il est temps, maintenant plus que jamais, d'agir, de prendre part à cette lutte et de saisir cette opportunité qui propulsera le Québec du vingt-et-unième siècle. Si l'Histoire est écrite par les gagnants, soyons de ceux qui l'écrivent maintenant.

Ce billet de blogue est cosigné par Mathieu Désilets, conseiller de l’exécutif du Comité national des jeunes du Parti Québécois (CNJPQ), responsable des relations avec la société civile, et Laurent Pilon, président du Comité sur l’environnement, le développement durable et les ressources (CEDRE-PQ).

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