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« French-bashing » : la riposte de l'ambassade de France agite le Royaume-Uni

Les conservateurs britanniques n'ont pas apprécié la réponse de l'ambassade à un article dénonçant « l'échec de l'expérience socialiste » française.

Le Monde

Publié le 16 janvier 2014 à 04h37, modifié le 16 janvier 2014 à 16h21

Temps de Lecture 3 min.

A Paris, le 11 novembre.

La réponse de l'ambassade de France à Londres à un article de presse dénonçant « la tragédie » de « l'échec de l'expérience socialiste » française a suscité des remous dans les rangs conservateurs britanniques.

Le texte, publié le 7 janvier dans le quotidien économique gratuit City AM, s'apparente à une description catastrophiste de la santé économique de la France et à une critique de la politique menée à Paris. L'auteur, Allister Heath, y dénonce notamment « un Etat prédominant, des niveaux d'imposition affreusement élevés (...) et une haine généralisée du commerce, du capitalisme, du succès et de l'effort ».

Interprété comme un nouvel exemple de « french bashing » (dénigrement de la France), l'article a fait réagir l'ambassade de France, qui a publié trois jours plus tard une réponse, en anglais et en dix points détaillés, pour démentir ou corriger les affirmations de son auteur. Ce qui n'a pas empêché le journaliste de rester « dubitatif » sur ce sujet, comme il l'a signalé sur son compte Twitter :

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L'ambassade dénonce un contenu « idéologique, mélange de préjugés et d'erreurs », en précisant que la dépense publique en France, dont City AM critique l'inefficacité et le niveau élevé, sert à financer notamment un service public de santé de qualité reconnu. Elle établit une comparaison avec le système britannique, le NHS, jugé « défaillant ».

« LE VIN ET LE FROMAGE », MAIS PAS LE NHS »

La critique n'a pas été du goût du ministre de la santé britannique, Jeremy Hunt, qui a riposté mardi dans un article du Daily Telegraph. Celui-ci dénonce le « langage très peu diplomatique » de l'ambassadeur français, » et défend le NHS, dont les dysfonctionnements font régulièrement les gros titres de la presse, mais qui reste une institution chère aux Britanniques.

« On est peut-être confrontés à une rude concurrence des Français pour le vin et le fromage, mais ce n'est pas sans raisons que le NHS nous rend fiers d'être Britanniques, plus que toute autre institution, défend M. Hunt. »Le NHS ne devrait pas être attaqué pour être ouvert et transparent sur ses difficultés, et surtout pas par un pays qui ne publie pas autant de données sur la sécurité des patients. »

Le même article cite aussi un député conservateur, Dominique Raab, qui voit dans la réaction de l'ambassadeur français la preuve par excellence du « sentiment d'insécurité gaulois », et assène que « ce n'est pas pour rien que Londres est désormais la sixième ville française : c'est parce qu'un nombre grandissant de travailleurs français reconnaissent que l'expérience socialiste à échoué ».

« ÉMEUTES » ET « ÉTAT DÉMESURÉ »

La riposte diplomatique a aussi piqué au vif le député conservateur Jacob Rees-Mogg, qui a dénoncé mercredi dans le Times une « hyper-sensibilité inappropriée » de l'ambassade. Le Huffington Post britannique a rapporté de son côté de nombreuses réactions outre-Manche, critiquant ici l'ambassadeur et sa réaction « excentrique et indigne », attaquant là le président François Hollande sous l'angle de ses dernières frasques amoureuses. Ainsi, le conservateur Brooks Newmark, membre du conseil du Trésor, ironise sur un chef de l'Etat qui « semble gérer les finances de son pays aussi bien que ses affaires personnelles ».

Du côté des arguments socio-économiques, un autre député conservateur membre du conseil du Trésor, Mark Garnier, juge que les « émeutes, les activités syndicales criminelles, une économie stagnante, des résultats douteux et tout l'agenda socialiste ne dépeignent pas vraiment un pays qui serait à l'aube d'un cycle économique vertueux ». Tandis qu'un conseiller ministériel, David Rutley, estime que Paris ferait mieux de mettre en œuvre en priorité la réforme européenne et la libre entreprise.

Même l'économiste en chef de l'Institut des directeurs, une organisation de chefs d'entreprises, a donné son avis : « Quelles que soient les opinions suffisantes de l'ambassade de France, beaucoup de chefs d'entreprises français se sentent beaucoup plus préoccupés par le poids d'un Etat démesuré, une régulation excessive et les entraves à la compétitivité de la part d'un membre de la zone euro. »

Le 3 janvier, le magazine américain Newsweek avait publié un article controversé sur « La chute de la France », déclenchant une cascade de réactions dans l'Hexagone, en raison notamment de nombreuses erreurs factuelles, relevées par Le Monde.fr. Le ministre de l'économie, Pierre Moscovici, avait critiqué un « pamphlet » qui suscite « une certaine hilarité ». L'hebdomadaire américain avait récidivé quelques jours plus tard avec l'article « Comment la nation du coq est devenue la nation de l'autruche », également truffé d'imprécisions :

Lire les décryptages : The fall of « Newsweek » : les mille et une erreurs d’un article de « french bashing » et The fall of « Newsweek » 2 : Quand l’hebdo se trompe à nouveau

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