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Absences, divisions… Les Républicains incapables d’afficher leur unité pour les régionales

Le conseil national du parti, qui se tenait samedi, a mis en lumière de manière éclatante les divisions internes sur fond de rivalités pour la primaire avant 2017.

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Publié le 07 novembre 2015 à 19h31, modifié le 08 novembre 2015 à 19h08

Temps de Lecture 4 min.

Le conseil national du parti, qui se tenait samedi, a mis en lumière de manière éclatante les divisions internes sur fond de rivalités pour la primaire avant 2017.

Ce devait être une occasion, pour la droite, d’afficher une image d’unité à un mois des élections régionales. Il n’en fut rien. Au contraire. Le conseil national des Républicains (LR), qui s’est tenu samedi 7 novembre, à Paris, à la Mutualité, a mis en lumière de manière éclatante les divisions internes au sein du parti, sur fond de rivalités pour la primaire pour la présidentielle de 2017.

Certes, l’ensemble des candidats aux régionales LR (Valérie Pécresse, Christian Estrosi, Xavier Bertrand, Virginie Calmels, Laurent Wauquiez ou Bruno Retailleau) et la plupart des ténors du parti (Brice Hortefeux, Eric Ciotti ou Eric Woerth) étaient bien présents pour appeler au rassemblement et à la mobilisation des troupes, afin de l’emporter au scrutin des 6 et 13 décembre. Mais ce sont surtout les absents qui se sont fait remarquer.

Deux rivaux de Nicolas Sarkozy pour la primaire ont brillé par leur absence : François Fillon pour cause de déplacement à La Réunion et Alain Juppé, qui avait prévu de faire une apparition dans la matinée avant de partir pour un déplacement en Corrèze. Le maire de Bordeaux, qui devait prononcer un discours vers 13 heures pour clôturer les travaux de la matinée, n’a même pas pu venir : une panne informatique à l’aéroport d’Orly l’a empêché de « décoller de Bordeaux ». « Dommage ! J’avais préparé un bon discours », a-t-il écrit sur Twitter, avant de publier deux billets de blog (ici et ) pour résumer le message qu’il entendait passer.

Bruno Le Maire, lui, a passé une tête dans la matinée sans prononcer de discours à la tribune. Après s’être entretenu avec M. Sarkozy en privé, le prétendant à la primaire a filé vers 13 heures au salon du « Made in France » au Parc des expositions, à Paris. Même la vice-présidente du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet, a « séché » le discours du patron de sa formation en s’envolant pour une visite au Liban. Chacun avait sa propre raison de ne pas écouter le discours de M. Sarkozy. Tous avaient la même intention : montrer leur indépendance vis-à-vis du président du parti, dans la perspective de la primaire.

« Je n’accepterai aucune exception à l’unité »

En l’absence de ses concurrents, Nicolas Sarkozy en a profité pour se poser en garant de « l’unité de la famille ». Manière de faire passer ses concurrents pour des diviseurs, avec le secret espoir de leur faire perdre des plumes dans l’électorat de droite. « A vingt-neuf jours des régionales, je n’accepterai aucune exception à l’unité, que ce soit dans les régions, dans les départements et au niveau national », a-t-il tonné, en lançant à l’attention de ses concurrents : « Les primaires doivent s’incliner derrière le calendrier. Protégeons les régionales des primaires ! »

« L’unité, c’est une stratégie pensée, réfléchie, voulue, que j’imposerai quoi qu’il arrive et à laquelle je ne renoncerai jamais car sans unité, il n’y aura pas de victoire (…) et pas d’alternance. L’unité, c’est comprendre que naturellement dans une famille politique comme la nôtre, il y a des histoires, des cicatrices, des lâchetés, des tromperies, des infidélités, mais il y a la France. Et la France impose cette unité. Pour moi, c’est une école de tous les jours (…) C’est pour cela que j’ai pris la peine d’écouter tous les discours aujourd’hui », a-t-il poursuivi en référence à l’absence de ses rivaux pour écouter son propre discours.

Avant de vanter ses efforts pour rassembler son camp : « L’unité, c’est plus difficile à réussir que la division car cela demande des efforts sur le long terme. Un effort car il faut faire semblant ne pas avoir entendu ce qu’il ne vous plaît pas. Quand il y a des sous-entendus que vous devez comprendre, eh bien vous ne les entendez pas. » Dans son esprit, ses rivaux prennent le risque de froisser les sympathisants de droite. Devant ses proches, M. Sarkozy a expliqué : « Les électeurs nous regardent et indexent la cote de chacun sur ce qu’il fait pour l’unité de la famille. »

Pataquès avec M. Reynié

Dans le rôle du bon élève sarkozyste, M. Wauquiez a abondé : « Que chacun remette au placard ses ambitions car il y a un seul mot d’ordre : reconquérir les régions. » « On ne réussit que collectivement. Si nous sommes séparés, nous serons condamnés. C’est pour cela que c’est important de venir aux fêtes de famille (…) Le premier qui divisera perdra », a également mis en garde Jean-Pierre Raffarin.

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Dans ce contexte déjà compliqué, un autre élément a parasité cette journée : le pataquès autour des listes de Dominique Reynié. M. Sarkozy a sévèrement rappelé à l’ordre sa tête de liste en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, en lui reprochant ouvertement d’avoir modifié sa liste dans l’Hérault, alors qu’elle avait pourtant été validée par la Commission nationale d’investiture (CNI) du parti. « Ce n’est pas une auberge espagnole, ici. Il y a une discipline et une organisation ! », a-t-il lancé à l’attention du politologue, sans le nommer, devant les près de 2 000 conseillers nationaux présents.

Lire : Régionales 2015 : Nicolas Sarkozy rappelle à l’ordre Dominique Reynié

Très remonté, le président de LR a tenté de faire pression sur M. Reynié pour le contraindre à déposer les listes adoptées par les instances nationales. Loin de se démonter, le candidat a montré qu’il n’entendait pas se soumettre à la volonté de l’ancien chef de l’Etat. Une heure environ après avoir été recadré, M. Reynié a réussi à se faire ovationner par la salle, en lançant depuis la tribune : « J’ai pris un engagement, cher Nicolas : cette région, jugée imprenable, je veux la prendre ! » La réaction de l’assistance fut si positive que M. Sarkozy a finalement applaudi celui qui ose lui tenir tête et contre qui les partisans du président du parti ne décolèrent pas. En fin de journée, un sentiment dominait à l’issue de ce conseil national : on a connu démonstration d’unité plus éclatante à un mois d’un scrutin.

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