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Doit-on réguler le sucre comme on régule le tabac ?

Il est doux pour notre palais mais amer pour notre santé. Le sucre doit-il être régulé ?

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Obésité, cancer et maladies chronique, le sucre peut avoir des effets néfastes sur la santé.

Par Marion Degeorges

Publié le 8 nov. 2015 à 10:01

Sur Terre, le sucre occupe beaucoup de place. Physiquement, beaucoup de place : 26.942.686 hectares de cultures. Le problème, c’est qu’avec les ennuis de santé qu’il entraîne, on ne s’y retrouve pas vraiment. C’est en tout cas le postulat de trois universitaires qui plaident pour une régulation de cette matière.

Mark Horton, professeur en archéologie, Alexander Bentley, professeur en sciences de la culture et Philip Langton, professeur en physiologie ont uni leurs plumes pour le site The Conversation. Au-delà d’une brève histoire du sucre, ils rappellent en quoi cette douce matière peut nuire à notre santé : « c’est une crise sanitaire mondiale qui se prépare depuis des siècles », jugent-ils.

Epidémie d’obésité, cancer, démence, maladies cardiaques ou diabète... Tous ces maux se sont répandus petit à petit dans les pays qui ont favorisé les glucides dans leur alimentation et leur économie.

> Selon les trois scientifiques, pour comprendre la prévalence du sucre dans notre société, il faut remonter le fil de l’histoire. Au départ, notre régime alimentaire ne contenait que très peu de sucre et aucun glucide raffiné. > Les premières cultures de canne à sucre remontent à 8.000 ans avant J.-C., en Asie du sud-est. Puis le sucre raffiné est apparu en Inde il y a 2.500 ans. Cette forme transformée est ensuite arrivée en Méditerranée au XIIIème siècle.> Cette matière « dont personne n’avait besoin, mais dont tout le monde raffolait », selon les mots des chercheurs, « a façonné notre monde moderne ». Très vites les larges plantations du Brésil et des Caraïbes sont apparues, ce qui a joué un rôle dans la traite transatlantique des esclaves. Avec ce marché humain se sont ensuite développées les banques et les assurances ; et tout cet argent a été investi dans les infrastructures de la révolution industrielle (transports et usines).

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Sucre et tabac, même combat ?

Tout comme le sucre, le tabac a d’abord été cultivé par des esclaves. Tout comme le sucre, le tabac était réputé bon pour la santé au départ. Et tout comme le tabac, le sucre produit aujourd’hui des effets néfastes sur notre corps, et cela s’observe après le boom de la consommation de ces produits (depuis le milieu du XVIIème siècle).

En fait, le concept d’épidémies industrielles est vrai pour le tabac et pour le sucre, affirment les trois universitaires. Si le caractère addictif du tabac n’est plus à démontrer, celui du sucre fait son chemin, comme le prouvent déjà certaines études.

Pire, l’emprise du sucre sur le XIXème siècle est plus forte que le « fléau du tabac ou même de l’alcool », estiment-ils. Pour eux, le sucre n’est pas simplement omniprésent, il représente 20% des apports caloriques de notre alimentation.

Le sucre, notre énergie fossile

Pour mieux comprendre notre rapport au sucre, Horton, Bentley et Langton le comparent aux énergies fossiles. Elles ne sont pas juste « un vice ou une mauvaise habitude », elles sont au cœur de nos modes de vies et de la géopolitique des territoires dont elles proviennent.

Le défi du XXIème siècle - et de la COP21 qui approche - est notamment de réduire notre utilisation des énergies fossiles. Pour les trois universitaires, ce défi s’applique également à notre consommation de sucre. Sauf qu’aujourd’hui encore, les politiques et les consommateurs eux-mêmes n’ont pas vraiment pris ce sujet au sérieux.

Le chemin est long

On peut toutefois souligner une petite avancée en France, quand, en 2012, la « taxe soda » est entrée en vigueur. Appelée plus explicitement « sugar tax » en anglais, elle n’est encore qu’à l’état de projet dans beaucoup de pays.

Le chemin est long, car comme pour le tabac ou les énergies fossiles, le sucre fait les yeux doux à notre économie. En terme de valeur, c’est même le troisième produit agricole mondial, après les céréales et le riz. En 2013, le sucre représentait 6,2% de la production agricole mondiale.

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Quel est le vrai coût du sucre ?

Réguler le sucre peut entraîner un manque à gagner pour les distributeurs, voire pour l’Etat. Mais que représente cette perte comparée au coût de certaines maladies entraînées par le sucre ?

En France, par exemple, en 2014, l’obésité a coûté 54 milliards d’euros, soit 2,6% du PIB. Combien coûterait réellement le sucre si on ajoutait à cette facture le cancer, la démence, les maladies cardiaques et le diabète ? Le prix des maladies chroniques - appelées affections de longue durée (ALD) - est d’ores et déjà pris au sérieux.

Au début de l’année, la Direction générale du Trésor tirait la sonnette d’alarme sur leur coût. En 2025, les ALD devraient concerner 20% des Français. Afin que leur prise en charge ne pèse pas trop lourd sur l’Assurance-maladie, le Trésor préconise déjà de réformer le système en profondeur, et donc, de mettre fin à la prise en charge à 100% des maladies chroniques.

Marion Degeorges

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