TNT gratuite : le CSA devrait dire oui à LCI

C'est l'un des dossiers brûlants de cette fin d'année médiatique : faut-il accepter le passage en gratuit sur la télévision numérique terrestre (TNT) de la chaîne d'information LCI (groupe TF1) et de Paris Première (M6) ? Le Conseil supérieur de l'audiovisuel planche sur la question depuis des mois. En juillet 2014, il avait répondu par « non » (lire le communiqué). Selon nos informations, et d'après plusieurs sources, les huit sages du CSA diront cette fois « oui » pour LCI, mais une nouvelle fois « non » pour Paris Première. Ces choix seront annoncés d'ici à la mi-décembre 2015.

BFM TV a grandi

Le CSA a toujours laissé ouverte la porte à un réexamen de la situation de LCI et de Paris Première en cas d'évolution « plus favorable des conditions de marché ». Aujourd'hui, le marché publicitaire reste déprimé. Mais ces derniers mois, estime-t-on quai André-Citroën, on contredit plusieurs idées reçues. BFM TV-NextRadioTV, le groupe d'Alain Weill dans lequel la société Altice de Patrick Drahi (SFR, L'Express-L'Expansion...) a annoncé une entrée au capital, ne peut plus se targuer d'être un petit poucet de la télévision. En outre, LCI fait face à un problème de disponibilité sur les offres ADSL : seule Bouygues Telecom, qui appartient également au groupe TF1, la propose. Le nouveau format de LCI proposé par le groupe présidé par Nonce Paolini – et bientôt Gilles Pélisson – a plu. Les sages savent que cette chaîne d'info de réflexion sur l'actualité dirigée vers les séniors valsera à la moindre actualité forte. Mais ils estiment aujourd'hui qu'il y a de la place pour tout le monde.

Quant au groupe M6, il reste un poids lourd du marché publicitaire et peut assumer les coûts de Paris Première. D'ailleurs, le format culturel de la chaîne aux couleurs orange, noir et blanc marche bien, avec notamment ses magazines décalés tels Zemmour & Naulleau et Paris Dernière. Paris Première est "la chaîne payante la plus regardée par l'ensemble du public, et la plus puissante en soirée", se félicite le groupe de Nicolas de Tavernost dans son rapport financier du premier semestre 2015. Selon des hypothèses présentées par M6, une diffusion gratuite aurait permis à Paris Première de tripler ses audiences (de 0,4 à 1,4 %).

Études d'impact et auditions

Avant de trancher officiellement, le CSA s'apprête à publier d'ici à la mi-novembre des études d'impact sur lesquelles il fondera sa décision. Ces études, requises par la loi, doivent nécessairement être publiées « avant » son choix, comme exigé par le Conseil d'État. Ensuite, il procédera à de nouvelles auditions. En juin 2015, la plus haute instance administrative avait annulé les refus du CSA du passage en gratuit de LCI et Paris Première au motif d'une « erreur de procédure » : il lui reprochait d'avoir publié les études d'impact requises « après » les décisions (refus le mardi 29 juillet 2014, puis études d'impact LCI et Paris Première le 30 juillet 2014).

Le choix du CSA va bouleverser le PAF. Avec le passage de LCI en gratuit, la France sera l'un des pays les plus « hard news » au monde. En 2016, quatre chaînes se battront ainsi sur le créneau de l'info en continu : BFM TV, i>Télé, LCI et la petite nouvelle que mijote France Télévisions.

La menace de BFM TV

Pas besoin de regarder dans une boule de cristal pour imaginer les réactions. Le groupe TF1 qui réclame ce passage pour LCI depuis 2011 pourra crier victoire et assurer avoir préservé environ 200 emplois. M6 se lamentera, car il ne pourra pas doper l'audience de Paris Première. Idem pour les trois autres grands acteurs de cette série 100 % française. Canal+ – Vivendi, NextRadioTV –, BFM TV et France Télévisions, qui ont tous trois été auditionnés par le CSA sur ce dossier, ne pourront que pleurer cette décision. Lors de son audition, la direction de BFM TV a menacé du pire : elle supprimerait une centaine d'emplois si LCI devenait gratuite. Le feuilleton de la TNT gratuite a encore de belles saisons devant lui.