Nous sommes Polony

"Nous sommes la France", de Natacha Polony, est le livre le plus rassembleur de tous depuis les attentats de janvier 2015. Nous l'avons lu.

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"Nous sommes la France", de Natacha Polony, est le livre le plus rassembleur de tous depuis les attentats de janvier 2015. © Le Point

Temps de lecture : 2 min

Le nouveau livre* de Natacha Polony ? D'abord, un ton. Peut-on résumer un essai à sa seule tonalité ? Assurément, dans le contexte d'une société aux innombrables plaies, où les panseurs – mot qui peut aussi s'accommoder d'un « e » – se muent parfois en lanceurs de sel. Laurent Joffrin aurait donc tort d'enfermer Natacha Polony dans la Réac academy, cette auberge franchouillarde dont il se veut le physionomiste en chef. Car Nous sommes la France est un livre à part, intéressant en cela qu'il se veut rassembleur, mot ringard s'il en est. Osons : il est le livre le plus rassembleur de tous depuis les attentats de janvier 2015 et pas seulement parce qu'il le proclame en son titre. Polony a beau mettre les pieds dans le plat, voir ce qu'elle voit, sinon ce ne serait pas elle et, dommage collatéral, son succès d'audience en pâtirait, elle le fait sans éclaboussures. Elle vise juste, soigne ses mots et on ne dénombre aucune victime collatérale. Un esprit qui devrait plus souvent animer la parole politique, médiatique et intellectuelle. Ce « nous », sous la plume de l'auteur, est tout sauf un « nous » vain et naïf. C'est un nous national, souverain, multiethnique – et non multiculturel sinon quoi le « nous » devient une addition de « eux ». Ce « nous » est une communauté d'héritiers, un plein existentiel, un attachement, un ancrage, une aventure commune, un peuple old school et new school retrouvé. Bref, la France.

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Sincérité et souci d'unité

En outre, il émane de cet essai plein de sang-froid une sincérité, et un souci d'unité non feint. Point de posture ni d'index menaçant. Polony, plus maternante que fouettarde. La journaliste, qui anime désormais son émission sur Paris Première (Polonyum), a également l'élégance, qu'elle en soit remerciée, de ne pas nous accabler de citations aussi belles qu'anachroniques pour appuyer ses théories. Le cheminement de sa réflexion est certes souvent attendu : elle tire la ficelle chronologique classique des faits répétés et éructés par d'autres avant elle – avis du Conseil d'État de 1989, parution du livre Les Territoires perdus de la République en 2002, occultation du rapport Jean-Pierre Obin en 2005, note de Terra Nova de 2011… –, mais c'est pour mieux porter haut l'école, incontestablement les pages les plus éclairantes du livre.

Au déni coupable d'une certaine gauche sur l'intégration, l'immigration et la laïcité, répond, selon Polony, une instrumentalisation tout aussi coupable de ces thématiques brûlantes. « Une mécanique mortifère détruit un peu plus chaque jour ce pays en exacerbant les peurs, les haines, les rancoeurs. » Une mécanique qui impose de choisir entre Plenel et Zemmour, entre celui qui prétend que l'islamophobie domine en France et celui qui proclame que « les musulmans ont leur Code civil, le Coran » et qu'ils « vivent entre eux dans les banlieues ». Qu'il est donc bon de découvrir l'existence dans le débat intellectuel d'un espace « séguino-chevènementiste » qui refuse ce manichéisme débile et systématique. La France vaut mieux que le chien de Pavlov.

*Nous sommes la France, Plon, 14,90€
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Commentaires (21)

  • Hal

    Là-bas, les automobilistes ne sont pas assurés pour les blessures corporelles occasionnées à des tiers. Ils doivent donc payer le leur poche en cas d'accident. Indemniser la famille d'un mort coûte moins cher que de pensionner à vie un jeune handicapé. Je vous laisse imaginer ce que certains font et que les caméras de surveillance ont révélé.

  • bernard_31540

    Mais les critiques sont plutôt très élogieuses... Sauf de la part de ceux qui se proclament tolérants ! Clic ! Clin d'oeil!.
    Il est grand temps que dans notre beau pays, la liberté d'expression redevienne ce panache synonyme d'intelligence.

  • Younes Bel Arabi

    Je pense qu'elle a écrit le livre afin de mettre un peu de cavir sur la cuillière oendant les fêtes de fin d'année.