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Candidat à la FIFA, le cheikh Salman mis en cause pour son rôle dans la répression au Bahreïn

Des organisations des droits de l’homme accusent le membre de la famille royale d’avoir participé à la violente répression de la contestation de 2011.

Par  (Beyrouth, correspondance)

Publié le 04 novembre 2015 à 16h33, modifié le 09 novembre 2015 à 14h19

Temps de Lecture 3 min.

Sepp Blatter et le cheikh Salman le 16 octobre lors de la finale de la Coupe d'Asie, à Sydney.

Il est l’un des sept prétendants au trône de la FIFA. Mais, depuis que sa candidature a été officialisée, cheikh Salman Ben Ibrahim Al-Khalifa, membre de la famille royale au pouvoir à Manama, est sous le feu des accusations d’organisations bahreïniennes des droits de l’homme, proches de l’opposition. Selon ces militants, l’actuel patron du football asiatique, âgé de 50 ans, a collaboré à la répression contre les athlètes qui soutenaient la révolte de 2011 contre l’autoritarisme du régime. Mardi 3 novembre, l’équipe de BIRD (Institut bahreïnien pour les droits et la démocratie, basé à Londres), qui mène la campagne contre la candidature de cheikh Salman, a adressé à la Fédération internationale de football un dossier où elle détaille ses critiques.

150 athlètes et coachs avaient été emprisonnés

Sayed Ahmed Al-Wadaei, directeur du plaidoyer au sein de BIRD, affirme que cheikh Salman, à la tête de la Fédération de football de Bahreïn jusqu’en 2013, a contribué à l’arrestation de joueurs, harcelés ou torturés durant leur détention, et aux sanctions prises contre des clubs. Il avait aussi été nommé, dans le petit archipel du golfe Persique, à la tête d’une commission établie par le Comité olympique bahreïnien en avril 2011, afin de punir les sportifs ayant participé ou soutenu les manifestations antirégime et « n’a jamais exprimé de regrets envers le sort infligé à divers acteurs du football », souligne M. Al-Wadaei, militant en exil.

Six joueurs de l’équipe nationale, dont la star Ala’a Hubail, n’ont jamais réintégré la formation après leur détention. Dans le milieu sportif, les footballeurs n’ont pas été les seuls visés en 2011 : quelque 150 athlètes et coachs avaient été emprisonnés. Les mises au ban ont aussi touché des employés du Circuit international de Bahreïn, dégradant l’image du Grand Prix de Formule 1 organisé dans l’ancien protectorat britannique.

Interrogé à la fin d’octobre par la BBC, cheikh Salman a vigoureusement démenti les allégations portées contre lui : des « mensonges obscènes » qui « nuisent à [son] image, mais aussi à celle de [son] pays », et répondent à un « agenda ». Selon lui, la commission d’enquête n’a jamais été opérationnelle et ses détracteurs « recyclent », depuis 2013 – date de sa candidature réussie à la direction de la Confédération de football asiatique – leurs accusations. Depuis cette interview, son équipe refuse de s’exprimer davantage, renvoyant au seul communiqué de presse : « Cheikh Salman n’a jamais été impliqué dans l’identification (…) ou le mauvais traitement de qui que ce soit. »

« Cheikh Salman n’a jamais expliqué ce qui s’est passé en 2011 et n’a jamais dit pourquoi les joueurs de football qui avaient été arrêtés n’ont pas regagné l’équipe nationale »

L’affaire s’étale dans les médias britanniques. L’intérêt y est d’autant plus grand que cheikh Salman, actuel vice-président de la FIFA, est l’un des candidats les plus en vue, et que Bahreïn et le Royaume-Uni entretiennent des relations historiques. Londres est aussi le théâtre de batailles judiciaires : en octobre 2014, une cour britannique retirait son immunité au prince Nasser Ben Hamad Al-Khalifa, fils du roi Hamad et président du Comité olympique bahreïnien, à la suite d’une plainte pour son rôle dans la répression. Depuis, Scotland Yard a affirmé manquer de preuves pour engager des poursuites.

Les démentis de cheikh Salman ne convainquent pas les ONG internationales des droits de l’homme, qui suivent aussi le dossier de près. Responsable des pays du Golfe chez Human Rights Watch, Nicholas Mc Geehan note que « cheikh Salman n’a jamais expliqué ce qui s’est passé en 2011 et n’a jamais dit pourquoi les joueurs de football qui avaient été arrêtés n’ont pas regagné l’équipe nationale ». La FIFA classera-t-elle sans suite, comme elle l’a fait depuis 2013, les charges à l’encontre du représentant du plus petit des pays arabes, où la répression des dissidents continue ? « C’est une chose, pour l’organe mondial du foot, d’être éclaboussé par des scandales de corruption. C’en est une autre de se retrouver guidé par un membre d’une famille royale qui a maté la contestation, arrêté et torturé des manifestants », alerte M. Mc Geehan. D’ici à février 2016, date de l’élection du successeur de Sepp Blatter, la polémique pourrait s’envenimer.

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