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En 2013 : les 15-24 ans ont payé le plus lourd tribut à la crise de l'emploi dans le monde

En 2013, les jeunes âgés de 15 à 24 ans avaient trois fois plus de risques d'être au chômage que les adultes, indique le Bureau internationaldu travail (BIT). Cet article est extrait du Bilan du Monde Economie & environnement 2014 publié jeudi 16 janvier.

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Publié le 16 janvier 2014 à 13h11, modifié le 16 janvier 2014 à 16h37

Temps de Lecture 3 min.

Le bilan du Monde 2014

En 2013, les jeunes âgés de15 à 24 ans avaient trois fois plus de risques d'être au chômage que les adultes, indique le Bureau internationaldu travail (BIT). Leur taux de chômage aatteint 12,6%, soit 73 millions dejeunes sans emploi. «L'emploi informel chez les jeunes demeure très répandu et la transition vers le travail décent est lente et difficile», souligne également le BIT.

CRÉATION D'EMPLOI DÉCEVANTE

Cette situation n'épargne pas la jeunesse des pays riches, selon l'OCDE. «Depuis la crise mondiale [en 2008], la croissance est inégale et balbutiante, et la création d'emplois est encore plus décevante», indique le chef économiste de cette organisation, Pier Carlo Padoan. Dans les trente-quatre pays membres de l'OCDE, la croissance du PIB devrait s'accélérer, mais «il va falloir mettre en place des stratégies nettes et crédibles pour savoir comment créer des emplois, générer de la croissance et assainir les finances publiques», ajoute-t-il.Un volontarisme à la hauteur de la préoccupation nourrie par le chômage obstinément élevé, surtout pour les jeunes.

La situation est particulièrement délicate en Europe du Sud: fin septembre, sur les 5,5 millions de jeunes de moins de 25 ans au chômage dans l'Union européenne, près de 1 million étaient espagnols, indique Eurostat.
Les politiques d'assouplissement du marché du travail mises en place dans ce pays n'ont pas réellement amélioré la situation. L'Espagne, qui détient le record du chômage des jeunes dans les pays de l'OCDE, avait lancé en 2012 une réforme du marché du travail pour sortir de la dualité entre les salariés «installés»dans l'entreprise et les nombreux contrats courts, temps partiels et autres précaires. La réforme a produit ses premiers résultats à lami-2013. En mai, période traditionnelle de reprise de l'emploi liée aux activités touristiques en Espagne, le chômage a reculé pour le troisième mois consécutif… Mais les CDI ne représentaient toujours que 7,5%des contrats signés. L'objectif n'a donc pas été atteint. Et l'embellie a fait long feu: au troisième trimestre, le chômage a repris sa hausse.

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L'ALLEMAGNE EN QUÊTE DE TRAVAILLEURS

Par contraste, en Allemagne, l'emploi des jeunes est soutenu par des politiques qui favorisent l'apprentissage depuis de longues années. «La formation en apprentissage, les programmes de formation professionnelle, l'expérience acquise dans le cadre des premiers emplois sécurisent la transition vers l'emploi stable », commente Amandine Brun- Schammé, économiste de Coe- Rexecode. Surtout, l'Allemagne est un pays vieillissant qui, plus que d'autres, est confronté à un problème de pénurie de main-d'oeuvre. Selon l'Agence nationale pour l'emploi allemande, 3 millions de travailleurs qualifiés pourraient manquer en 2025. «L'Allemagne s'est fixé comme objectif de rivaliser avec les Etats-Unis ou le Canada dans la course aux talents», souligne Emma Broughton, chercheuse à l'Institut français des relations internationales (IFRI).
C'est donc une Allemagne en quête de travailleurs qualifiés qui asoutenu, en novembre à Paris, lors de la Conférence sur l'emploi des jeunes en Europe, la décision des chefs d'Etats et de gouvernement de l'Union européenne de créer une ligne budgétaire européenne de 8 milliards d'euros allouée à l'emploi des moins de 25 ans pour la période 2014-2020. Les Etats de l'Union européenne sesont aussi engagés à mettre en place au niveau national une «garantie pour la jeunesse», «qui permettra à chaque jeune de disposer d'un emploi ou d'une formation ou d'un accompagnement, c'est-à-dire d'une solution», a déclaré le président Hollande. Lesprincipaux bénéficiaires du plan européen pour l'emploi des jeunes devraient être l'Espagne, la Grèce, l'Italie et la France. En attendant le retour d'une croissance créatrice d'emplois…

Le BIT prévoit une baisse du taux de chômage des jeunes dans les cinq ans àvenir dans les économies avancées. En revanche, ce taux devrait continuer à grimper en Asie du Sud et du Sud-Est, et surtout au Moyen-Orient. Mais dans ces régions, l'incidence du chômage va bien au-delà de l'absence de revenus. «Les coûts économiques et sociaux du chômage, le chômage de longue durée, le découragement et le nombre d'emplois de qualité médiocre pour les jeunes continuent d'augmenter et compromettent le potentiel de croissance des économies», souligne le BIT.

90% des 15-24 ans vivent actuellement dans les régions en développement, qui sont parfois aussi des zones de tension politique ou de conflit. Une jeunesse surdiplômée et désoeuvrée constitue un potentiel de mobilisation politique certain. Le succès du mouvement Tamarrod en Egypte, quiaété essentiel dans la destitution par l'armée duprésident Morsi, le 3 juillet 2013, après plusieurs jours de manifestations populaires, en a été un exemple, rappelle Maria Cristina Paciello, chercheuse à l'Istituto affari internazionali,dans le rapport annuel 2014 de l'IFRI. Le poidsdémographique de cette génération lui donne une place prépondérante dans la société, qui pourrait devenir unrisque si on néglige son avenir.

Anne Rodier

(Le Bilan du Monde 2014)

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