Quand l'Éducation nationale prend les élèves pour des idiots

VIDÉO. Le rectorat de l'académie de Toulouse diffuse une vidéo à destination des collégiens et lycéens sur les nouvelles régions. Un festival d'âneries !

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Temps de lecture : 2 min

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Faut-il prendre les élèves pour des faibles d'esprit ? C'est ce que semblent penser quelques génies créatifs qui ont inventé un vidéogramme mis en ligne sur le site de l'académie de Toulouse. Réalisé en collaboration avec les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, ce « document à finalité pédagogique » – c'est écrit ainsi dans le texte d'accompagnement – met en scène Pierre-Paul Riquet, concepteur pour Colbert du canal du Midi, pour vanter les mérites de la grande région qui voit le jour. L'homme à la perruque est censé parler comme les adolescents d'aujourd'hui. Il commence ainsi : « Salut les djeune's. Alors, comme ça, ça y est, les régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées s'unissent pour en former une seule dès 2016. Mais ça déchire grave, les potos ! » Rebaptisé « Double P Riquet » pour l'occasion, il est déguisé en rappeur avec casquette et chaînes dorées pour porter la bonne parole : « Notre région va grossir grave ! J'vous dis pas le dynamisme démographique (...) On va pouvoir se la raconter grave au niveau national et européen. »

« Ça déchire grave ! »

L'exposé se poursuit sur ce mode affligeant : « Et puis de toute façon, on est déjà tous un peu cousins. Sérieux, bon, j'vous la fais courte. Mais, au Moyen Âge, l'époque où les beaux gosses kiffaient se balader en capsule Nespresso, on était déjà réunis ! Eh ouais ! Même emblème, même territoire, même blaze. » Pour susciter l'enthousiasme, il ne recule devant rien : « Non mais LOL, on n'a que des atouts avec cette nouvelle région. Côté aéronautique et recherche, on a déjà le swag à mort. » Il semble se souvenir qu'il s'adresse à des collégiens et à des lycéens et vante donc l'abondante offre universitaire : « Tu auras le choix, toi et tes 220 000 potos étudiants ! » Pour la détente, il y a à la fois la montagne et la mer, « le kif suprême, quoi ». Côté patrimoine, il y a « des sites qui déchirent, mais comment on est trop au-dessus, mon gars ! ». Et le héros de conclure ainsi : « Avant de m'arracher sur les berges du canal, je vous lâche deux, trois infos sur les grandes compétences de la région… »

Film pédagogique téléchargeable

Il ne s'agit pas d'une mauvaise plaisanterie mais d'un « film pédagogique téléchargeable (...) empruntant à une mise en scène du type Retour vers le futur que les enseignants sont le plus sérieusement du monde invités à diffuser dans leurs classes.

L'Éducation nationale, dans une crise aiguë de jeunisme et de démagogie, a donc décidé de parler comme les collégiens et les lycéens, ou du moins comme elle croit qu'ils s'expriment, au lieu de tenter de les élever comme elle en a la mission. Le coût financier de cette « création » devient presque anecdotique comparé au prix fort que doivent payer tous ceux qui vont devoir la regarder, et auxquels l'institution renvoie une image humiliante. Quand ce pauvre Pierre-Paul Riquet prend enfin congé, un sentiment domine : l'embarras !

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Commentaires (65)

  • AdLib

    Une citation de Hannah Arendt entendue ce matin, qui m'a fait tilt, car voilà bien 10-12 ans que, parent d'élève, je ressens que ce qui a le plus déserté nos programmes scolaires comme nos pratiques et méthodes d'enseignement, ce ne sont pas tant les "savoirs" que l'apprentissage et l'éducation DE LA PENSÉE, l'"élévation" des esprits et leur maturation, chez des élèves malléables et ô combien sous influence dans le monde de l'école elle-même, laquelle ne se refuse plus, aujourd'hui, aucune mainmise idéologique, au dépens de "l'emprise de la famille" à laquelle elle aurait pour mission d'arracher l'enfant !
    Pour lui offrir quoi, à la place ? Le vide, l'immense vide...

    Et ça fait autant d'années que je clame que ce grand VIDE dont on remplit ainsi aujourd'hui les esprits déboussolés de nombre d'élèves en France – et tout particulièrement ceux qui sont issus de cultures exogènes – ne peut avoir que des conséquences délétères : douloureuses pour eux, qu'on émiette, désoriente, explose et "arrache" à cadre éducatif sécurisant, fût-il "traditionnel" ou "hérité", mais aussi dangereuses pour notre société et notre civilisation : la douleur, souvent, se transforme en cri.
    Souvenons-nous, aussi, de ce mot tant à la mode il y a une vingtaine d'années : "J'ai la haine"... Oh, que ce mot faisait joli dans nos médias, alors !
    De "Nique ta mère", nous sommes passés à "Nique la France", "Nique les valeurs françaises", clamées si haut, traînées si bas – qui, sincèrement, s'en étonne, à part quelques hypocrites ?
    26% des jeunes sont au chômage, en France, pour 7 % en Allemagne... Et je ne connais pas, à ce jour, d'équivalent dans les langues de nos voisins pour dire "Bisounours"...
    A force de vouloir tordre la réalité du monde pour la faire se rencontrer avec une idéologie "pédagogiste" issue des années 20 et 30 – celles où a fleuri le fascisme –, est-il étonnant que les jeunes Français fournissent les plus gros bataillons de Djihadistes ?

  • ALPHORN

    A la lecture des commentaires, je crois comprendre qu'il reste encore un "petit village gaulois" qui résiste à la promotion de la médiocrité généralisée, alors qu'au XXIe siècle, notre seule chance de survie est dans la professionnalisation, la compétence pointue, l'innovation... Alors que la Chine ou l'Inde "produisent" des dizaines ou centaines de milliers de scientifiques et de chercheurs, nous en sommes à glorifier quelques centaines de rescapés du système éducatifs. Bientôt le plombier français ira travailler en Pologne, non pour son savoir faire, mais pour avoir du travail à bas coût ! ET encore, c'est même pass sûr !

  • ALPHORN

    Affligeant. Quand on sait que le langage, la politesse, le comportement sont déterminants pour trouver un travail, notamment dans les services, la "nomenklatura" se pique de parler comme les "d'jeunes" tout en refusant les langues régionales -historiques et structurées", bon, on n'est pas à une contradiction près ! Quel mépris, quelle commisération ! Pas grave, les enfants "de la haute" pourront être poussés "vers le haut" et plus l'école sera bas de gamme, moins leurs enfants auront de concurrence. Et, pendant ce temps, les "bisounours", idiots utiles, renforcent cette lente déchéance de l'école, moyen de promotion pour le plus grand nombre ! Vieux souvenir d'une école, cette sélective, mais efficace. Quant à la formation professionnelle, allez voir, par exemple, en Suisse : vous verrez comment on considère les "professionnels" !