Notre solution pour qu’Ijsberg demeure un média gratuit, indépendant, sans publicité ni abonnement.

IJSBERG
Ijsberg : le making-of
5 min readNov 9, 2015

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Si vous suivez Ijsberg sur les réseaux sociaux, peut-être avez-vous assisté cette semaine à notre périple dublinois dans les allées bondées du Web Summit. Cette grande messe technologique — l’une des plus grandes en Europe — accueille chaque année, depuis 5 ans, des milliers de start up venues des quatre coins de la planète. Durant trois jours, elles se succèdent sur des stands et exposent leurs innovations. Cet été, Ijsberg a eu la chance d’être sélectionné dans la catégorie ALPHA (pour les jeunes startups). Autant être honnête, nous n’étions pas beaucoup de médias sélectionnés. Habituellement, la présence de médias se résume à celle des journalistes accrédités.

Nous étions donc des deux côtés de la barrière. Média, certes, mais aussi exposant. Une particularité que nous cultivons depuis les premiers jours. Nous vous en parlions même dans un post pré-lancement dans lequel nous exposions les prémices de notre modèle économique. Ce modèle, nous l’avons trituré, éprouvé, déconstruit, reconstruit. À vrai dire, comme toute nouvelle entreprise, nous avons passé notre première année d’existence à expérimenter ; car, aussi brillante que puisse être une stratégie sur le papier, seule sa mise à l’épreuve valide ou invalide les orientations des premiers instants. Dans notre cas, certaines ont été confortées, d’autres abandonnées. Aujourd’hui, nous voyons plus clair dans notre modèle ; l’occasion pour nous de procéder à une mise à jour de notre modèle économique et de vous en faire connaître les détails.

LE SALUT VIENDRA DE L’HYBRIDATION

Après un an d’existence, éditorialement, nous sommes satisfaits de nos publications. Bien sûr, il est possible de faire mieux, de pousser votre expérience lecteur plus loin. Vos retours sur nos réseaux sociaux sont d’ailleurs une source d’inspiration très appréciable. Mais le prix Google/Sciences Po de l’innovation en journalisme et les histoires primées publiées dans nos colonnes sont autant de motifs de satisfaction. Soyez-en sûrs, nous travaillons d’arrache-pied pour vous offrir des contenus de qualité. Et tout ceci, gratuitement.

Car oui, l’expérience ne nous aura pas convertis à l’abonnement. Nous sommes plus que jamais convaincus de la pertinence d’un média éditorialement de haute qualité, visuellement beau, technologiquement à la pointe des innovations digitales et entièrement gratuit.

Se pose alors la question du financement. Comment un média entièrement gratuit peut-il être rentable ? La publicité ? C’est notre premier revirement. Il y a encore quelques mois, nous disions ne pas être fermés au modèle publicitaire, pour peu qu’il respecte nos standards. Nous avons changé d’avis. C’est aussi ça, entreprendre : arpenter des chemins pour mieux les quitter. Nous l’annonçons aujourd’hui publiquement, nous pensons qu’Ijsberg est incompatible avec n’importe quelle forme de publicité. Ijsberg demeurera hermétique à la publicité display et ne se convertira pas au native advertising. Tous les contenus que vous lisez, regardez, entendez sur Ijsberg sont originaux, éditorialement libres et indépendants.

Résumons : ni abonnements ni publicité sur Ijsberg. Que reste-t-il, alors ? Peu de choix, il faut conquérir de nouvelles terres de rentabilité, dans le respect de notre intégrité journalistique. Et c’est là qu’entre en jeu notre pendant start up. Sans trop l’expliciter, nous avons souvent répété qu’Ijsberg est plus qu’un média. Nos savoirs-faire ne se limitent pas au journalisme. Nous racontons des histoires, mais nous créons également les moyens techniques pour parvenir à leur narration. Disons-le simplement : Ijsberg crée de la technologie.

Pourquoi les compétences d’un média se limiteraient-elles au journalisme ? Pourquoi le simple aspect économiquement attrayant d’un média ne serait-il que sa capacité à vulgairement exposer des publicités intrusives, voire agressives ? Nous avons la chance, dans nos métiers, d’avoir la possibilité d’éveiller les consciences en inventant de nouvelles façons de raconter le monde. C’est une perspective formidable et une opportunité économique porteuse pour les médias.

Dans un premier temps, nous avons externalisé ces compétences dans une autre société créée en parallèle d’Ijsberg. Un studio, Nuük, était chargé de commercialiser nos outils. Nous avons procédé ainsi pour mieux expérimenter, sans tout mélanger. Cet été, après un bilan plus que positif vis-à-vis de notre choix d’hybridation, nous avons filialisé notre studio. Nuük est désormais officiellement la cellule de création digitale d’Ijsberg et augure une structuration nouvelle : IJSBERG PRESS, notre société, devient ainsi un groupe.

Que fait Nuük ? En tant que studio de création digitale, Nuük crée des sites internet, des applications et des identités pour des clients extérieurs : médias ou non. Nuük ne fait en revanche pas de contenu : aucun journaliste travaillant pour Ijsberg n’est sollicité pour rédiger du contenu pour des marques. Nous utilisons nos compétences, visibles sur Ijsberg, et les commercialisons en tant que savoir-faire technique. Notre média préserve ainsi son intégrité et notre ligne éditoriale demeure en accord avec le journalisme auquel nous croyons et que nous voulons pratiquer.

Après un an de fonctionnement, nous pouvons sereinement annoncer que le système fonctionne : notre média se finance, notre ligne éditoriale est intègre et nous pouvons vous garantir un média gratuit, sans publicité ni abonnements.

L’orientation est radicale. Pour Ijsberg, elle fonctionne. Nous ne prétendons pas détenir la solution miracle, mais cette semaine au Web Summit nous a montré combien il pouvait être inspirant de ne serait-ce que constater les réussites des autres, aussi minimes soient-elles. Il est temps que la presse mette un terme à sa complainte. Nous sommes tous d’accord sur le constat : oui, la presse va mal. Oui, il faut se réinventer. Mais arrêtons de pleurer sur les fondations craquelées d’un système en perdition. Le 21ème siècle et l’avènement d’internet offrent des possibilités extraordinaires de réinvention. Si l’on sort quelques instants de la sinistrose et que l’on regarde les perspectives d’avenir, il est possible de constater à quel point tout ceci est enthousiasmant !

2016 sera une année passionnante pour Ijsberg. Nouveau site, nouveaux produits, nouvelles perspectives : nous espérons franchir un cap. Pour nous en donner les moyens, nous venons de conclure une levée de fonds dont nous vous communiquerons prochainement le montant et les modalités. En attendant, en complément de cet article, nous avons mis à jour le site de notre groupe. Toutes nos activités y sont, en toute transparence. Le journalisme a encore de belles heures devant lui. Il doit simplement franchir le seuil du nouveau siècle, sans nostalgie ni regrets. Quant à nous, nous espérons que vous aurez toujours plaisir à venir vous informer sur Ijsberg, à lire les histoires qui comptent.

http://www.ijsbergpress.com

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Ijsberg : le making-of

Média dans les temps. Prix Google/Sciences Po de l'innovation en journalisme 2014.