“S’il y a bien un domaine dans lequel le gouvernement se contredit, c’est celui de l’environnement”, pointait déjà le quotidien Página7 dans un éditorial publié mi-octobre. C’était juste après la clôture de la Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique qui s’est tenue pour la deuxième fois en Bolivie, à Tiquipaya, au centre du pays.

Le président Evo Morales y avait dévoilé le programme de lutte contre les dérèglements climatiques qu’il soumettra à la Conférence sur le climat à Paris (COP21) en décembre. En dix points, repris par La Razón, il appelait par exemple à “éradiquer la commercialisation de la nature et des marchés carbone […] qui ne résolvent pas la crise climatique” et à “défendre les mers, l’eau, l’atmosphère en garantissant l’accès des peuples à ce patrimoine commun”.

Même engagement affiché en Europe, où le président bolivien est en visite officielle du 2 au 11 novembre : Evo Morales prône sur la scène internationale la protection des droits de la “Terre-Mère” (Madre Tierra) et la rupture avec le modèle capitaliste, “cause de la détérioration du climat”explique le journal bolivien La Razón.

Contradictions

Pourtant, rappelle un éditorial de Página7, “le gouvernement a approuvé [un décret] qui autorise l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures et de minerais situés dans des zones protégées du pays”. Cette décision s’applique dans sept parcs naturels, sur les 22 que compte la Bolivie.

En mai 2015, Evo Morales a ouvert ces droits d’exploitation en dépit des protestations d’ONG écologistes et de défense des droits des peuples indigènes. Ces activités pétrolières “seront conduites avec force”, a déclaré le président bolivien. Parallèlement, rappelle La Prensa, “le gouvernement a lancé un programme de subventions au secteur pétrolier”.

Rhétorique

Dans les mois qui ont suivi, une quarantaine d’ONG, dont plusieurs militent pour la préservation des zones protégées, ont été déclarées “irrégulières et ont donc été privées de leur légitimité”, rapportait Página7.

Face à la chute des prix du pétrole et des matières premières, le président bolivien estime visiblement que “la seule voie de développement possible est l’extraction de gaz et de minerais, ou l’activité hydro-électrique basée sur de grands barrages”, constate Página7. En réalité, “la puissance publique a fait de grands pas ces dernières années vers la détérioration de la Terre-Mère”, regrette le journal, pour qui le volontarisme du président sur la scène internationale n’est que “pure rhétorique”.