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AFGHANISTAN

Égorgement de femmes et d’enfants, la surenchère barbare des Taliban

Recueillement de Hazaras devant les coprs des vicitmes égorgées, près de Ghazni.
Recueillement de Hazaras devant les coprs des vicitmes égorgées, près de Ghazni.
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Depuis la mort de leur chef, le Mollah Omar, les Taliban afghans sont divisés en factions ennemies qui semblent lancées dans une surenchère de l’horreur. Dimanche 8 novembre, une faction ayant fait allégeance à l’organisation État islamique a ainsi égorgé quatre hommes, deux femmes et un enfant, tous issus de l’ethnie Hazara, dans l’est du pays.

Une partie des victimes avaient été prises en otage en août. Deux hommes, deux femmes et un enfant s’étaient fait kidnapper à un check point alors qu’ils voyageaient en bus entre Jaghori et Ghazni, dans l’est du pays. Deux autres hommes avaient ensuite été kidnappés il y a un mois, également à un check point entre Ghazni et Kaboul. Les Hazaras, une ethnie majoritairement chiite, sont régulièrement pris pour cible en Afghanistan et au Pakistan, notamment par des groupes extrémistes sunnites, en raison de leur appartenance religieuse.

Un Hazara se receuille devant le cerceil de deux des victimes à Ghazni.

Pour notre Observateur, les tensions entre les deux factions des Taliban sont à l’origine du terrible sort qu’ont connu les sept Hazaras.

"C’est très rare que des Taliban assassinent des femmes, la violence est en train de monter d’un cran"

Mohammad Radmanesh est un activiste hazara, originaire de Jaghouri.

Après l’annonce de la mort du mollah Omar en juillet dernier [le mollah Omar serait mort en réalité en avril 2013], le mollah Akhtar Mansour a été désigné comme son successeur. Mais un autre mollah, le mollah Dadullah, a aussi revendiqué la succession du mollah Omar. Ce dernier est plus fondamentaliste encore et il a fait allégeance à l’organisation État islamique. C’est sa faction qui est responsable de l’enlèvement et du meurtre des sept Hazaras.

Ce n’est pas la première fois que des Hazaras sont visés dans cette région et ce ne sera pas la dernière fois que les routes de l’Est afghan seront un enfer pour eux. Les check-points des Taliban sont fréquents et il arrive régulièrement que lorsqu’ils contrôlent un bus, ils fassent sortir les Hazaras et laissent les autres passagers repartir. Ils sont tués juste parce qu’ils sont hazara, donc issus d’une ethnie et d’une culture différente, adepte du chiisme.

Manifestation contre les assassinats des Hazaras à Ghazni.

 

"Le gouvernement afghan n’a rien fait pour les libérer"

Les responsables de ce crime odieux sont les Taliban fidèles au mollah Dadullah. Mais il ne faut pas oublier que pendant les trois mois de détention, le gouvernement afghan n’a rien fait pour les libérer.

Le mois dernier, une milice hazara avait répliqué en prenant en otages des Pachtounes, dans des circonstance floues, afin de négocier un échange avec les Taliban. Comme les Pachtounes ont de très bonnes relations avec le gouvernement, celui-ci a dépêché des émissaires pour entamer une médiation entre des chefs locaux pachtounes et des chefs hazaras. Mais les chefs pachtounes contactés ont affirmé qu’ils n’avaient rien à voir avec la faction ultra-radicale du mollah Dadullah [selon un journal local, les bourreaux étaient des combattants d’origine ouzbek]. Du coup, les Hazaras ont relâché les Pachtounes. Le lendemain, les Taliban de Dadullah assassinaient tout de même les sept otages.

"Nous demandons d'arrêter le nettoyage ethnique des Hazaras en Afghanistan" est-il écrit sur cette banderole, lors d'une manifestation à Ghazni.

 

"Les Taliban du mollah Akhtar se sont alliés aux Hazaras"

Le mollah Akhtar a lui conclu un accord avec les Hazaras : partant du principe qu’ils avaient un ennemi commun, il a par exemple obtenu que ses combattants soient soignés dans les hôpitaux tenus par des Hazaras, au centre et dans l’est de l’Afghanistan.

Rapidement après l’annonce de la mort des sept otages, des combattants du mollah Akhtar ont affirmé avoir tué sept hommes qui auraient été les bourreaux des Hazaras. On dirait qu’ils essayent de mener une offensive de charme auprès des Hazaras. Or, selon mes informations, les sept hommes étaient juste des combattants fidèles à Dadullah, mais pas les bourreaux.

Même en Afghanistan, ce niveau de violence est rare. À l’époque du gouvernement taliban (1996-2001) aucune femme n’a jamais été forcée à sortir d’une voiture ou d’un bus dans un check point, ni jamais prise en otage. C’était censé être déshonorant de capturer une femme, mais désormais…"

 

"Le silence ça suffit" dit ce manifestant pour portester contre le manque de réactions que suscite la situation des Hazaras en Afghanistan.

Face à l’émotion et aux protestations suscitées par l’affaire, la présidence afghane a finalement condamné les meurtres des sept Hazaras et accepté que les funérailles des victimes soient organisées à Kaboul. La date reste à définir.

 

Convoi funéraire transportant les coprs des sept Hazaras assassinés vers Kaboul.

ACTUALISATION DU 11 NOVEMBRE

Une manifestation s'est tenue ce mercredi matin à Kaboul. Plusieurs centaines de personnes y ont pris part, et les cerceuils des sept vicitmes ont été portés par le cortège, qui s'est rendu devant la présidence. Des vitres du palais présidnetiel ont été cassées et les forces de sécurité afghanes ont procédé à des tirs de sommation en l'air pour disperser la foule.

Photos de la manifestation du 11 Novembre à Kaboul. Photos postées sur Twitter par Haidar Sumeri.

Les Hazaras sont une minorité historiquement persécutée et discriminée en Afghanistan et au Pakistan. Durant la guerre civile d’Afghanistan, la ville de Mazar-e-Sharif a notamment été le théâtre de massacres à grande échelle : entre 8000 et 10000 Hazaras y avaient été assassinés par des Taliban. Ces persécutions se sont poursuivies pendant les cinq années passées par les Talibanau pouvoir et continuent depuis 2001, de sorte que les Hazaras d’Afghanistan sont l’un des plus importants groupes à chercher l’asile en Europe et en Australie. Trente députés afghans ont récemment demandé à l’Australie d’arrêter de les expulser, faisant valoir qu’ils étaient persécutés et harcelés en Afghanistan.

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