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Histoire

14-18: une BD de collégiens malgaches pour raconter les tirailleurs

Une cérémonie d'hommage est prévue à Antananarivo pour commémorer, comme chaque année, le 11-Novembre. Près de 40 000 tirailleurs malgaches ont participé à la Grande Guerre. Aujourd'hui, un épisode oublié de l'histoire franco-malgache retrouve sa place : le naufrage du Djemnah, un navire torpillé en Méditerranée en 1918 avec à son bord près de 200 tirailleurs malgaches. Cette histoire fait l'objet d'une bande dessinée, « Les naufragés du Djemnah », fruit de la collaboration entre des collégiens et un dessinateur professionnel.

Des tirailleurs africains posent avec des soldats britanniques, lors de la Première Guerre mondiale à Soissons, France, 1914.
Des tirailleurs africains posent avec des soldats britanniques, lors de la Première Guerre mondiale à Soissons, France, 1914. The Print Collector/Print Collector/Getty Images
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Le Djemnah devait rapatrier près de 300 tirailleurs, soit 200 Malgaches et une centaine de Somalis, des tirailleurs malades ou blessés et autorisés à rentrer chez eux. Mais le voyage est rapidement stoppé : le bateau est torpillé par un sous-marin allemand dans la mer Méditerranée. Le navire sombre et avec lui la quasi totalité de ses passagers.

Cette histoire est racontée dans une bande dessinée dont le scénario a été écrit par des élèves de classe de troisième du lycée français de Tananarive. « Il a fallu d’abord faire des recherches avec les élèves dans les registres de l’armée pour retrouver les identités de ces hommes morts en mer, raconte Arnaud Léonard, leur professeur d'histoire. Les élèves ont choisi donc quelques-uns de ces soldats pour écrire un récit en partie historique et en partie fictif, ce qui leur a permis de redonner vie finalement à ces hommes qui étaient tombés dans l’oubli. »

Le scénario écrit par les élèves est retravaillé et mis en images par le dessinateur Mamy Raharolahy : 36 planches de bande dessinée où se croisent des personnages malgaches et français. « Je pense qu’à travers cette bande dessinée, on a pu essayer de créer un scénario qui parle de la guerre, mais on essaie d’exposer aussi des dialogues culturels. Il y a des histoires d’amitié entre soldats. Il y a aussi une histoire d’amour entre une Française et un soldat malgache », explique l'artiste.

La bande dessinée est écrite en français, elle sera ensuite traduite en langue malgache.

→ A relire : «Dessine-moi la guerre», un siècle de dessins de presse pour comprendre les guerres

Le «Djemnah» fut construit en 1874 et oesait 3785 tonnes. Il a été torpillé en Méditerranée le 14 juillet 1918.
Le «Djemnah» fut construit en 1874 et oesait 3785 tonnes. Il a été torpillé en Méditerranée le 14 juillet 1918. wikimedia/cc

Le recrutement des tirailleurs, un processus au coeur des communautés

Les tirailleurs africains seront plus de 135 000 à venir combattre en Europe. Le recrutement de ces supplétifs venant des colonies françaises en Afrique - Sénégal, mais aussi de l'actuel Mali, du Burkina Faso, et de Madagascar - s'accélère en 1915, à cause des batailles de tranchées particulièrement dévastatrices en hommes fin 1914, début 1915. « Il ne faut pas oublier que c’est à ces deux dates-là qu’il y aura le plus de morts de toute la Grande guerre. L’armée française reprend l’idée de la mobilisation de l’Empire, une idée qu’elle avait un peu abandonnée malgré la propagande de Léon Maujean au début de la Grande Guerre parce qu’on n’y croyait pas », détaille Eric Deroo, auteur de films documentaires et chercheur associé au CNRS.

Le recrutement se fait alors directement dans les communautés. « Les chefs de village sont contraints de fournir à l’administration un nombre, décidé de façon souvent arbitraire, de recrues. On imagine que tel village, en fonction des estimations de sa population, devra fournir vingt hommes, quinze hommes, dix hommes. Evidemment tout ça, c’est livré à l’arbitraire à la fois de l’administration coloniale, mais surtout des petites chefferies locales qui vont désigner, en fonction des intérêts locaux, des intérêts privés, des intérêts familiaux », poursuit l'historien.

Mais cela ne se fait pas sans résistance de ces communautés, opposées à l'enrôlement et au départ de leurs hommes : « Des régions entières se soulèvent contre ce recrutement, fuient dans les territoires, en particulier dans les territoires anglais par exemple du Gold Coast [futur Ghana]. Et à partir de là, [la France] aura le plus grand mal à recruter. »

→ A voir : Guerre de 14-18: quatre webdocs et dossiers pour comprendre

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