Fusion des listes aux régionales face au FN : «La question se pose», persiste Valls

Fusion des listes aux régionales face au FN : «La question se pose», persiste Valls

    Seul contre tous. En Nord-Pas-de-Calais-Picardie (NPCP), où règnent des sondages donnant le FN en tête aux prochaines élections régionales, Manuel Valls envisage de plus en plus ouvertement une fusion des listes de gauche et de droite au second tour. «Pas question», rétorque le principal intéressé, le candidat du PS Pierre de Saintignon. En marge d'une conférence de presse ce jeudi, le vice-président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie prie Manuel Valls de «cesser ces petites phrases». «De grâce, laissons-nous travailler, laissons-nous agir auprès de nos concitoyens, et puis cessons ces petites phrases qui jettent le trouble et nuisent à notre campagne. Donc, assez, stop !». Son équipe enfonce le clou : «Chez Valls, ils veulent qu'on perde cette région. Il n'est pas question de s'allier avec la droite».

    La question d'une fusion des listes PS et Les Républicains dans les régions où le FN risque de l'emporter «se posera» pour la gauche comme pour la droite au «soir du premier tour», a rétorqué jeudi le Premier ministre sur Public Sénat. Il a ainsi défendu sa proposition de liste commune avec Xavier Bertrand dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie si le FN est très haut le soir du 1er tour, idée évoquée ce mercredi par Le Monde. «Il y en a assez d'une forme de cynisme, d'hypocrisie, de faire comme si cette question ne posait pas. Elle se posera au soir du premier tour pour chacun», a-t-il insisté en sortant de la séance des questions au Sénat.

    VIDEO. Manuel Valls : «Assez de faire comme si cette question ne se posait pas» (à partir de 2 min)

    par publicsenat

    «La gauche a toujours pris ses responsabilités, elle ne s'est jamais réfugiée dans un ni ni («ni le PS, ni le FN», défendu à droite), elle ne renvoie pas à dos la droite et l'extrême droite, a-t-il plaidé. La droite républicaine elle devra aussi faire des choix. C'est tout simplement ce que j'ai voulu dire : n'écartez aucune hypothèse. Et ceux qui écartent aujourd'hui une hypothèse mentent aux Français : il faudra bien trouver, si cette situation se présente, une solution, le soir du premier tour», a-t-il martelé. Comme nous l'indiquions hier dans nos colonnes, le Premier ministre clame «ne rien exclure». Fin octobre, après une première sortie du chef de gouvernement, Pierre de Saintignon l'implorait déjà de «faire son travail de Premier ministre».

    Cambadélis : «La bataille centrale est avec la droite»

    Le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis, sur RFI ce matin a appelé «l'ensemble des socialistes à se concentrer sur le premier tour. Parce que trop de confidences nuit à la cohérence, qui est de battre la droite et l'extrême-droite, dès le premier tour».

    «C'est une très bonne idée : on voudrait faire gagner le FN qu'on ne s'y prendrait pas autrement !», a commenté la maire de Lille Martine Aubry auprès de Europe 1.

    Claude Bartolone, tête de liste PS, en Ile-de-France, a aussi rejeté l'idée de Manuel Valls. «Je suis tout à fait sur la ligne de Jean-Christophe Cambadélis et j'espère vous le démontrer», a déclaré le candidat PS. «La bonne manière de lutter contre les populismes c'est le projet, qui doit permettre les majorités et les rassemblements de second tour. Pas de confusion ! (...) Vous pourrez trouver des déclarations que j'ai eu l'occasion de faire, déjà au moment des élections présidentielles où l'on me disait +Bayrou, pas Bayrou...+ C'est le projet, c'est la clarté qui sauve la gauche», a affirmé Claude Bartolone, invité des Indés-LCI-Metronews. «Pas de confusion, il ne peut y avoir sur la même liste que des gens qui participent au partage d'un certain nombre de propositions ou de valeurs», a-t-il insisté.

    VIDEO. Régionales: le FN au second tour, c'est «Apocalypse now» pour Bartolone

    allowfullscreen>

    Même à l'Elysée, on estime que «cela serait carrément étrange». «Le président se tient à distance de ces élections régionales. Il n'a pas vocation à faire campagne, tout absorbé qu'il est, qui plus est, par la COP21», a confié aujourd'hui l'un des conseillers de François Hollande.

    Front de gauche : une politique «qui fait monter le FN»

    La tête de liste PC/Front de gauche dans le Nord-Pas-de-Calais Fabien Roussel, pour sa part «demande à Valls qu'il s'occupe un peu plus de cette région et crée une autre politique que celle qui fait monter le FN. C'est l'arroseur arrosé», a-t-il déclaré auprès de l'Agence France-presse ce jeudi.

    Gérald Darmanin (Les Républicains)  : «Même pas en rêve»

    «Même pas en rêve !», réplique quant à lui ce jeudi Gérald Darmanin, directeur de campagne du candidat LR en NPCP Xavier Bertrand.

    «

    Valls ne se rend pas compte que ça nous coûte des voix à nous, et qu'il tire une balle dans le genou de son candidat. En parler maintenant, c'est ouvrir un boulevard à Marine Le Pen», analyse le camp de Xavier Bertrand. Le candidat de la droite et du centre a toujours assuré qu'il conduirait sa propre liste jusqu'au soir du second tour. «Même pas en rêve», a tranché son directeur de campagne Gérald Darmanin ce matin sur RMC.

    Le candidat à la primaire de la droite François Fillon a quant à lui condamné ce jeudi «une idée qui n'a aucun sens» selon lui.

    Le président du MoDem, François Bayrou, a jugé jeudi soir sur France 2 qu'une fusion des listes droite-gauche n'était pas «réaliste» et pourrait faire «fuir les électeurs» prônant le «retrait de ceux qui ne peuvent pas» gagner. «Je ne crois pas que ce soit réaliste et d'ailleurs il suffit de voir le foisonnement des réactions, les irritations des uns et des autres, pour le penser», a-t-il dit interrogé lors de l'émission des «Paroles et des Actes».

    VIDEO. Manuel Valls a-t-il les moyens d'empêcher le FN de gagner une région ?

    Front national : «On se réjouit»

    Marine Le Pen ironise. «Manuel Valls a annoncé l'existence de l'UMPS décomplexé ! Ils ont la même vision, cela ne m'étonne pas», écrit-elle ce matin. Dans la foulée, le Front national a publié un communiqué, et «remercie» Manuel Valls de «clarifier le débat». «La saine recomposition de la vie politique française autour des vrais clivages -celui qui oppose patriotes et mondialistes-, s'accélère».

    Alors que la liste PS est donnée troisième dans les sondages, la candidate proposait déjà, fin octobre, au Premier ministre de «débattre avec elle avant le premier tour pour qu'il clarifie sa position». Avançant ses pions, Manuel Valls venait de prévenir que «tout serait fait pour empêcher la victoire du FN».

    Duflot (EELV) : «On fusionne avec des listes avec lesquelles on peut faire un projet»

    Chez EELV, Cécile Duflot n'est pas moins sceptique. Ce jeudi au micro de RTL, elle a marqué sa préférence pour un «simple» retrait en cas de triangulaire. «Cela n'a pas de sens, on fusionne avec des listes avec lesquelles on peut passer des compromis et faire un projet. Si on est dans une logique où on donne raison au Front national qui parle sans cesse de l'UMPS, je pense que c'est se tirer une balle dans le pied", a-t-elle affirmé. «Dans l'hypothèse où il y aurait une triangulaire, avec un risque trop important que Marine Le Pen gagne, il faut se retirer, comme on l'a déjà fait dans le passé, c'est aussi simple que ça».

    VIDEO. Valls fustigé dans son camp pour sa méthode contre le FN