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Dans les coulisses de la COP21 - Conférence sur le climat

C’est dans cette halle en bois entièrement démontable, encore en construction, que se dérouleront les sessions plénières
C’est dans cette halle en bois entièrement démontable, encore en construction, que se dérouleront les sessions plénières © Baptiste Giroudon
Par Mariana Grépinet , Mis à jour le

Pour sa conférence sur le climat, Paris se prépare à accueillir 115 chefs d’Etat et de gouvernement, mais aussi 10 000 délégués et 30 000 représentants de la société civile. Soit un chantier pharaonique et un casse-tête organisationnel.

LE BALLET DES CHEFS D’ÉTAT Ce sera le point d’orgue de la conférence climat : la venue à Paris le 30 novembre, pour l’ouverture des négociations, d’au moins 115 chefs d’Etat et de gouvernement qui devront donner « l’impulsion politique ». Un casse-tête pour les organisateurs de la Cop21 et les services du protocole de l’Elysée . Il faut gérer les arrivées et les départs de chacun – pour la plupart dans leurs avions privés – sur les trois aéroports parisiens. Les leaders européens feront l’aller-retour dans la journée avec leur appareil de type Falcon et seront accueillis au Bourget « où Angela Merkel a ses habitudes ». En raison de sa taille, l’Air Force One de Barack Obama ne peut atterrir sur cette piste, idéalement située, à quelques centaines de mètres de la conférence. Le salon VIP d’Orly est mieux aménagé, mais l’Elysée conseille Roissy aux Américains. Obama enverra sa limousine présidentielle et celle de secours par avion-cargo peu avant sa venue. Tout comme Poutine . David Cameron a annoncé qu’il utilisera le véhicule de son ambassadeur. Les autres monteront dans la voiture que la France leur fournira. Pour éviter l’encombrement, certains de ces avions seront envoyés sur d’autres bases aériennes, à Tours et à Evreux notamment. Certains chefs d’Etat arriveront la veille de cette réunion, comme le Panaméen Juan Carlos Varela qui souhaite profiter d’une journée parisienne. Xi Jinping, lui, ne repartira que le mardi. De nombreux présidents ont sollicité un entretien avec François Hollande.

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Le secrétaire général chargé de la préparation et de l’organisation de la Cop21, Pierre-Henri Guignard, ici dans le hall par lequel entreront les délégations.
Le secrétaire général chargé de la préparation et de l’organisation de la Cop21, Pierre-Henri Guignard, ici dans le hall par lequel entreront les délégations. © Baptiste Giroudon

« Tout le monde veut voir tout le monde dans ce genre de négociations », confie Pierre-Henri Guignard, le secrétaire général de la Cop21. Le président du Turkménistan compte sur un rendez-vous pour s’« entretenir de la situation régionale en Asie centrale et redynamiser les relations économiques entre les deux pays », dit Gilles Rémy, président de la Chambre de commerce France-Turkménistan. Mais l’Elysée met en garde : « Pour l’heure, rien n’est fixé et il n’y aura pas plus de 3 ou 4 bilatérales dans la journée. » Pour ces rencontres, qui durent entre vingt minutes et une heure, le chef de l’Etat et Laurent Fabius disposeront de leur propre bureau au Bourget.

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UNE CATHÉDRALE DE BOIS POUR UN ACCORD UNIVERSEL La salle plénière de 2 000 places a des allures de cathédrale : « On ne peut pas signer un accord universel et contraignant sous une simple tente », plaident les organisateurs. « La Seine » (les salles portent toutes des noms de fleuves français et l’allée principale a été baptisée « Champs-Elysées ») en sapin Douglas du Jura, conçue selon la technique du lamellé-collé accueillera l’ensemble des chefs d’Etat à partir de 11 heures. Tous seront placés au même niveau – une règle imposée par l’Onu –, les gradins étant destinés aux observateurs de la société civile. Dans cette plénière, seules quatre places sont prévues derrière chaque leader. François Hollande puis le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, et Laurent Fabius, qui viendra d’être élu président de la Cop21 le matin même, prononceront un discours. Une photo de famille suivra.

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Vue extérieure de la grande halle.
Vue extérieure de la grande halle. © Baptiste Giroudon

La rencontre continuera ensuite dans deux salles afin de permettre à l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement de s’exprimer. « Ils ont de trois à cinq minutes tout au plus, il leur est demandé d’aller “to the point” », insiste Pierre-Henri Guignard. Pour éviter les tensions, les leaders devraient être répartis alternativement dans l’une ou l’autre des salles en fonction de la date à laquelle ils ont confirmé leur présence. Mais ils seront autorisés s’ils le souhaitent à s’échanger entre eux leur temps de parole.

UN DÉJEUNER MILLIMÉTRÉ Il est prévu pour 13 heures, à l’invitation de François Hollande qui souhaitait convier ses homologues à un petit déjeuner à l’Elysée, mais a dû y renoncer pour des raisons pratiques : il fallait limiter la paralysie de la capitale. Les convives seront répartis par tables. Barack Obama, Vladimir Poutine, Xi Jinping et Angela Merkel à coup sûr se retrouveront à la table présidentielle. « Mais il va falloir panacher, avoir des pays Nord et du Sud, pas seulement des membres du G20, explique l’Elysée. Le président d’une petite île sur le point d'être immergé peut être un interlocuteur important. Si le protocole n'a jamais eu à organiser un tel événement, il a déjà préparé des dîners pour 50 chefs d’Etat, comme lors du G20 de Cannes en 2011. Au menu de ce déjeuner hors normes : quatre plats préparés à partir de produits de saison par quatre grands chefs sous la houlette de Guillaume Gomez, le chef de la cuisine du palais. Seule exception : les quelques fruits d’outre-mer et les clémentines de Corse autorisées « car la gastronomie française ne s’arrête pas à l’Hexagone », rappelle Pierre-Henri Guignard. Dans le plus grand secret, l’Elysée prépare aussi un dîner Hollande-Obama au palais pour le 30 novembre au soir.

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Le 8 novembre : le ministre français des Affaires étrangères et président de la Cop21, Laurent Fabius (cravate bleue), fait visiter le site du Bourget aux ministres étrangers conviés à la « pré-Cop ».
Le 8 novembre : le ministre français des Affaires étrangères et président de la Cop21, Laurent Fabius (cravate bleue), fait visiter le site du Bourget aux ministres étrangers conviés à la « pré-Cop ». © Baptiste Giroudon

DES JOURS SOUS HAUTE TENSION Pour assurer la sécurité des 24 000 participants accrédités – délégations, observateurs et journalistes –, 106 gardes des Nations unies venus de Genève, Vienne et New York seront chargés d’assurer la sécurité sur le site, qui deviendra à partir du 28 novembre une « zone bleue » placée sous la responsabilité de l’Onu. Côté français, 292 agents de sécurité privés seront recrutés et 5 000 policiers mobilisés dont 1 500 au Bourget. Quelque 20 000 personnes sont également attendues dans les espaces Générations climat réservés à la société civile. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé le rétablissement d’un contrôle aux frontières pendant un mois, du 13 novembre au 13 décembre. A la f n du chantier, pendant trois jours, le site passera intégralement au déminage.

CANAPÉ IKEA ET GOURDES PERSONNALISÉES Pour éviter d’utiliser et de jeter 2 millions de gobelets en plastique, 36 000 Gobilab, gourdes en plastique personnalisables et écologiques, garanties sans bisphénol A et fabriquées par une PME française, seront offertes aux négociateurs, aux représentants de la société civile et même aux chefs d’Etat. Plutôt qu’un cocktail guindé, Laurent Fabius proposera aux chefs de délégation une soirée au Louvre le 8 décembre. Un « kit de bienvenue », composé d’un passe Navigo, d’un sac en fibres recyclées, d’un calepin en papier recyclé et d’un guide, sera fourni à tous les participants. Et parce que « si aucun accord n’est trouvé, on ne sait pas s’il y aura encore des pommes en France », le conseil départemental de la Moselle offrira des pommes, naturellement décorées aux visages de François Hollande, Ban Ki-moon et Laurent Fabius. Les canapés et les fauteuils offerts par Ikea, marque partenaire de la Cop21, seront donnés à Emmaüs et au Secours populaire. Anne Hidalgo a prêté les tables et les chaises de Paris Plages et Paris s’est porté volontaire – tout comme Bonn – pour récupérer la salle plénière entièrement démontable qui sera cédée après l’événement. Les organisateurs ont envisagé d’installer des toilettes sèches, 100 % écolo, avant d’opter pour des sanitaires « avec extraction ». « Ils n’utilisent que 1,5 litre d’eau au lieu de 5 », précise Cathy Bou, chargée de mission développement durable. Sur place, pour limiter la consommation d’énergie, la température ne dépassera pas 19 °C. Et les 2 100 tonnes d’équivalent CO2 qui seront produites pendant la conférence seront intégralement compensées. Les 1 200 tonnes de déchets seront triées sur place dans le centre par l’entreprise mécène.

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