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Dans les hôpitaux parisiens, après une nuit de crise

La situation s’est peu à peu stabilisée samedi dans les établissements qui ont pris en charge les victimes des attentats.

Le Monde

Publié le 15 novembre 2015 à 01h08, modifié le 15 novembre 2015 à 02h03

Temps de Lecture 3 min.

Au lendemain des attentats qui ont fait au moins 129 morts et 352 blessés, à Paris et à Saint-Denis, la situation s’est calmée au fur et à mesure de la journée, samedi 14 novembre, dans les hôpitaux parisiens.

Au lendemain des attentats qui ont fait au moins 129 morts et 352 blessés, à Paris et à Saint-Denis, les hôpitaux parisiens, mobilisés toute la nuit pour accueillir les victimes, ont retrouvé un peu de calme au fil de la journée du samedi 14 novembre. « J’ai fait connaissance avec la médecine de guerre cette nuit », confiait un urgentiste de la Pitié-Salpêtrière.

  • A l’hôpital Georges-Pompidou

A l’hôpital Georges-Pompidou, dans le 15e arrondissement de Paris, où une cinquantaine de blessés avaient été admis pendant la nuit, la situation s’est stabilisée samedi dans la journée. « Nous avons le bonheur de ne pas avoir eu de décès, souligne le chef des urgences, Philippe Juvin. On a renvoyé des patients chez eux, quelques-uns sont en réanimation et il nous reste de la chirurgie orthopédique. »

Le professeur Juvin se souvient des attentats de janvier, après lesquels le plan blanc avait également été déclenché :

« On avait aussi reçu des patients graves, des morts et des personnes qui avaient assisté aux attentats. La différence aujourd’hui, c’est qu’on est dans une autre dimension en nombre de blessés graves ».

Dans la matinée de samedi, une file d’attente d’une soixantaine de mètres de long, dans laquelle patientaient les volontaires venus donner leur sang, s’est constituée dans le grand hall de l’hôpital. « On est arrivés à 11 heures, on a attendu cinq heures avant de donner notre sang », expliquaient dans l’après-midi Alban et Maëlle, 23 ans tous les deux. L’hôpital a fini par inviter les donneurs à revenir quelques jours plus tard pour assurer les besoins en transfusion au long court.

Dans les couloirs de l’hôpital Pompidou, se pressaient aussi des proches de victimes se rendant à leur chevet. À l’image de ce groupe d’amis et de parents, venus en nombre soutenir W., qui était présent au Bataclan, l’une des cibles des attaques : « Mon cousin était au concert, il s’est fait tirer dessus et piétiner, rapporte Meriem R., 26 ans. Son fémur est brisé en trois parties ». W. a été opéré dans la nuit de vendredi à samedi, pour retirer les éclats de balle nichés dans sa cuisse.

Son ami Sylvain C., 32 ans, refait le fil de la soirée : « Quand on a appris ce qu’il se passait, on s’est tous appelés les uns les autres. On a su en moins d’une heure que tout le monde était OK, sauf W. On s’est rendu compte qu’il était au concert en allant sur son profil Facebook. C’était un de ses groupes préférés ». Ce n’est qu’après l’assaut final de la Brigade de recherche et d’investigation (BRI) que W. a pu envoyer un texto à sa mère : « Je vais bien ». Aujourd’hui, tous sont rassurés d’avoir pu le voir et lui parler :

« On va essayer de se retrouver chez un ami. On se rapproche et c’est important. On organise des moments de décompression. Ici ou ailleurs, la vie est courte, mais la seule chose à craindre, c’est la crainte »

  • A l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière

Un urgentiste présent dans la nuit à la Pitié-Salpêtrière, dans le 13e arrondissement de Paris, a dû faire face à l’arrivée massive de blessés graves :

« J’ai fait connaissance avec la médecine de guerre cette nuit. C’était dur, mais ça a très bien fonctionné. Tout est géré, les urgences différées vont être digérées sur le week-end. Mais on a eu un gros problème d’identification des blessés et des personnes décédées. »

  • A l’hôpital Saint-Antoine

Samedi matin, devant l’hôpital Saint-Antoine (12e arrondissement), la tension restait palpable. Des affiches alentours informent de la fermeture du marché d’Aligre. Trois personnes attendent, leur proche est « sur la table d’opération », ils ne veulent pas en dire plus.

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Sans nouvelles de son ami Bertrand, Thibaut fait le tour des hôpitaux, il vient de Saint-Denis. Arrivé à l’hôpital Saint-Antoine, il apprend sa mort par une amie, qui lui téléphone après avoir été prévenue par la police. Agé de 37 ans, Bertrand était venu de Tarbes pour assister au concert du groupe de rock américain Eagles of the Death Metal avec deux amis et passer un week-end à Paris.

Ses deux amis ont pu se réfugier sur le toit du Bataclan et sont vivants. Bertrand a vraisemblablement été tué parmi les premiers, selon la police. En larmes, Thibaut se demande où sont les corps des victimes. C’est vers 23 heures, en sortant du cinéma, qu’il a appris ce qui se passait. « Depuis, c’est le cauchemar. On a appelé cette nuit les urgentistes, depuis ce matin, j’étais très pessimiste. Et voilà ». Mais « ça ne nous fait pas peur », nous dit ce père de trois enfants.

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