Temps de lecture : 3 min
-
Ajouter à mes favoris
L'article a été ajouté à vos favoris
- Google News
Le 26 novembre 2008, dix terroristes du Lashkar-e-Taiba, un groupe islamiste armé pakistanais, débarquaient à Bombay après avoir traversé la mer d'Arabie en bateau depuis la ville de Karachi, au Pakistan. Une fois sur la terre ferme, le commando se scinde en cinq équipes de deux hommes qui partent attaquer six endroits fréquentés de la ville, parcourant l'agglomération pour faire le plus de morts possible. L'attaque dure trois jours environ et fait 166 morts. Mis à part la durée, le mode opératoire et le bilan rappellent l'opération de Daesh contre Paris. Et ce ne sont pas les seuls points communs.
Les attaques de Paris ont débuté simultanément, avec un attentat-suicide devant le Stade de France et une fusillade dans le 10e arrondissement vers 21 h 20. À Bombay, les terroristes aussi s'étaient coordonnés pour attaquer au même instant. Tandis qu'une équipe ouvrait le feu dans la gare de Chhatrapati Shivaji, une autre tirait dans le café Léopold, prisé des touristes. Pendant ce temps, deux groupes mitraillaient dans l'enceinte de l'hôtel Taj et de l'hôtel Oberoi respectivement. Enfin, la cinquième équipe organisait une prise d'otages dans le centre juif Chabad House. Dans les deux cas, les attaques simultanées visent le même objectif : semer la confusion parmi la population et les forces de l'ordre quant au nombre de terroristes déployés pour garder l'effet de surprise. Les assaillants de Bombay n'avaient certes pas de veste explosive. Mais ils avaient déposé des bombes dans des taxis qu'ils avaient empruntés, pour entretenir la panique.
Des lieux symboliques et des bâtiments fréquentés
La nature des cibles est commune également. Les terroristes ont attaqué deux types d'endroits. D'une part, il y a des lieux symboliques, comme le Stade de France, et l'hôtel Taj, de renommée mondiale, à Bombay. D'autre part, ils s'en prennent à des bâtiments fréquentés pour tuer au maximum : la gare Shivaji à Bombay, le théâtre du Bataclan à Paris, sans oublier des cafés-restaurants. Et comme au Bataclan, trois des cinq équipes terroristes de Bombay avaient pris des otages qu'ils avaient exécutés au Taj, au centre juif, et à l'Oberoi. Enfin, comme ceux de Paris, les terroristes du Lashkar-e-Taiba n'étaient pas restés immobiles, une équipe attaquant un hôpital après avoir tué 52 personnes dans la gare.
Cruelle ironie de l'histoire, les attentats de Bombay furent si spectaculaires que les autorités françaises imaginèrent le pire. Début 2011, le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), qui dépend du Premier ministre, étudia la possibilité d'attaques similaires dans la capitale. À peine six mois plus tard, en juin, le ministère de l'Intérieur déroulait un exercice inspiré des attaques de Bombay. Le scénario mettait en scène plusieurs attentats à la bombe sale, avec deux prises d'otages en même temps, dans Paris et sa banlieue.
Deux ans de planification pour les attentats de Bombay
Il est trop tôt pour dire si Daesh s'est inspiré du drame de Bombay. En revanche, les similitudes des deux massacres éclairent le niveau de préparation. Les attentats de Bombay avaient exigé deux années de planification. Le Lashkar-e-Taiba avait envoyé un Américain d'origine pakistanaise effectuer des missions de reconnaissance. L'homme, David Headley, avait été arrêté aux États-Unis en 2009 et avait raconté au FBI comment il avait visité Bombay cinq fois pour prendre des photos et des vidéos de sites potentiels. À partir de ces images, les cerveaux des attaques dressèrent une liste de lieux à attaquer, avant de transmettre les documents aux membres du commando pour qu'ils étudient leurs cibles. Difficile d'imaginer les tueurs de Paris passer à l'action sans des mois de repérages minutieux.
Enfin, sept des dix terroristes de Bombay avaient suivi un entraînement rigoureux au maniement des armes, dans deux camps du Lashkar-e-Taiba, à Manshera, puis près de Muzaffarabad, dans l'est du Pakistan, durant deux sessions, l'une de trois semaines en février 2008, l'autre de deux mois et demi l'été suivant. Ainsi naquit la machine à tuer que le Lashkar-e-Taiba lança contre Bombay. À l'époque, un seul terroriste, Ajmal Kasab, fut capturé vivant. Quand les policiers indiens lui demandèrent qui il devait tuer, il répondit : « Tous ceux qui étaient dans ma ligne de mire. » Une consigne que les meurtriers du 13 novembre ont appliquée à la lettre.
En 612 n'était-il pas semblable ?
Votre mémoire faiblit.
C'est que ces attentats nécessitent donc une longue préparation. On peut donc les désorganiser.
De plus les terroristes ne sont pas du plus haut niveau, raison pour laquelle ils ont échoué Dieu merci au Stade de France face à une sécurité relativement standard.