Pour la deuxième fois cette année, la France s’est figée, lundi 16 novembre à midi. Comme le 8 janvier, au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, tout un pays a rendu hommage aux victimes des attentats de vendredi.
Quelques minutes avant les douze coups, un kiosquier est perplexe sur les Champs-Elysées. Il voudrait bien observer cette minute de silence, mais il ne sait pas vraiment comment faire. A part se taire.
Finalement, les salariés des entreprises et des magasins sortent la partager avec lui dans la célèbre avenue.
Ceux de la Défense les ont imités en se retrouvant sur le parvis, comme ceux de la tour Eiffel, descendus au pied du monument.
Sur la place de la République, la foule s’est massée, compacte, autour de la statue. Des jeunes drapés en bleu-blanc-rouge se mêlent aux badauds, aux journalistes et à quelques personnes qui appellent « à la résistance ».
Au milieu de ce charivari, certains tentent de maintenir des bougies allumées aux côtés de personnes éplorérs que personne n’a envie de déranger.
Devant La Belle Equipe, rue de Charonne, un océan de bougies et de messages rend hommage aux victimes du restaurant. Un petit groupe raconte, en pleurs, qu’ils étaient là vendredi. L’une de leurs amies ne les avait finalement pas rejoints, car ce vendredi 13, « elle ne le sentait pas ».
Midi sonne. Les métros sont à l’arrêt, les moteurs des voitures se taisent. A la Sorbonne, quelques centaines d’étudiants, lycéens et collégiens des environs sont regroupés devant la chapelle, à l’intérieur de l’université.
Au milieu de l’arc de cercle formé se détache la silhouette de François Hollande. Il est entouré du premier ministre, Manuel Valls, de la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem et du secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, Thierry Mandon.
Pas un bruit ne traverse la cour d’honneur, davantage habituée aux cris, aux rires et aux discussions, parfois studieuses, souvent frivoles.
A l’Assemblée nationale, les députés entonnent La Marseillaise. Même réflexe patriotique sur la place de la République parisienne et son homonyme lilloise, sur le boulevard Richard-Lenoir ou encore à la Sorbonne.
Là, les étudiants font traîner le temps en la reprenant même une seconde fois après le départ de François Hollande. Juste pour rester encore un peu là.
Des applaudissements retentissent à la gare Lyon-Part-Dieu. Midi est passé, mais la vie a du mal à reprendre son cours normal.
Sur le boulevard Haussman, qui abrite les grands magasins parisiens, personne n’ose parler à voix haute. Au Printemps, le silence s’est surtout fait entre vendeurs, les rares clients présents étant surtout des touristes.
La minute de silence vient de s’achever aux abords du Bataclan. Le quotidien reprend ici aussi ses droits, mais il a pris un autre visage depuis vendredi. Les passants sont nombreux à s’arrêter un instant pour déposer une rose, une bougie ou jeter un regard en direction de la salle de concert, dont la devanture est toujours entièrement bâchée.
Domingos et Maria, eux, reconnaissent s’être arrêtés « un peu par curiosité ». Et puis il y a ces jeunes qui avancent plus silencieux encore, les yeux rouges, les joues mouillées. Eux ne parlent pas. Ils viennent rendre un hommage douloureux aux leurs.
Au siège d’EDF, avenue de Wagram, à Paris, des salariés essuient également leurs larmes. Juan Alberto Gonzalez Garrido, l’ingénieur espagnol de 29 ans qui travaillait avec eux, est mort au Bataclan, où il était venu assister au concert avec sa femme.
Alors quand le président-directeur général, Jean-Bernard Lévy, rompt le silence et invite chacun à reprendre son poste, beaucoup se disent qu’ils vont avoir du mal à faire « comme avant ».
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