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Qui sont les auteurs et le commanditaire présumé des attentats ?

Cinq terroristes ont déjà été formellement identifiés. Les enquêteurs soupçonnent aussi un Belge de 27 ans, parti combattre en Syrie, d'être derrière les attaques du 13 novembre.
par Emmanuel Fansten, Sylvain Mouillard et Willy Le Devin
publié le 16 novembre 2015 à 12h52

Cinq des terroristes auteurs des attentats de vendredi à Paris, qui ont fait au moins 129 morts et 352 blessés, ont déjà été formellement identifiés. L'homme derrière les attaques pourrait être Abdelhamid Abaaoud, un Belge de 27 ans parti faire le jihad en Syrie.

Les terroristes identifiés

Brahim Abdeslam, 31 ans, s'est fait exploser au Comptoir Voltaire, une brasserie du XIarrondissement. Résidant à Molenbeek, un quartier populaire de Bruxelles, il était connu des services secrets belges, mais l'information n'avait pas été communiquée à la police française. L'homme a loué à son nom une des voitures ayant servi aux attaques parisiennes, une Seat noire retrouvée à Montreuil avec à son bord trois kalachnikovs, cinq chargeurs pleins et onze vides.

Bataclan

Samy Amimour : 28 ans, il est né à Paris mais a grandi à Drancy (Seine-Saint-Denis). Ce kamikaze du Bataclan a été tué lors de l'assaut des forces de l'ordre dans la nuit de vendredi à samedi. L'homme est connu de la justice antiterroriste depuis sa mise en examen, le 19 octobre 2012, pour «association de malfaiteurs terroriste», en l'occurrence un projet de départ avorté vers le Yémen. Il est apparu en violation de son contrôle judiciaire à l'automne 2013, et un mandat d'arrêt international avait alors été délivré à son encontre. Selon sa famille, que l'AFP a rencontrée il y a quelques semaines lors d'un reportage, c'est à cette époque qu'Amimour est parti en Syrie. Il y était encore à l'été 2014, et s'était même marié sur place.

Omar Ismaïl Mostefaï : premier kamikaze dont l'identité a été dévoilée, ce Français de 29 ans né à Courcouronnes (Essonne) a été identifié grâce à un doigt retrouvé au Bataclan. Vendredi soir, il a déclenché sa ceinture d'explosifs dans la salle de spectacle après avoir tiré à la kalachnikov sur la foule. Jeune père de famille, il vivait dans le quartier de la Madeleine, à Chartres. Entre 2004 et 2010, il a eu affaire à la justice, à chaque fois pour des délits mineurs et sans être incarcéré. Il était par ailleurs fiché par les services de renseignement et faisait l'objet d'une «fiche S» pour radicalisation. L'homme s'est rendu en Turquie à l'automne 2013, puis vraisemblablement en Syrie, où il aurait résidé plusieurs mois. A son retour, au printemps 2014, il réapparaît dans les radars de la DGSI à Chartres, où il fréquente un petit groupe salafiste de sept à huit personnes. Sa «fiche S» a été réactualisée il y a environ un mois. Selon le Figaro, la Turquie aurait alerté à deux reprises la France au sujet de Mostefaï, sans réponse de Paris.

Stade de France

Un passeport au nom d'Ahmad al-Mohammad, né en septembre 1990 à Idlib (Syrie), a été retrouvé à proximité d'un des trois kamikazes du Stade de France. Les enquêteurs estiment qu'il peut en être le propriétaire, dans la mesure où il «existe une concordance entre [ses] empreintes papillaires et celles relevées lors d'un contrôle en Grèce en octobre 2015». Cela ne signifie pas pour autant que le terroriste répond réellement à l'identité d'Al-Mohammad. Il peut avoir acheté un faux passeport ou volé le document à son propriétaire. En revanche, il est avéré que ce kamikaze est arrivé en Europe très récemment. Son passeport a été enregistré par les autorités grecques le 3 octobre sur l'île de Leros, située à 35 kilomètres des côtes turques, parmi un groupe de 70 migrants, principalement syriens. L'homme serait ensuite passé par la Macédoine et la Serbie, où il aurait déposé une demande d'asile, avant que sa trace ne se perde en Croatie. Un parcours qui suscite deux interrogations : des terroristes se mêlent-ils aux réfugiés qui tentent de rejoindre l'Europe ? L'Etat islamique a-t-il délibérément choisi cette stratégie pour diviser l'Union européenne sur l'accueil des migrants ?

Bilal Hadfi : 20 ans, il s'est fait sauter au Stade de France. Né en France, il était résident en Belgique.

Le fugitif

Salah Abdeslam : 26 ans, il est soupçonné d'être le huitième terroriste des attaques parisiennes revendiquées par l'Etat islamique. Activement recherché par toutes les polices européennes, annoncée lundi matin par la presse belge, son arrestation a été démentie peu de temps après par le Parquet belge. Samedi matin, l'homme a été arrêté par hasard lors d'un contrôle de gendarmerie sur l'autoroute A2, au niveau de Cambrai (Nord). Ses papiers ont été contrôlés, mais n'étant pas fiché en France, il avait pu continuer sa route.

Le commanditaire présumé

Abdelhamid Abaaoud, Belge de 27 ans, est vraisemblablement l'homme qui est derrière les attaques perpétrées à Paris vendredi soir. Il serait parti en Syrie il y a environ deux ans. Depuis, à l'instar du Français Salim Benghalem, geôlier des quatre journalistes français retenus en otage de juin 2013 à avril 2014, Abaaoud a gravi les échelons au sein de l'Etat islamique (EI). L'organisation lui aurait alors confié la mission d'entraîner des jihadistes pour la planification d'attentats en Europe.

L’homme à la longue barbe noire, plutôt fluet, était connu dans la région de Raqqa, capitale syrienne du califat de l'EI, depuis une vidéo effroyable dans laquelle il conduisait un 4X4 tirant plusieurs corps. Il est intime de Salah Abdeslam, 26 ans, l’un des participants présumé aux attaques de Paris, actuellement en fuite, et faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international.

Selon plusieurs sources du renseignement intérieur et extérieur, Abaaoud aurait été en contact ces derniers mois avec Ayoub El-Khazzani, l'auteur de l'attaque commise le 21 août dans le Thalys Amsterdam-Paris. D'autres sources affirment que des contacts existaient avec Sid Ahmed Ghlam, l'étudiant algérien de 24 ans qui projetait des attaques contre des églises de Villejuif (Val-de-Marne) en avril. Enfin, il apparaît quasi certain qu'Abaaoud connaît Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie du musée juif de Bruxelles le 24 mai 2014, et passé brièvement par Molenbeek à son retour de Syrie.

Originaire du quartier de Molenbeek, situé dans la banlieue de Bruxelles, de nationalité belge, Abaaoud, dont le nom de guerre est Abou Omar Al-Soussi, a fait venir en Syrie il y a quelques mois son jeune frère Younès, âgé de 15 ans.

Selon M6, un témoignage intéressant sur Abdelhamid Abaaoud a été recueilli par les policiers français. Sur la base d’une information livrée par un jihadiste espagnol, les services ont interpellé mi-août Reda H., un homme de retour de Syrie. En garde à vue, ce dernier a révélé avoir reçu un entraînement pour commettre des attentats en France. Un entraînement dont le commandement était visiblement assuré par Abdelhamid Abaaoud. Blessé durant les exercices, Reda H. est rentré en Europe avec pour consignes de frapper une salle de concert. Pour accomplir cet objectif, Abaaoud aurait confié à Reda H. des identifiants de connexion et 2 000 euros en liquide.

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