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Des Nigérianes ouvrent leur cœur sur Instagram

Mari volage, violences conjugales, problèmes de couple ou vie amoureuse compliquée alimentent largement les courriers du cœur dans le nord-est du Nigeria.

Le Monde avec AFP

Publié le 16 novembre 2015 à 12h24, modifié le 16 novembre 2015 à 11h30

Temps de Lecture 3 min.

Femmes de la ville de Kano, au nord-est du Nigeria.

Dans le nord du Nigeria, une région aux mentalités conservatrices où l’islam est dominant, demander conseil en public n’est pas encore entré dans les mœurs. On préfère généralement gérer ses problèmes en famille.

Sur sa page Instagram, une femme, Ziya’atulhaqq Usman Tahir, a entrepris de changer cela depuis la ville de Bauchi, dans le nord-est du pays. « C’est une plate-forme pionnière qui donne aux femmes l’occasion de partager leurs problèmes et d’y chercher des solutions », a-t-elle expliqué, présentant sa page instagram.com/fatibolady où les femmes peuvent exposer leurs problèmes dans l’anonymat et recevoir des conseils d’autres Nigérianes.

« C’est un espace qui aide les femmes à s’ouvrir en exprimant les angoisses qu’elles taisaient et en cherchant des conseils pour y remédier », a-t-elle ajouté par téléphone. La page en anglais et haoussa comporte également un forum où débattre de questions comme la drogue, la délinquance, le divorce, les difficultés financières…

Plus de deux millions de réponses

Tout cela a commencé il y a trois mois quand Mme Tahir, qui publiait ses réflexions sous le titre « L’amour vu du nord », a décidé de rapporter le dilemme d’une jeune fille impliquée dans une relation vouée à l’échec. « Elle n’était pas prête à suivre mes conseils et je lui ai dit que j’allais mettre tout ça en ligne pour que tous mes contacts puissent éventuellement y apporter leurs réponsesLa réaction a été énorme. C’est comme ça que tout a commencé », précise-t-elle.

Depuis, la popularité de la page s’est envolée. Plus de 24 000 personnes la suivent aujourd’hui et ses 400 messages postés ont provoqué plus de deux millions de réponses. « En raison du volume des messages et réponses, nous avons décidé d’être en ligne tous les jours de la semaine. Un millier de personnes au moins envoient des réponses chaque jour », explique Mme Tahir.

Cette nouvelle approche des problèmes personnels tranche avec les comportements traditionnels des femmes dans cette partie du Nigeria. Pour refouler leurs difficultés, certaines vont jusqu’à prendre du sirop contre la toux contenant de la codéine, à tel point que les autorités ont décidé d’en interdire la fabrication et la vente. Malgré cela, l’agence antidrogue du Nigeria, la NDLEA, a déclaré cette semaine qu’au moins 30 000 flacons de sirop pour la toux étaient consommés chaque jour dans le nord.

« De plus en plus de femmes sortent de leur coquille »

Selon Mme Tahir, deux facteurs expliquent que les Nigérianes du nord, généralement réservées, aient commencé à s’ouvrir : le caractère anonyme des conversations en ligne et une relative hausse du niveau d’éducation.

« Les problèmes familiaux sont généralement considérés comme des questions d’ordre privé dans lesquelles aucune personne extérieure ne doit s’immiscer, ce qui fait que les femmes sont généralement obligées de subirMais de plus en plus de femmes sortent de leur coquille pour évoquer leurs difficultés sociales et affectives », dit-elle.

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Un des cinq cas de violences au foyer mis en ligne sur sa page a été porté devant la justice où il est en attente de jugement, après que les femmes eurent été invitées à recourir aux tribunaux sur la page Instagram.

« Une aide considérable » aux femmes

Mme Tahir reconnaît qu’il est difficile d’évaluer l’impact de son initiative mais elle estime que le forum apportait « une aide considérable » aux femmes. « J’ai reçu plus de 100 courriels de louange et encouragement de femmes concernées et qui ont bénéficié des conseils reçus, précise-t-elle. Ce n’est que le sommet de l’iceberg, je pense ».

Avec une montée de l’intérêt manifesté, Mme Tahir a appelé des professionnels à apporter leur expertise et fournir des conseils : gynécologues, psychologues, avocats, conseillers matrimoniaux… « Mon ambition est d’avoir une émission de télévision pour permettre aux gens d’échanger physiquement avec une série de spécialistes et pour obtenir les meilleurs conseils en matière de problèmes sociaux », a-t-elle ajouté.

Le Monde avec AFP

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