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L’appel polémique de Marc Simoncini, le fondateur de Meetic

Marc Simoncini a exhorté sur les réseaux sociaux les entrepreuneurs français exilés à l’étranger à rentrer créer de la richesse dans l’Hexagone.

Par  et

Publié le 16 novembre 2015 à 19h16, modifié le 17 novembre 2015 à 06h54

Temps de Lecture 3 min.

Marc Simoncini, le 18 novembre 2013.

« Mes chers amis entrepreneurs, vous êtes nombreux, très nombreux à avoir quitté la France, pour des raisons personnelles parfois et fiscales souvent. » C’est par une phrase, qui sonne comme un reproche, que commence l’appel de Marc Simoncini. Alors que la France panse ses plaies, le serial entrepreneur français (Sensee, Meetic, ifrance) a invité dimanche 15 novembre à 23 heures sur Twitter et Facebook les entrepreneurs français exilés à l’étranger à rentrer créer de la richesse dans leur pays. « Revenez, payez-y vos impôts, vous verrez, ça n’est pas si difficile ! Revenez, parce que si nous ne sauvons pas notre nation, vous aurez vous aussi bientôt tout perdu », a-t-il lancé.

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Cette initiative, Marc Simoncini l’a prise seul, sans en avoir préalablement discuté avec d’autres entrepreneurs de la Netosphère. « J’ai eu une réaction épidermique. Cela m’est venu en voyant le désarroi des forces de sécurité [à la suite des attentats du 13 novembre], qui manquent de moyens. On a beau retourner le problème dans tous les sens, à la fin, c’est quand même un problème d’argent », explique l’entrepreneur.

« La question n’est plus de savoir si l’on va payer 40 % ou 45 % d’impôts. La question est de savoir si l’on va continuer à vivre dans le même pays », poursuit l’investisseur, qui cible les très nombreux entrepreneurs partis mettre leur argent à l’abri, après avoir vendu leur entreprise.

« Entendre la vérité ne fait plaisir à personne »

Sur Facebook, son message a été partagé 775 fois. Sur Twitter, il a été retwitté 561 fois et « liké » (apprécié) 309 fois. L’appel du créateur de Meetic a été diversement apprécié. Ses supporters l’ont félicité. « Tellement juste. Ne pas déserter et continuer de se battre – économiquement pour la France – you’re right », a lancé sur Facebook Hugo Brugière, vice-président de Cybergun, fabricant d’armes factices.

D’autres, qui se sont sentis visés, ont vertement répondu au fondateur de Meetic. Développeur dans une start-up américaine et partageant son temps entre San Francisco et la France, Pierre Vannier a trouvé le message de Marc Simoncini « pathétique », considérant qu’il y a là un « mélange des genres inacceptable ». « C’est surtout la fin du message qui rapproche le départ de certains des attentats, qui m’a choqué, explique-t-il. C’est de la récupération. »

Marc Simoncini a bien conscience d’avoir jeté un pavé dans la mare. « Je me suis fâché avec beaucoup de mes amis. Entendre la vérité ne fait plaisir à personne. Mais pour dix critiques, j’ai eu 100 soutiens », veut croire l’entrepreneur, qui a lui-même songé à s’installer à l’étranger il y a deux ou trois ans. Pierre Kosciuszko-Morizet, qui a vendu PriceMinister à Rakuten en 2010, a volé au secours de l’entrepreneur. « Je suis exactement sur la même ligne, même si cela fait donneur de leçon. Et Marc n’en est pas un. Moi-même, j’ai ressenti l’envie de partir après avoir vendu, mais la fiscalité n’est pas une bonne raison de déménager », explique celui qui a également vu de nombreux entrepreneurs aller se réfugier à Londres ou à Bruxelles.

« Ce n’est pas vraiment le moment »

D’ailleurs, certains démentent un exil fiscal massif. Pierre Vannier explique qu’il a souhaité rester en France, mais qu’il n’a pas trouvé le travail adéquat. « On devrait prêcher la solidarité et l’unité en ces temps difficiles plutôt que de stigmatiser telle ou telle classe », estime-t-il. De son côté, Jérome Lecat, fondateur de Scality, justifie son départ en Californie. « Marc Simoncini oublie que beaucoup d’entre nous ne sont pas partis pour échapper à l’impôt, mais plutôt pour faire croître leur business. Il n’y a que 3 % des clients mondiaux pour mon activité en France, dit le patron. Ceux qui partent ne sont pas légion. »

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De son côté, Jean-David Chamboredon, qui avait lancé en septembre 2012 le mouvement des Pigeons, dénonçant une loi de finance jugée « anti-start-up », modère. « Les entrepreneurs peuvent être partis pour des raisons fiscales, mais ils refont leur vie, et oublient ensuite les raisons de leur départ. »

Surtout, le landerneau des start-up a trouvé qu’évoquer la fiscalité au lendemain de terribles attentats était déplacé. « Ce n’est pas vraiment le moment. Aujourd’hui, il vaut mieux penser à la solidarité et à la générosité, peut-être aider les familles de victime d’une manière ou d’une autre, mais pas stigmatiser les uns et les autres », lance Ludovic Le Moan, le co-fondateur de Sigfox, spécialiste des objets connectés qui a levé en février dernier 100 millions d’euros. Jean-David Chamboredon abonde. « Je comprends ce qui anime Marc Simoncini, car il est vrai que la France est en faillite. Mais je ne suis pas sûr que faire rentrer 50 ou 100 entrepreneurs va résoudre un problème d’ampleur », dit le président exécutif du fonds d’investissement ISAI.

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