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ATTAQUES À PARIS

Michel Onfray, la "coqueluche" de l'EI

Comme toujours à contre-courant, l’intellectuel français Michel Onfray a estimé, après les attaques du 13 novembre, que la "France ne fait que récolter ce qu’elle a semé". Une rhétorique reprise à bon compte par l’EI.

Après les attentats de Paris, le philosophe français Michel Onfray incrimine la stratégie belliciste de la France.
Après les attentats de Paris, le philosophe français Michel Onfray incrimine la stratégie belliciste de la France. Charly Triballeau, AFP
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Comme après les tueries de janvier, les Français se sont montrés solidaires après les attaques du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis. Mais alors que la France n’avait pas fini de compter ses morts, des voix discordantes se sont aussitôt élevées. Sans surprise, Michel Onfray, qui défend pourtant une vision du monde hédoniste et athée, est allé à contre-courant de l’émotion générale.

À 1h20 du matin, dans la nuit de vendredi à samedi, soit quatre heures à peine après les premières explosions dans le Stade de France, le philosophe français s’est senti obligé de réagir sur Twitter, bien loin de la compassion collective pour les victimes. "Droite et gauche qui ont internationalement semé la guerre contre l'islam politique récoltent nationalement la guerre de l'islam politique."

Fidèle à son antienne, il met ainsi Nicolas Sarkozy et François Hollande dans le même sac et fustige non pas les auteurs des attentats mais "les guerres extérieures" de la France contre "l’islam politique". Dans un entretien accordé au "Point" le même week-end il développe sa pensée : "La France fait partie depuis le début, hormis l’heureux épisode chiraquien, de la coalition occidentale qui a déclaré la guerre à des pays musulmans […] La France est-elle à ce point naïve qu’elle imagine pouvoir déclarer la guerre à des pays musulmans sans que ceux-ci ripostent ?"

Michel Onfray bientôt dans "Dabiq" ?

Si la rhétorique de Michel Onfray, bien sûr, ne fait pas l’unanimité, elle lui vaut bonne presse auprès des supporters de l’organisation de l'État islamique (EI) qui ont retweeté sa sortie à l’infini depuis samedi. L’intellectuel qui défend l’athéisme fait ironiquement le buzz sur les réseaux jihadistes et certaines de ses interventions télévisées ont été sous-titrées en arabe et diffusées sur leurs réseaux.

Selon David Thomson, journaliste de RFI et spécialiste des mouvements jihadistes, Michel Onfray est même en train de devenir "l’une des coqueluches de l’EI", comme il l’a évoqué dans une interview sur France Inter le 16 novembre. "Onfray est traduit en arabe, il est partagé sur tous les comptes pro-EI parce qu’il reprend mot pour mot le discours de l’EI". Le journaliste s’attend même à ce qu’Onfray soit cité dans le prochain numéro du magazine "Dabiq", "qui reprend souvent des phrases et citation de personnalités dites 'ennemies' mais qui accréditent ses thèses", souligne Thomson. "Dabiq" est un magazine publié en anglais sur internet où l’EI défend le "califat" et appelle au jihad mondial.

Le succès d’Onfray auprès des jihadistes n’est pas nouveau. En mai 2013, l’interview de Michel Onfray par Jean-Jacques Bourdin sur BFM/RMC, avait été sous-titrée en arabe et largement partagée. Le philosophe déclarait alors : "On ne va pas faire la loi chez les musulmans. Les musulmans sont chez eux. Dans ces cas là, pourquoi on ne va pas faire la loi en Israël… Il faut arrêter de faire la politique coloniale qui est la nôtre sous prétexte que ce serait les droits de l’Homme qui nous animerait !", déclarait-il alors, revenant sur l’intervention française au Mali.

Même son de cloche à l’extrême gauche

Onfray n’est pas le seul à trouver des excuses à la terreur. Dans la même veine, les partis d’extrêmes gauche – le NPA ou Lutte ouvrière – comme les Indigènes de la Républiques mettent en cause la politique belliciste de la France et sa supposée islamophobie. "La France connaît le retour de flamme d’une politique étrangère belliciste en Libye, au Mali, en Syrie, en Irak… motivée par la stratégie du 'choc de civilisations' et son corrélat interne que sont le racisme et l’islamophobie d’État", publient sur leur site les Indigènes de la République, parti qui se définit comme un mouvement de mobilisation anti-raciste.

"Par esprit retors ou faussement rebelle, à moins que ce ne soit le syndrome de Stockholm, vous en trouverez toujours pour donner raison aux assassins", a aussitôt réagi l’essayiste Caroline Fourest qui dénonce, dans le Huffington Post, des "rengaines non seulement immorales" qui "arment les terroristes" et "facilitent leur recrutement. Elles nous désignent comme cible. Ce sont des refrains de collaborateurs, de supplétifs, qui font le jeu d'une propagande visant à nous détruire."

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