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Poutine admet enfin l'attentat contre l'A321 dans le Sinaï

Coïncidence? Ce mardi, quatre jours après les attentats de Paris, Vladimir Poutine a enfin reconnu que le crash de l'A321 était bel et bien un attentat, comme l'avait revendiqué le groupe Etat islamique (Daech). Le même jour, des bombardiers stratégiques russes ont ciblé pour la toute première fois des positions du califat autoproclamé.

«Bien sûr que ce n'est pas une coïncidence! Ces derniers jours, le Kremlin aligne les bons mouvements tactiques», reconnaît Pavel Felgenhauer, expert militaire indépendant à Moscou, tout à la fois critique et admirateur: après avoir mis les Occidentaux devant le fait accompli (en intervenant militairement) en Syrie, le président russe est sur le point de les convaincre de rejoindre son projet de «coalition internationale contre les terroristes».

Vers une grande coalition

Le président français François Hollande a lui-même appelé à une «grande et unique coalition». Du coup, Vladimir Poutine ne cache pas sa satisfaction. «J'ai parlé de cette coalition [fin septembre] lors de la session de l'ONU», a-t-il expliqué avec jubilation après le G20 de ce week-end en Turquie. Lors de ce sommet, loin de l'accueil froid du G20 de l'an passé en Australie (à cause de la crise ukrainienne), il a été au centre des rencontres. «Les événements tragiques [à Paris] ont confirmé que nous avions eu raison», a insisté le président alors que les Occidentaux, Paris en tête, s'étaient jusque-là opposés à la stratégie du Kremlin.

Cela dit, «il ne pourra s'agir d'une coalition politique. Ce sera une alliance matérielle: unir les efforts, définir la stratégie générale, coordonner les opérations aériennes et peut-être envisager une intervention au sol», prévient Alexander Konovalov, président de l'Institut des analyses stratégiques à Moscou.

L'heure du châtiment

Dans une suite d'événements bien chorégraphiés, Vladimir Poutine, juste après ces déclarations lundi soir, a tenu une réunion tardive au Kremlin avec le patron des services de renseignement. Puis mardi matin, il a donc reconnu publiquement ce que les Occidentaux avaient déjà dit et que les officiels affirmaient en coulisses à Moscou: le crash de l'A321 russe détruit en vol le 31 octobre était un attentat. Daech en avait revendiqué la responsabilité dès le lendemain. Mais Moscou défendait la thèse de l'accident afin que cela ne soit pas perçu en Russie comme une revanche des djihadistes contre l'offensive en Syrie. Les attaques de Paris ont depuis créé un tout autre contexte. Rejoint par François Hollande, Vladimir Poutine promet désormais «de trouver et punir les criminels, le châtiment est inévitable». Des mots rapidement entrés dans les faits, avec l'intensification militaire en Syrie.

«Le revirement de Moscou sur le crash de l'A321 est sans doute lié aux attaques de Paris», analyse Pavel Felgenhauer. «Le plus important pour le Kremlin, c'est de mettre en place cette coalition. Et, au-delà, de faire passer au second plan les divergences sur l'Ukraine, d'envisager un Yalta 2…»

Hollande à Moscou

Succès notable pour le Kremlin: afin d'orchestrer son offensive en Syrie, François Hollande se rendra la semaine prochaine non seulement à Washington mais aussi à Moscou. La France, qui triple ses capacités d'action, se coordonne déjà avec les forces russes à Lattaquié et Tartous, sur la côte syrienne. Vladimir Poutine a d'ailleurs hier ordonné à ses navires de guerre en Méditerranée d'entrer en «contact direct» avec le porte-avions français Charles-de-Gaulle. Et, après un entretien téléphonique, il s'est mis d'accord avec François Hollande pour une «coordination plus étroite» de leurs agences de renseignement. Bref: la coalition voulue par le Kremlin entre dans le concret.