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Riposte d’Anonymous aux attentats du 13 novembre : le vrai et le faux

De nombreuses informations, souvent erronées, circulent depuis les menaces proférées par le collectif de hackeurs à l’encontre de l’Etat islamique.

Par , et

Publié le 17 novembre 2015 à 17h35, modifié le 17 novembre 2015 à 21h43

Temps de Lecture 4 min.

Capture d’écran d’une vidéo d’Anonymous menaçant l’Etat islamique après les attentats du 13 novembre.

« Sachez que nous vous trouverons et que nous ne lâcherons rien. Nous allons lancer l’opération la plus importante jamais réalisée contre vous, attendez-vous à de très nombreuses cyberattaques. » Après les attentats du 13 novembre, le groupe informel de hackeurs Anonymous avait menacé l’Etat islamique (EI) dans plusieurs vidéos et messages publiés sur les réseaux sociaux.

Outre que, contrairement à ce qui a souvent été écrit, les Anonymous n’ont pas déclaré ce jour-là la guerre à l’EI – ils l’avaient déjà fait après les attentats de janvier –, de nombreuses informations, souvent erronées, circulent sur les réseaux sociaux. Notamment concernant la publication par le collectif de plusieurs listes de comptes Twitter liés à l’EI.

  • Le compte@opparisofficial revendique 5 500 comptes de l’EI fermés

Le compte@opparisofficial, qui se présente comme le compte Twitter officiel de l’opération #OpParis, lancée après les attentats de novembre, a annoncé mardi 17 novembre au matin que « plus de 5 500 comptes Twitter de l’Etat islamique sont hors service ».

Rien pour l’instant ne permet de le confirmer, d’autant que ce compte ne donne aucune indication sur la façon dont #OpParis aurait pu parvenir à ce résultat. Pour fermer un compte, il faut réussir à s’y infiltrer pour le supprimer – mais pirater 5 500 comptes en si peu de temps semble peu probable. Ou bien le signaler à Twitter, qui, s’il considère que le compte viole ses conditions d’utilisation, peut le suspendre – mais cela prend généralement plus de temps.

Sur le site Web OpParis, on trouve certes une liste de plus de 5 000 comptes. Si certains ont été suspendus ou supprimés, d’autres sont toujours en ligne. Et on en retrouve certains dans une autre liste, publiée au mois de septembre.

  • 9 200 comptes Twitter publiés : l’information date de mars

L’information qui circule sur la révélation de 9 200 comptes liés à l’EI date en fait du mois de mars. L’article que nous avions publié à l’époque circule abondamment sur les réseaux sociaux depuis les nouvelles menaces d’Anonymous, présenté, donc, à tort comme récent.

  • 900 comptes Twitter publiés : un document ancien

Plusieurs messages, largement relayés, affirment que le groupe a publié la liste de 900 comptes Twitter liés à l’EI sur la plate-forme Pastebin, souvent utilisée par Anonymous. Cette liste a bien été mise en ligne le 16 novembre, mais, en l’observant de plus près, elle paraît ancienne. Le document s’ouvre sur un lien vers une vidéo d’Anonymous datant de février. En outre, la plupart des comptes ont déjà été suspendus par Twitter. Or il paraît improbable qu’en moins de vingt-quatre heures Twitter ait pu à la fois analyser ces comptes, confirmer leur appartenance à la sphère djihadiste et les fermer.

  • 2 135 comptes Twitter publiés : une liste récente

En revanche, le compte Anonymous Norvège renvoie vers une liste de 2 135 comptes Twitter présentés comme liés à l’EI qui semble plus crédible. Celle-ci a été publiée sur la plate-forme Ghostbin le 16 novembre, elle aussi régulièrement utilisée par le groupe. Elle est siglée #OpParis, et son message d’introduction fait référence aux « citoyens de France et du Liban », récemment visés par des attentats. Une importante partie des comptes Twitter listés est toujours en ligne, et les éléments de ce document ne semblent pas coïncider avec la liste de septembre.

Publier des listes de comptes Twitter, pour quoi faire ?

En listant les comptes des membres de l’EI, Anonymous veut pousser Twitter à les supprimer. « Plus ces comptes attireront l’attention, plus il y aura de chances pour que Twitter décide d’agir et de les supprimer », pouvait-on lire en mars dans un texte publié sur Medium, lors de la publication des 9 200 comptes, par un participant à l’opération. Si le réseau social s’exécute, cela aurait, selon lui, « un sérieux impact dans la capacité de l’EI à déployer sa propagande et recruter des membres ».

Twitter peut supprimer des comptes dans deux conditions : si les autorités d’un pays le lui demandent car le compte en question enfreint la loi nationale ; et si un compte est signalé par des internautes et qu’il enfreint les règles d’utilisation de Twitter. Les règles du réseau social interdisent l’apologie du terrorisme : si un compte lui est signalé en ce sens, il est censé être suspendu.

En publiant des listes de comptes, Anonymous envoie donc un message à Twitter – qui n’est pas en mesure de surveiller l’intégralité du contenu publié par ses 300 millions d’utilisateurs actifs – et incite les internautes à les signaler massivement, afin de faire pression sur le réseau social. Chez Twitter, on se refuse à commenter cette nouvelle opération.

Un impact limité sur l’EI

Ce n’est pas la première fois que l’EI est confronté à une action d’Anonymous, ni même de Twitter lui-même. Depuis octobre 2014, plusieurs vagues de désactivation de comptes ont frappé le réseau djihadiste, avec une efficacité très relative. Les sympathisants de l’EI ont en effet développé des stratégies pour recomposer très rapidement leur réseau dans pareilles situations.

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Ainsi, les principaux comptes disposent de multiples comptes de remplacement dont les adresses circulent par Twitter, ou sur des plates-formes textuelles, comme Pastebin, Justpaste ou encore Archive. Ce qui permet à leurs abonnés de basculer vers l’adresse suivante dès que la précédente est désactivée. Souvent, ceux-ci se contentent d’ajouter un numéro à leur pseudonyme, qui augmente au gré des censures. Un des porte-parole de l’EI a ainsi passé le cap des 300 réapparitions en octobre, non sans narguer Twitter et Anonymous.

La personne en question a vu quatre de ses comptes suspendus rien que depuis le 13 novembre et un tweet de menace contre la France. Les comptes au centre de l’Etat islamique, ceux qui distillent les communiqués de presse et les vidéos de propagande djihadiste, sont quant à eux privés, empêchant les internautes extérieurs au premier cercle d’accéder à son contenu.

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