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Attentats : Juppé et Sarkozy affichent leurs différences d’approche sur la lutte antiterroriste

Pour le maire de Bordeaux, la déchéance de nationalité ne « changera pas la réalité des choses ». L’ex-président la juge, lui, indispensable.

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Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

Par Gabriel Nédélec

Publié le 18 nov. 2015 à 10:24

Le match entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy se poursuit de plus belle par médias interposés. Dans une interview donnée au « Figaro », le maire de Bordeaux « continue à penser que la France a besoin d’unité » pendant que, dans les colonnes du « Monde », l’ex-chef de l’Etat juge que « trop de temps a été perdu » dans la lutte contre le terrorisme et le renforcement de la sécurité. Si l’ancien Premier ministre reconnaît la responsabilité de la droite dans la réduction des effectifs des forces de l’ordre, le président des Républicains défend un bilan à l’équilibre « au global, entre 2002 et 2012 ».

Si cette nouvelle passe d’armes rappelle que la compétition pour la primaire est plus que jamais d’actualité, elle révèle par ailleurs de nettes différences sur le fond entre les deux hommes. Alors que Nicolas Sarkozy salue la volonté de François Hollande de mettre en place la déchéance de la nationalité pour les terroristes binationaux nés en France, Alain Juppé juge lui que cela ne « changera pas le climat ou la réalité des choses ». Le maire de Bordeaux « demande à voir » aussi quant à l’incarcération ou l’assignation à résidence des 10.500 personnes fichées « S », comme le réclame l’ex-chef de l’Etat, arguant que seuls 5.000 d’entre eux sont suspectés d’actes terroristes. Ceux qui « représentent un caractère de danger » avéré, « il faut envisager des mesures à leur encontre », mais il préconise par ailleurs de « suivre les autres pour remonter les filières ». Pour Nicolas Sarkozy, qui plaide aussi pour « l’extension de la rétention de sûreté aux terroristes à l’issue de leur peine de prison », à l’inverse, ces mesures sont « indispensables » et semblent conditionner le soutien de la droite à la révision constitutionnelle voulue par François Hollande.

Alain Juppé reconnaît qu’il faut donner la priorité au renforcement de la sécurité sur la rigueur budgétaire, appelant Bruxelles à « tenir compte » des opérations militaires de la France, mais il refuse que « l’effort budgétaire soit jeté aux oubliettes ». Nicolas Sarkozy juge, lui, que cela remettrait en cause « notre indépendance » et que François Hollande a « parlé avec trop de légèreté de la situation économique de la France ».

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En outre, Nicolas Sarkozy est formellement opposé à l’envoi de troupes « occidentales » sur le sol syrien pour lutter contre Daech, préférant soutenir une « intervention des pays arabes de la région ». « C’est ce que nous avions fait en Libye et cela a parfaitement fonctionné », explique-t-il. Alain Juppé est beaucoup moins catégorique puisqu’il n’exclut pas une intervention au sol si la France est accompagnée car « les frappes aériennes ne suffisent pas » selon lui. Sur ce dernier point, Nicolas Sarkozy le rejoint.

Il y a tout de même quelques convergences. Pour le maire de Bordeaux comme pour l’ex-chef de l'Etat, Schengen, en l’état, « est mort », affirment-ils d’une même voix. Ils appellent tous deux à un « pilotage » des politiques migratoires au niveau européen, à un véritable contrôle des frontières extérieures de Schengen et à un rétablissement des frontières nationales.

G.N.

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