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Deux morts et sept interpellations après une opération antiterroriste à Saint-Denis

Deux personnes retranchées ont été tuées, dont une femme qui a activé sa ceinture d'explosifs. Les forces de l'ordre ont procédé à sept interpellations, mais leur identité n'est pas connue. La cible de l'opération était le commanditaire présumé de l'attaque de vendredi, le Belge Abdelhamid Abaaoud.
par LIBERATION
publié le 18 novembre 2015 à 5h48
(mis à jour le 18 novembre 2015 à 12h31)

Il est 4h20 ce mercredi matin quand la police antiterroriste décide de lancer l'assaut contre un appartement de Saint-Denis. Cinq jours après les attentats du 13 novembre, qui ont fait au moins 129 morts, la cible de l'opération est le commanditaire présumé de l'attaque, le Belge Abdelhamid Abaaoud, comme l'a confirmé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. On ignore toujours si l'homme se trouvait effectivement à Saint-Denis et s'il fait partie des sept interpellés. L'appartement, situé à une vingtaine de minutes à pied du Stade de France, a été investi par les hommes du Raid et de la BRI. Au total, 120 d'entre eux ont été mobilisés. L'assaut s'est terminé en fin de matinée.

Bernard Cazeneuve s'est rendu sur place à la mi-journée. Il a annoncé que la police a procédé à sept interpellations, mais sans donner les identités des personnes arrêtées. Parmi les interpellés, deux sont hospitalisés «sous une très grosse surveillance policière», selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Bernard Cazeneuve a aussi salué l'intervention «extrêmement courageuse» des forces de l'ordre, expliquant qu'elles ont «essuyé le feu des terroristes pendant de nombreuses heures, dans des conditions jamais rencontrées».

En direct : Opération toujours en cours à Saint-Denis

Dès le début de l'attaque, une «jeune femme» portant un gilet explosif l'a activé. Elle est morte. Selon David Thomson, journaliste de RFI, cela serait la première fois en France qu'une femme est envoyée dans une opération. Une autre personne retranchée a été tuée, «atteinte par des projectiles et des grenades», selon François Molins, le procureur de la République de Paris. Au total, sept personnes ont été interpellées : trois étaient dans l'appartement, deux autres cachées dans des gravats. Les deux dernières sont l'homme qui a fourni l'appartement et une de ses connaissances. D'après un élu de Saint-Denis contacté par Libération, des chiens de la police ont marqué une voiture «avec des traces d'explosifs et d'armes à feu».

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Par ailleurs, cinq policiers ont déjà été légèrement blessés au cours de l'opération. Une chienne de la brigade canine, Diesel, a été tuée. Alexia, qui se trouvait à sa fenêtre à proximité de l'appartement visé, dans un immeuble insalubre, a entendu «des tirs à partir de 04H25, des "boum" comme des grenades puis des rafales intermittentes». Dominique, infographiste de 45 ans, habite près des lieux. Il raconte : «On a été réveillé en sursaut à 4h30 par des coups de feu. La chambre de notre fille donne sur une cour intérieure, on a déplacé le matelas dans l'entrée. L'assaut est dans l'immeuble à côté, au 48, qui donne rue du Corbillon. On est resté sous l'orage pendant deux heures, ça tirait sans interruption, il y a eu au moins deux grosses déflagrations. Ça s'est calmé vers 6h15. Deux nouvelles déflagrations vers 7h30-8h. Ça a repris vers 9h30.»

Portrait : Qui est Abdlehamid Abaaoud ?

L'opération a mobilisé également des militaires et des hélicoptères, qui ont bouclé une partie de Saint-Denis. Les écoles et collèges du centre de la ville sont fermés aujourd'hui. François Hollande, de son côté, s'est réuni dans son bureau à l'Elysée avec le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

L'enquête sur les attentats se concentre aussi sur Salah Abdeslam, 26 ans, soupçonné d'avoir été l'un des tireurs qui ont mitraillé vendredi soir les terrasses de cafés et restaurants parisiens, avec son frère Brahim. Il est toujours activement recherché, notamment en Belgique, où les attaques ont été organisées selon les autorités. Les enquêteurs disposent par ailleurs d'une vidéo accréditant l'existence d'un autre assaillant dans leur commando qui circulait à bord d'une Seat noire. Il pourrait être lui aussi en fuite.

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