Un leader séparatiste de la province indonésienne de Papouasie a été libéré de prison jeudi après plus de dix ans passés derrière les barreaux pour avoir levé le drapeau de l'indépendance, symbole interdit et sévèrement réprimé dans ce pays d'Asie du Sud-Est.

Arrêté lors d'une cérémonie le 1er décembre 2004 et condamné à 15 ans de prison, Filep Karma a été accueilli par les acclamations de centaines de sympathisants après sa libération.

Sa sortie de prison avait été retardée pendant des mois, M. Karma ayant toujours refusé de reconnaître sa culpabilité conformément aux demandes des autorités. Celles-ci ont finalement accepté de lui accorder une remise de peine pour bonne conduite, selon l'ONG de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW).

«Merci Seigneur, il est en très bonne santé et a été très bien accueilli par des Papous», a déclaré à l'AFP la porte-parole de M. Karma, Ruth Ogetay, après la sortie de prison du séparatiste dans la banlieue de Jayapura, capitale de la province la plus à l'est de l'archipel.

Cette libération intervient après que le président indonésien, Joko Widodo, a promis d'améliorer les moyens d'existence dans cette région pauvre où les forces de sécurité sont souvent accusées par des ONG de commettre des exactions contre la population, au nom d'opérations visant des séparatistes.

La détention de Filep Karma, qui a toujours affirmé avoir fait usage pacifiquement de son droit à la liberté d'expression, avait été condamnée par les États-Unis, et l'ONG Amnistie internationale le considérait comme un prisonnier de conscience.

De nombreux Papous, peuple ancestral de Papouasie occidentale, réclament l'indépendance comme la Papouasie Nouvelle-Guinée, autre moitié de cette grande île qui l'a obtenue en 1975 après avoir été une colonie australienne. L'Indonésie avait pris le contrôle de la Papouasie en 1963, après le retrait du colonisateur néerlandais.

Le Mouvement de la Papouasie libre (OPM), qui mène une rébellion armée depuis le rattachement controversé de la province à l'Indonésie, accuse les autorités d'entorses graves aux droits de l'Homme contre les civils papous, et de corruption massive liée aux importantes ressources naturelles dans cette région riche en minerais.