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Les terroristes peuvent crypter tous leurs plans d'action

L'application Telegram. Photo d'illustration

Les polices et les services de renseignements, directement ou indirectement concernés par les derniers attentats de Paris, n'ont rien vu venir. Ce constat n'autorise aucun sarcasme mais justifie l'urgence d'une prise de conscience: les terroristes peuvent désormais élaborer et planifier leurs plans d'action de façon complètement cryptée. «Cela rend quasi impossible tout contrôle des services de renseignements et de police», prévient Christine Schori Liang, spécialiste du terrorisme au Centre de politique de sécurité (GCSP), fondation internationale domiciliée à Genève. Il est vrai que les possibilités de dissimulation ont décuplé ces dernières années. La plus connue d'entre elles provient d'une application de messagerie, liée à un réseau social dominant en Russie. Il s'agit de VKontakte, entré en fonction en 2013 et doté de la plate-forme Telegram.

Ses deux créateurs, les frères Nikolai et Pavel Durov, cherchaient à l'origine à échapper aux services de renseignements russes. Maintenant, ils proposent Telegram pour protéger davantage les utilisateurs, aiguillés sur des réseaux moins exposés que Facebook et Twitter. Les comptes du groupe Etat islamique (Daech) y sont régulièrement purgés.

«Aujourd'hui, ce mouvement utilise donc les applications des frères Durov. Celles-ci hébergent 9000 comptes du groupe Etat islamique. Et la plate-forme génère globalement 12 milliards d'échanges d'informations quotidiens. Celles-ci permettent de crypter des informations libellées en plusieurs langues», indique Christina Schori Liang. Près d'une quinzaine à notre connaissance.

A cela s'ajoute une sorte de grand trou noir, souvent appelé Dark Net ou Deep Web. «Ces éléments de la Toile avaient été mis en fonction en 1996 par trois scientifiques du US Naval Research Laboratory pour pouvoir opérer de façon complètement dissimulée. Ils permettent maintenant de se procurer des cartes de crédit, des armes, des stupéfiants ou de visionner des images pédophiles. Le tout sans laisser de traces. Le Deep Web est devenu l'une des pires créations de l'humanité», déplore l'experte du GCSP.

Aux flux de données circulant sur la part obscure du Net s'ajouterait l'énorme potentiel économique et financier des monnaies virtuelles. Du type bitcoin par exemple. Daech récolterait ainsi des fonds sur le Dark Net que des donateurs anonymes lui verseraient en devises virtuelles.

Le GCSP prête une grande attention aux actions armées perpétrées par ce mouvement terroriste. Cette observation constante relève de sa vocation. Cette fondation internationale a vu le jour en 1995 avec un soutien actif du Conseil fédéral. A l'époque, le gouvernement prévoyait en effet de l'utiliser comme un instrument de politique étrangère et de sécurité.

Aujourd'hui, le GCSP puise ses forces auprès de 46 Etats membres. Il conduit des travaux de recherche appliquée en matière de sécurité et offre des formations à des hauts fonctionnaires du monde entier.