Le faux passeport trouvé auprès du corps du kamikaze qui s’est fait exploser devant le Stade de France, où figure le nom Ahmad Almohammad – un nom enregistré dans des camps de réfugiés en Grèce, en Serbie et en Croatie – a peut-être été acheté facilement en Turquie pour quelque 1 500 dollars.

Aux quatre coins du pays, notamment à Istanbul ou Gaziantep, les papiers syriens – pièces d’identité, passeports, permis de conduire, ou diplômes – sont vendus dans les bureaux, les magasins et même dans la rue.

Les petites annonces s’affichent sur les réseaux sociaux avec le prix des “services” : un brevet des collèges se monnaye entre 100 et 600 dollars, les diplômes universitaires entre 600 et 1 000 dollars, en fonction du nombre de tampons utilisés. Les faux sont souvent fabriqués par d’anciens fonctionnaires d’Etat syriens du service des passeports ou celui des diplômes, qui rédigent la plupart des documents en turc. Une fois certifiés conformes par les notaires locaux qui ne se donnent pas trop de peine pour vérifier leur authenticité, les papiers peuvent être utilisés partout selon eux, sauf en Syrie bien sûr. En tout, les faussaires disposent d’une trentaine de pages sur les réseaux sociaux pour proposer leurs services.

Un “vrai” passeport pour 1 500 dollars

Dans le café Kebab House, à Taksim, j’ai entendu des faussaires expliquer à des Afghans et des Irakiens qu’ils passeraient sans problème en Europe avec un passeport syrien. “Pour 1 500 dollars, vous pouvez obtenir un vrai passeport syrien. Avant la guerre, je travaillais dans le service qui délivrait passeports et pièces d’identité. Quand je suis parti, j’ai apporté un grand nombre de passeports, des tampons, et tout le reste du matériel nécessaire à la fabrication des papiers”, se vantait le faussaire pour convaincre ses clients en leur proposant aussi des diplômes d’ingénieur, de médecin ou de juriste.

Dans le journal de petites annonces Homako, imprimé par les Syriens réfugiés en Turquie, on trouve une publicité pour le bureau Shahba qui propose de procurer passeports, pièces d’identités, diplômes universitaires et certificats de tout genre. Sans prendre la peine de se cacher.