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Une société de la Silicon Valley accusée de protéger des sites web de l'Etat islamique

La société pointe une « réaction réactionnaire » de l’Europe et assure que l’hébergement de sites internet ne signifie pas approbation de leur contenu.

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Ghost Security s’est donné pour mission de pirater les sites web faisant la propagande de l’Etat islamique

Par Jean-Philippe Louis

Publié le 19 nov. 2015 à 12:32

Le masque de Guy Fawkes au visage, la vendetta au bout des doigts. Anonymous l'a assuré après les attaques terroristes qui ont frappé Paris : il y aura des représailles. Les cyberpirates ont indiqué vouloir lancer la plus importante opération « jamais réalisée » contre l’Etat islamique.

Le groupe publie même un « tutoriel » permettant aux novices en informatique de prendre part à la cyberguerre. Dans cette bataille numérique, une entreprise de la Silicon Valley se retrouve en ligne de mire. CloudFlare, société créée en 2009, est accusée par Anonymous d’aider l’Etat Islamique à prospérer sur la toile.

Quarante sites Internet de l’organisation terroriste seraient en effet des clients du service d’optimisation sur le web.

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Bouclier numérique

CloudFlare est en quelque sorte un blindage numérique. Un ravitailleur quand un site peine dans une circulation numérique massive. Elle augmente les performances de la plate-forme abonnée. C’est aussi un filtre, une protection face aux attaques par déni de service - lorsque quelqu’un envoie d’énormes quantités d’informations sur un site pour l’acculer et le rendre indisponible. En clair, c’est une société comme il en existe tant d’autres dans la Silicon Valley. Sauf que dans la sélection de ses clients, Cloudflare userait d’une sélectivité assez complaisante.

C’est Ghost Security qui se présente comme un collectif d’hackers affilié aux Anonymous, qui a dévoilé l’information. Selon ces activistes qui cherchent à nettoyer la toile de la présence de la tâche tenace Daesh, il y aurait quarante sites protégés par CloudFlare : trente-quatre diffusent de la propagande, quatre sont des forums terroristes, les deux restants offrent des services techniques.

L’affaire passe mal quand on sait qu’Internet est le terrain de recrutement privilégié de l’Etat islamique. Interrogé par le site The Epoch Times, un porte-parole de Ghost Security indique qu’en cachant en plus l’origine des sites de propagande, ces derniers, « sont moins susceptibles d’être supprimés, non seulement par nous, mais également par notre propre gouvernement ».

Haro après les attentats

D’une entreprise respectable, vainqueur en 2009 de la Harvard Business School Business Plan et ayant levé 110 millions de dollars auprès de Google, Microsoft et Baidu, la société CloudFlare se retrouve au milieu d’une bataille numérique malgré elle, sous les feux des réseaux sociaux :

« Une fois de plus, il a été prouvé que CloudFlare fournit des services de “pro” aux sites "pro-Etat islamique". Honteux. »

« Il faut demander à l'entreprise de la Silicon Valley CloudFlare d'arrêter de protéger l'EI afin que les anonymous et le gouvernement puissent se battre ».

La « réaction réactionnaire » de Paris ?

Face aux indignations, quelques jours après les attentats de Paris, le co-fondateur et PDG de CloudFlare Matthew Prince a voulu calmer le jeu.

Interrogé par le site The Register,Prince explique qu'accueillir un site ne signifie par approuver son contenu, mais surtout que les Anonymous utilisent également son service, et ce « malgré les pressions de certains milieux pour que l’on les déconnecte  ».

Le PDG assure qu’il pourrait collaborer dans le cadre d’une enquête dans le cas où des policiers et agents fédéraux chercheraient à fermer un site, « s’ils possèdent les mandats légaux nécessaires » :

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« Même si nous hébergions effectivement des sites Internet de l’Etat islamique, ça ne viendrait pas de nous. J’imagine que ce type de personnes paient avec des cartes de crédits volées et ça, c’est très néfaste pour nous ».

Invité à répondre sur l’émotion que pouvait susciter l’information auprès des européens, Prince dit reconnaître que l’affaire puisse choquer, mais conseille à Paris de ne pas répéter les erreurs de l’Amérique, à savoir des sociétés qui capitulent trops facilement au bon vouloir des gouvernements : « Après le 11 septembre, mes amis européens ont été prompts à critiquer le Patriot Act (...) Beaucoup de gens disaient alors qu’on ne pouvait plus faire confiance aux entreprises technologiques américaines à cause de cette mesure. J’ai l’impression que désormais, l’Europe a sa propre réaction réactionnaire, et que les entreprises européennes ne seront plus dignes de confiance ».

Si certaines sociétés exercent un contrôle rigoureux de ses utilisateurs, CloudFlare dit que ce n’est pas sa philosophie. Selon Bloomberg, la société vaudrait cette année près de 1 milliard de dollars et pourrait entrer en Bourse en 2017.

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