Les extrémistes arrangent les affaires des extrémistes

Il ne faut pas se tromper - les extrémistes-nationalistes ne disposent pas d'une recette-miracle pour empêcher des attentats. Foto: Kalispera Dell / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Les supporteurs du Front National en France comme ceux de l’AfD en Allemagne peuvent dire un grand «merci !» aux terroristes du Daesh – car c’est l’extrême-droite qui profite le plus des attentats perpétués à Paris comme des attentats déjoués ailleurs. Dans une ambiance de peur, les gens rêvent de «l’homme fort» (ou bien, d’une femme forte…), comme si les extrémistes de la droite avaient une recette miracle contre le phénomène du terrorisme. Si tout le monde sait qu’ils en ont pas, cela n’empêche pas une percée dramatique des extrémistes, autant en France qu’en Allemagne. Si les attentats et tout ce qui se passe depuis le vendredi 13 novembre est gravissime, le pire est encore à venir.

Il faudrait que les élections régionales en France soient reportées pour éviter un séisme politique – le Front National, déjà le parti le plus fort en France avant les attentats, risque d’enlever non seulement les régions Nord-Picardie et PACA, mais également d’autres régions. La peur pousse les électeurs vers les extrémistes et en Allemagne, on sait de quoi on parle… et pourtant, malgré les expériences historiques que nous avons faites en Allemagne avec les national-conservateurs au cours du siècle dernier, les xénophobes de l’AfD (Alternative für Deutschland) sont crédités actuellement dans les sondages, de 10,5% des intentions de vote, ce qui fait de cette formation proche de la «Pegida», la troisième force politique, devançant autant Die Linke que les Verts. Si les terroristes du Daesh ont voulu mettre en péril la paix sociale et politique dans les pays européens, ils auront réussi leur coup.

Lundi, ils étaient presque 20000 à se rassembler à Dresde, le fief des xénophobes, national-conservateurs et néonazis allemands, pour vociférer contre «les étrangers», faisant l’amalgame entre l’islam (qualifié «d’idéologie maladive») et l’islamisme et les incidents de mardi à Hanovre ne risquent pas de calmer les esprits, au contraire. L’annulation du match Allemagne – Pays-Bas, suivi par l’évacuation du stade, suivi par la fermeture de la gare de Hanovre après la découverte d’une bombe factice qui ressemblait tellement à une vraie bombe que la police a mis des heures avant de constater que ce n’était pas une vraie bombe, les contrôles aux frontières, dans les gares, les infos arrivant de la France ainsi que les déclarations énigmatiques du ministre de l’intérieur Thomas de Maizière («Je ne peux pas vous donner toutes les informations, cela ne ferait que déstabiliser la population»…), tout cela fait que les extrémistes aient le vent en poupe.

Mais l’idée que ces extrémistes puissent pacifier la situation, rendre une certaine sérénité à la société, n’est qu’un leurre. En introduisant de nouvelles répressions contre tout étranger, dont la grande majorité sont eux-mêmes des victimes de la violence, les extrémistes xénophobes perturberont davantage un équilibre fragile entre les différentes communautés dans nos pays.

On est en droit de se demander si cela n’est pas exactement le but recherché par les terroristes – en cassant la paix sociale et politique dans nos pays, ils mettent le pied à l’étrier aux forces extrémistes qui eux, risque de polariser nos sociétés de façon à radicaliser les deux pôles. Il ne faut pas donner raison à ces terroristes, il ne faut pas céder à ce réflexe de faire appel au «sur-père» (en France, plutôt la «sur-mère»…) en espérant que ces gens apparemment déterminés puissent changer quoi que ce soit à la situation actuelle. Un vote extrémiste ne pourra qu’aggraver une situation déjà assez tendue comme ça. Le 6 et le 13 décembre, il faut espérer que les Français en soient conscients.