VIDEO. Assaut de Saint-Denis : Hasna, la radicalisation de «Chapeau de paille»

 

Hasna Ait Boulachen pourrait être la kamikaze morte à Saint-Denis. Cette femme de 26 ans, surnommée Chapeau de paille, s'était brutalement radicalisée il y a un an et portait depuis le jilbab. 
Hasna Ait Boulachen pourrait être la kamikaze morte à Saint-Denis. Cette femme de 26 ans, surnommée Chapeau de paille, s'était brutalement radicalisée il y a un an et portait depuis le jilbab.

    « Je suis très contente. J'ai un fiancé, je vais me marier, il est marocain. J'arrête mes bêtises. » C'est ce qu'Hasna Ait Boulahcen, sa voisine, avait annoncé à Hassan, il y a quelques semaines, en le croisant dans l'escalier. « J'ai rigolé, raconte le retraité. Je lui ai dit : Mais tu n'as pas la mentalité des Marocains, comment tu vas faire pour vivre avec lui ? » Hassan ne rit plus. « C'était une fille qui communiquait, ouverte au dialogue. Ce n'est pas possible qu'elle se soit fait exploser... » L'homme parle au passé d'Hasna Ait Boulahcen, cette femme de 26 ans qui pourrait être la kamikaze morte dans la déflagration d'une ceinture d'explosif dans la nuit de mardi à mercredi, lors de l'assaut de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

    A Aulnay-sous-Bois, dans la cité de la Rose-des-Vents (dite des 3 000), les habitants ont rapidement reconnu son visage sur les réseaux sociaux. Certains sont allés présenter leurs condoléances à sa mère, en larmes, dans l'appartement familial, au quatrième étage d'une barre au cÅ?ur de la cité. Puis les gens du quartier ont assisté hier après-midi à la perquisition du logement. Hasna habitait à cette adresse par intermittence. La famille avait emménagé dans le quartier alors qu'elle était encore toute petite. Les parents se sont vite séparés. Les enfants ont été placés. Hasna avait 5 ans lorsqu'elle a atterri en famille d'accueil, loin d'Aulnay.

    Elle y est revenue à l'adolescence, et c'est alors qu'elle a gagné son surnom, « Chapeau de paille », et sa réputation de « fille fofolle » et fragile, « qui fumait du shit », capable de « danser toute seule dans la rue », « en mode rappeuse ou cow-boy, avec ses santiags ». « Elle vivait à gauche, à droite. Les épreuves de la vie étaient passées par l?, explique Khemissa, grande liane de 24 ans, qui se présente comme l'une de ses plus proches amies.

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    Dès l'âge de 5 ans, Hasna avait en effet été placée en famille d'accueil, comme ses frères et sÅ?ur. Le père, un ancien de l'usine PSA, était parti dans l'est de la France, à Creutzwald (Moselle). Il avait un studio à la « cité Maroc », où elle l'a rejoint quelques années. Là-bas, on se souvient d'une « grande fille souriante », affublée « d'un chapeau de cow-boy en cuir ». « Sympa avec les petits de la cit?, raconte un jeune garçon. « Toujours fourrée avec un bonhomme », ajoute sa grand-mère. Hier soir, le quartier a aussi vu débarquer la police, venue perquisitionner le logement paternel. Il était vide. L'homme est rentré au Maroc « depuis plusieurs mois », pensent les voisins.

    A Aulnay, on se rappelle aussi de sa métamorphose. C'était il y a un an environ. « Elle a disparu pendant un bout de temps. Et après, elle portait le jilbab », raconte Khemissa. Un jour, Hassan a croisé dans l'escalier une femme portant le voile intégral. « Je ne l'ai pas reconnue. Elle m'a dit : C'est moi, tonton ! » Khemissa a la voix qui tremble : « Elle me disait : Je vais aller en Syrie, faire le jihad. Mais comme elle était un peu fofolle, je ne l'ai pas prise au sérieux. »

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