Le bar "Les Béguines", qui appartenait au kamikaze Brahim Abdeslam, le 17 novembre 2015, à Bruxelles

Le bar "Les Béguines", qui appartenait au kamikaze Brahim Abdeslam, le 17 novembre 2015, à Bruxelles.

afp.com/EMMANUEL DUNAND

"On va dire que les deux ne sont pas les personnes les plus motivées que je connaisse." Omar (prénom d'emprunt) était l'ami de Brahim et Salah Abdeslam, les deux frères impliqués dans les attentats de Paris. Le premier s'est fait exploser boulevard Voltaire, dans le 11e arrondissement. Le second, soupçonné de faire partie du "commando des terrasses", est traqué par la police. Tous résidaient dans la ville belge de Molenbeek, foyer de radicalisation islamiste.

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Dans un entretien à Ouest France, Omar dessine un portrait déroutant des deux frères, au mode de vie très éloigné des règles salafistes. Il évoque avec tendresse Salah Abdeslam, "énergique" et attachant". "Ce n'était pas la peine d'essayer de le trouver avant 15h. Il passait son temps à dormir, parce qu'il sortait tard (..) Il était toujours un peu stone. Il faisait les quatre cents coups."

"Une femme différente tous les soirs"

Son quotidien: l'alcool et les femmes. "Presque une différente tous les soirs... Des filles partout: des Belges, des Françaises, des Marocaines, des Tunisiennes. Une Anglaise une fois! Ce n'était pas une copine fixe. Un jour quand même, j'avais cru qu'il voulait se poser, avec une nana, mais en fait... pas. Il brisait des coeurs." Salah, 26 ans, avait l'habitude de se fournir "en parfum et en bâtons de siwak" pour se blanchir les dents, au bazar de la place de la mairie, à deux pas de chez lui, selon un témoignage recueilli par l'AFP.

Omar ne cache pas non plus son affection pour Brahim Abdeslam, "une crème". "Il avait fait des conneries avant, mais rien de bien méchant." L'homme tenait un bar à Molenbeek, où l'on ne vendait pas que de la bière. "Il vendait un peu de drogue, là-bas. Ça lui rapportait plus que les thés à la menthe."

Certains habitués du bar sont plus directs. "Bien sûr, le shit circulait déjà, comme dans beaucoup de bars ici, mais c'était plus discret. Avec Brahim, dès que tu entrais, il te sautait dessus pour te vendre quelque chose", témoigne Abdel.

Une technique de dissimulation?

Le bar a fait l'objet d'une fermeture administrative début novembre. "Brahim, il faisait vite fait tourner son bar. En fait, ça ne marchait pas trop", assure Omar, qui a mal interprété ce virage professionnel. "J'imaginais qu'il essayerait peut-être d'en rouvrir un autre, plutôt que de faire ce qu'il a fait."

La radicalisation des deux hommes a totalement échappé à leur entourage. Et pour cause, ils pourraient avoir utilisé la technique de la Taqiya pour masquer leurs intentions. Cette stratégie de dissimulation consiste à adopter les codes occidentaux, quitte à violer les règles de l'islam, pour se fondre dans la population avant de passer à l'acte.

"La Taqiya est une des plus grandes menaces qui pèsent sur nous: c'est le risque de ne plus arriver à repérer nos ouailles", déclarait le juge Marc Trevidic au Point en mars 2013. D'autres terroristes, comme Mohamed Merah, ont adopté cette stratégie.

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