Après les attentats, l'eau sous très haute surveillance à Paris

SPECIAL ATTENTATS. Pour détecter une éventuelle attaque du réseau d'eau de Paris par des armes chimiques, sa sécurité est renforcée. La quantité de chlore dans l'eau est notamment augmentée pour mieux détecter toute anomalie.

Paris (XIVe). Le réservoir de Montsouris est l’un des cinq sites qui alimentent Paris en eau potable. Les stockages, comme tous les autres lieux de production et de distribution de la société publique Eau de Paris, sont passés au niveau de protection état d’urgence depuis samedi.
Paris (XIVe). Le réservoir de Montsouris est l’un des cinq sites qui alimentent Paris en eau potable. Les stockages, comme tous les autres lieux de production et de distribution de la société publique Eau de Paris, sont passés au niveau de protection état d’urgence depuis samedi. (AFP/Patrick Kovarik.)

    L'eau du robinet des Parisiens serait-elle une cible potentielle en cas d'attaque chimique ou bactériologique ? En tout cas, la menace est prise très au sérieux chez Eau de Paris, la société publique qui coordonne pour la Ville de Paris la production, le stockage et la distribution d'eau potable auprès des 3 millions d'usagers de la capitale. Selon nos informations, Eau de Paris a augmenté le niveau de protection en passant d'alerte attentat à état d'urgence depuis samedi.

    Désormais, l'accès des sites de l'entreprise est limité au strict nécessaire. Seul le personnel de service est autorisé à rentrer sur les lieux et à contrôler systématiquement. « Nos huit responsables sécurité, seuls à être accrédités par le ministère de la Défense, sont en lien permanent avec la cellule terrorisme de la préfecture de police », indique-t-on chez Eau de Paris.

    Un jour de consommation d'avance en cas de problème

    Six sites d'importance vitale implantés dans la capitale (des lieux de stockage notamment) sont étroitement surveillés. Ils sont clôturés et protégés. Mais en plus, des capteurs installés tout autour signalent la moindre intrusion. « Ces capteurs sont relayés au centre de contrôle, et, en cas d'alerte, une équipe de police est envoyée immédiatement sur place », indique Célia Blauel, adjointe à la mairie de Paris et présidente d'Eau de Paris.

    Pour limiter tout risque de contamination, le réseau Eau de Paris fonctionne avec cinq lieux différents d'approvisionnement. A l'approche de la COP21, la vigilance a en plus été renforcée sur le réseau de distribution par l'addition de chlore. « L'eau est toujours un peu chlorée par souci d'hygiène, mais là, la dose injectée a été augmentée », indique Célia Blauel. Le chlore est un marqueur. Ajouté à la sortie de l'usine de production, il permettra de vérifier à la sortie du réseau de distribution qu'il n'y a pas d'anomalie. « Lorsque le niveau de chlore baisse, c'est qu'il y a contamination bactériologique », précise la présidente d'Eau de Paris. Le niveau de chlore est contrôlé tout au long du réseau. « Cela nous permet -- si besoin -- de pouvoir isoler très précisément le secteur touché sans interrompre tout le réseau », ajoute-t-elle. « Les contrôles sont faits de façon continue actuellement », précise-t-on par ailleurs à l'Hôtel de Ville.

    En cas de contamination, la procédure consisterait à isoler le secteur touché et à n'approvisionner que la liste d'abonnés prioritaires d'Eau de Paris : hôpitaux, centres de secours... « Nous produisons chaque jour un million de mètres cubes d'eau potable, et la consommation quotidienne est de 478000 m3. Nous avons donc toujours un jour de consommation d'avance », précise Célia Blauel. « Mais de toute façon, les installations parisiennes sont extrêmement sûres », assure la responsable.

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