«Que les prières soient faites en arabe, ça peut se comprendre, mais que les prêches soient en français, c’est important (…) Les prêches, c’est là où il y a le message qui est délivré, il faut que ce soit fait en français. »
Cette phrase n’a pas été prononcée par un élu des Républicains, mais bien par Julien Dray, figure du parti socialiste, invité de RTL lundi 23 novembre. Il n’est pas le seul : la demande a aussi été formulée par le parti des radicaux de gauche.
Cette idée, pourtant, n’était jusqu’à présent pas vraiment portée par la gauche : elle était surtout réclamée par Marine Le Pen, même si plusieurs figures à droite évoquent des propositions proches.
Pourquoi c’est de l’amnésie ?
La question avait déjà été tranchée : en 2011, Jean-François Copé, qui présidait alors l’UMP, avait fait des propositions similaires, en réclamant des prêches en français dans les mosquées : « On peut peut-être postuler que ces prêches devraient y être exclusivement en français. Voilà une piste », expliquait-il à France-Soir. Thierry Mariani, alors ministre des transports, estimait lui aussi que « le français [devait] être la langue des mosquées ».
Claude Guéant, alors ministre de l’intérieur, avait fini par trancher la question, en expliquant qu’il était impossible d’obliger les prêches en français dans les mosquées, dans un entretien au Monde :
« Il est constitutionnellement impossible d’interdire le prône en arabe. On n’interdit pas les messes en portugais ou l’hébreu dans les synagogues. Peu de gens parlent arabe dans les mosquées. »
La France, république laïque, estime que la religion ressort du domaine privé. L’Etat n’a donc aucunement le droit de décréter ou d’interdire une langue donnée pour un culte donné, qu’il s’agisse de l’arabe pour l’islam, du latin à la messe catholique ou du tibétain dans un culte bouddhiste. Sauf à revenir sur la loi de 1905 séparant les églises et l’Etat, il semble difficile d’imposer une langue pour un prêche.
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