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CAMEROUN

Boko Haram décime les chefs coutumiers au nord du Cameroun

Le village de Nigué, à 2 km de Fotokol, où s'est produit l'attentat-suicide. Toutes les photos ont été prises samedi 21 novembre par notre Observateur sur place.
Le village de Nigué, à 2 km de Fotokol, où s'est produit l'attentat-suicide. Toutes les photos ont été prises samedi 21 novembre par notre Observateur sur place.
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Quatre jeunes femmes kamikazes se sont fait exploser dans un village situé à côté de Fotokol, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, faisant cinq morts et dix blessés samedi. Bien que cet attentat-suicide n’ait pas été revendiqué, les soupçons se portent une nouvelle fois sur Boko Haram. D’après notre Observateur, cette attaque visait un chef coutumier, comme bien d’autres avant lui.

ATTENTION, certaines images peuvent choquer.

L'attaque s’est produite à Nigué, un petit village situé à deux kilomètres de Fotokol, aux alentours de midi. D’après le gouverneur de la région, une première femme a actionné sa charge explosive dans la maison d’un chef traditionnel, tuant cinq membres de sa famille et blessant une dizaine d’autres personnes. Quelques minutes plus tard, trois autres kamikazes se sont fait exploser à proximité, sans toutefois faire de victimes.

La liste des victimes de l'attentat-suicide, fournie par notre Observateur.

C’est la troisième attaque de ce type dans la zone en cinq mois. Le 12 juillet, deux attentats-suicides avaient été perpétrés pour la première fois à Fotokol par deux femmes, tuant au moins quatorze personnes. Le 9 novembre, trois civils avaient été tués au cours d’un autre attentat-suicide, mené là encore par deux femmes kamikazes près d'une mosquée de Fotokol.

Le groupe Boko Haram – qui porte désormais le nom d'État islamique en Afrique de l’Ouest – avait déjà attaqué la ville le 4 février dernier, faisant au moins 80 morts.

Peu après l'attentat-suicide. Photo floutée par France 24.

"Le groupe terroriste devait sûrement le soupçonner de collaborer avec l’armée"

Ali (pseudonyme) est un habitant de Fotokol, qui s’est rendu à Nigué après l’attentat.

L'attaque a été perpétrée chez Bana Kachalla Malloum, le chef traditionnel du village de Leymarie. Mais il vivait à Nigué depuis un an. Il n’était pas chez lui au moment de l’attaque, donc c’est sa famille qui a été touchée.

Il avait fui Leymarie depuis que son grand frère, l’ancien chef, avait été égorgé par des combattants de Boko Haram devant tous les habitants. Depuis cette tragédie, le village s’était vidé de ses habitants et Bana l’avait remplacé à son poste. Son grand frère avait été tué car il collaborait avec l’armée dans la lutte contre Boko Haram. Donc je pense que Bana Kachalla Malloum a été ciblé à son tour car le groupe terroriste doit sûrement le soupçonner de faire la même chose.

Ce n’est pas la première fois que des chefs de villages voisins de Fotokol sont pris pour cible. Il y a un an, celui de Fagme a également été tué et celui de Foueram a été enlevé, car ils fournissaient des informations aux autorités.

 

Une victime de l'attentat-suicide de samedi. Photo floutée par France 24.

Fotokol sécurisée, Boko haram s’attaque aux villages alentours

Je pense que cet attentat-suicide a été perpétré dans le village de Nigué, car il est de plus en plus compliqué d’attaquer Fotokol même. En effet, les mesures de sécurité ont été renforcées dans la ville ces derniers mois, ce qui a sûrement contraint Boko Haram à revoir sa stratégie.

À la suite de l’attaque de février, les militaires tchadiens et camerounais ont sécurisé Fotokol. Les premiers sont partis en octobre, mais les seconds restent très présents. Ils occupent plusieurs postes situés en ville et à la périphérie. Depuis cette date, il est également interdit de circuler à moto à l’extérieur de Fotokol, car c’est le mode de déplacement des terroristes. De même, les voitures ne peuvent circuler que de 7h à 18h à Fotokol et à l’extérieur de la ville.

Depuis l'attentat-suicide de juillet, les soldats et les membres du comité de vigilance de Fotokol effectuent des fouilles à l’entrée de la mosquée de la ville tous les vendredis, à chaque prière. Le port du voile intégral a été interdit dans la rue. Les charrettes tirées par des animaux sont également interdites, de peur qu’elles ne transportent des bagages remplis d’explosifs.

Le pire évité grâce aux comités de vigilance

Les comités de vigilance ont été créés il y a deux ans et demi environ, lorsque la menace de Boko Haram s’est fait de plus en plus sentir. Ils sont composés d’habitants et veillent à Fotokol et dans les villages voisins. Comme ils connaissent bien la population locale, contrairement aux militaires, ils leur signalent les personnes suspectes. Certains membres de ces comités sont armés de machettes et de flèches. Samedi, après la première explosion, ce sont d’ailleurs des membres du comité de Nigué qui ont repéré les trois autres kamikazes qui se dirigeaient vers Fotokol, avant qu’elles ne se fassent exploser à leur tour.

Malgré tout, les gens ont peur car il y a toujours des combattants de Boko Haram au sud et au nord-ouest de Fotokol, au Nigéria, où l’armée nationale n’est pas présente en permanence.

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