FN, la gêne sécuritaire

Les crises ont toujours un effet « encre magique ». Elles font apparaître des tempéraments que l’on ne percevait pas, des forces ou des manquements. La gauche angélique s’étant envolée (pour un temps du moins), les projecteurs se portent d’un coup sur une particularité souvent cachée du Front national. Il est beaucoup moins à l’aise qu’il ne veut le dire sur les questions de sécurité. Il se trouve être même aujourd’hui le seul parti à s’inquiéter ouvertement des conséquences de l’état d’urgence (même s’il l’a voté) en matière de libertés publiques.

Avec la multiplication des perquisitions, « la police pourra violer l’intimité, les secrets de famille, les dossiers médicaux, les lettres d’amour et saisir les économies », s’indigne Jean-Marie Le Pen. Il y a bien sûr là la réaction d’un perquisitionné pour de tout autres raisons que terroristes. Mais pas seulement. Réflexe de mouvement extrémiste qui craint d’être lui-même entravé par l’Etat, le FN défend de tout temps la liberté de parler et d’agir.

« On emmerde les honnêtes gens »

Il s’était opposé à la loi sur le renseignement et continue de le faire. Il est contre le PNR, cette fiche d’état civil du passager aérien. « Inefficace », justifie Marine Le Pen. Contre la surveillance d’Internet et l’interdiction des sites djihadistes. Avec cette justification crûment résumée par Jean-Marie Le Pen : « Faute de frapper les coupables, on emmerde les honnêtes gens ! » Marion Maréchal-Le Pen n’est pas en reste, qui s’est opposée à la mise en place de portiques dans les gares SNCF. « Infaisable », dit-elle, en reprenant les arguments de la direction de l’entreprise.

Les Républicains en campagne en déduisent que le FN « est un parti laxiste », comme dit Gérald Darmanin en Nord - Pas-de-Calais - Picardie. Ce qu’il n’est pas, assurément, mais au prix d’une surenchère sur les sujets connexes, notamment l’immigration et la surveillance des musulmans en France. Audit des postes occupés par les fichés S, mise sous tutelle de Saint-Denis, « démantèlement de l’ensemble des réseaux islamistes », fermeture des frontières… Marine Le Pen multiplie les propositions et les mots forts. Au prix également d’une incohérence dans le discours qui révèle, au fond, une propension du FN à faire passer les préoccupations partisanes avant les attentes des électeurs. Exactement ce qu’il reproche aux autres partis.